Production

Festivals d'été : Asterios compte sur les initiatives locales pour faire jouer les artistes

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Suite aux annonces de février sur les festivals d'été en configuration assise, un frémissement d’activité s’est fait sentir du côté des promoteurs et des agences de production de spectacle. Rien qui ne constitue une véritable relance pour le secteur, qui a déjà rivé le regard sur la saison prochaine, d’après Daniel Chamorro, bookeur chez Asterios (Feu ! Chatterton, Orelsan, Kery James).

Feu ! Chatterton, artistes du catalogue Asterios. - © Antoine Henault
Feu ! Chatterton, artistes du catalogue Asterios. - © Antoine Henault

Quelles dates projetez-vous de maintenir pour vos artistes cet été ?

Certains de nos artistes ont la stature, l’expérience et le style musical leur permettant de jouer en configuration assise. Un de nos groupes produit certes une musique pop/rock potentiellement dansante, mais il a aussi déjà joué dans des théâtres, des scènes nationales, ils sont donc partants pour tourner dans ces conditions - et surtout, après deux ans de travail sur un disque, ils ont envie de le présenter au public. En revanche, nos artistes rap ou électro ont déjà renoncé : leur musique s’adresse surtout à des jeunes, et elle est faite pour être vécue debout, quoiqu’on en dise. 

Chacun joue le jeu et essaye de trouver des solutions rationnelles, ce qui soude les liens entre les acteurs du secteur.

Concernant les festivals, les plus gros ont pour la plupart annulé, leur programmation et leur business model ne leur permettent pas de s’adapter. Çà et là, certains tentent le coup, comme les Francofolies de la Rochelle, qui imaginent d’investir différents lieux de la ville. D’autres encore pensent à déplacer leurs dates. Au final, ceci ne permettra pas de monter des tournées viables cet été.

Il reste principalement, comme l'été dernier, des initiatives locales, qui viennent de mairies souhaitant maintenir une animation, souvent dans des délais brefs. Plusieurs théâtres ont aussi la volonté de maintenir une programmation musicale cet été, et c’est surtout avec eux que nous travaillons.

Comment se déroulent actuellement les négociations et les ajustements entre promoteurs et bookeurs ?

La signature des contrats est majoritairement en attente jusqu'à la confirmation d’une réouverture des salles. Chacun joue le jeu et essaye de trouver des solutions rationnelles, ce qui soude les liens entre les acteurs du secteur. Pour autant, la marge de manœuvre est réduite : nous ne pouvons pas faire jouer un musicien pour cent euros par date, et les promoteurs ont aussi des contraintes économiques que nous comprenons, et qui rendent impossibles certains deals. Nous procédons au cas par cas et passons énormément de temps à imaginer des choses par téléphone. 

Les courbes d’activité s’alignent sur les annonces gouvernementales, c’est un aller-retour qui peut être éprouvant. L’anticipation nécessaire au calendrier et à l'économie du spectacle vivant nous pousse à nos projeter désormais sur l’automne prochain, tout en restant lucide sur les conditions dans lesquelles une éventuelle reprise se fera à ce moment-là. Le booking de dates à jauges pleines se fait désormais sur la saison 2022-2023, toujours sous réserves. 

Comment vos artistes se maintiennent-ils dans cette épreuve ?

il y a eu une vague de panique à l’automne dernier chez certains artistes, lors de l’arrivée de la seconde vague.

L’air de rien, ils continuent tous à travailler et des albums sortent. Pour la plupart, ils sont intermittents, ils ne connaissent donc pas de détresse économique majeure, même s’ils ne gagnent plus vraiment d’argent. Des projets qu’ils ont écrit sont parfois obligés de passer à la trappe. L’album d’un de nos artistes est sorti le 13 mars 2020, et a donc été éclipsé par le début de la crise. Moralement, c’est difficile, il y a eu une vague de panique à l’automne dernier chez certains à l’arrivée de la seconde vague.

Comment votre structure traverse-t-elle la crise en terme d'équilibre ? 

Les aides de l'État ont été au niveau. Nous avions embauché trois nouvelles bookeuses quelques mois avant le début de la crise, elle n’ont donc pas pu véritablement travailler, mais nous avons maintenu leurs contrats. En tout, depuis mars dernier, ce sont 1 200 dates qui ont été annulées pour nos artistes, avec un report pour la plupart. Nous avons pris l’habitude de travailler en nous disant que tout ce qui est dit maintenant pouvait être annulé dans un mois.