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Ruralité et culture : quelles relations avec les artistes pour les Elvis Platinés et La Moba ?

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Après un premier article sur les actions menées dans le Gard pour animer la vie culturelle d’un territoire rural, La coordinatrice générale des Elvis Platinés, Julia Da Pozzo Bonggi, et le co-gérant de La Moba, Arnold Métrot, nous expliquent comment ils collaborent avec les artistes pour agir dans ce contexte particulier.

« Nous privilégions les artistes locaux », dit-on à La Moba. - © D.R.
« Nous privilégions les artistes locaux », dit-on à La Moba. - © D.R.

Comment se déroule la collaboration avec les artistes pour les programmer en milieu rural ?

Les Elvis Platinés - Nous choisissons les artistes en fonction des thèmes que nous voulons traiter. Nous sommes très orientés sur les questions de genre, notamment l’égalité homme/femme. Nous souhaitons particulièrement sensibiliser la jeunesse sur ces questions. Nous essayons de travailler avec des artistes intéressés par ces thématiques. Les artistes avec qui nous collaborons nous font de très bon retours car ils sont fiers de participer à ce travail pédagogique. Ils aiment voir que leurs actions dépassent la scène pour revêtir une dimension éducative.

Les artistes aiment ces actions hors salles en milieu rural car elles permettent un contact direct et plus chaleureux avec le public.

Les questions de genre ne sont pas les seules thématiques que nous traitons. Dans chaque village où nous allons, nous souhaitons apporter l’éducation par l’art. Cette approche est une solution pour encourager les artistes à s’impliquer dans l’action culturelle en milieu rural.

La Moba - Nous choisissons les artistes à l‘aide de notre réseau. Grâce à nos expériences avec les structures associatives locales, nous n’avons pas de difficultés à trouver l’artiste avec le profil adapté à l’action que nous souhaitons mettre en place. Nous intégrons parfois le public dans la construction de nos événements. L’avantage est de repérer plus facilement de nouveaux artistes et des potentiels collaborateurs. Nous privilégions les artistes locaux. Ils disposent du soutien et d’un engouement naturel de la population. Leur exposition valorise la culture régionale. L’organisation logistique est également plus facile. La plupart d’entre eux nous font des retours très positifs. Ils aiment ces actions hors salles en milieu rural car elles permettent un contact direct et plus chaleureux avec le public.

Les Elvis Platinés pensent la programmation en milieu rural « comme un parcours ».  - © Arnaud Iracane
Les Elvis Platinés pensent la programmation en milieu rural « comme un parcours ». - © Arnaud Iracane

Au niveau artistique, l’action en milieu rural demande-t-elle une adaptation des spectacles ? 

La Moba - Nous laissons un maximum de liberté aux artistes. Notre rôle est de favoriser la découverte culturelle. Cependant, il faut quand même adapter la programmation aux populations locales. Le milieu rural a des spécificités démographiques avec notamment une population plus âgée. Ce sont des informations qu’il faut prendre en compte. Des genres comme le rap et les musiques électroniques attirent plus la jeunesse.

Notre méthode est de créer des ponts entre l’art et les sujets sociaux pour mieux réussir notre mission éducative.

Dans notre salle, nous pouvons ponctuellement proposer ces genres musicaux mais ce n’est pas le cas dans les villages lors des actions auprès de personnes plus âgées. Par exemple, lors de notre festival à Goudargues, le public est habitué à la chanson française. Leur proposer du rap américain serait incohérent. Même si nous souhaitons emmener le public à s’ouvrir à de nouveaux horizons, il y a un équilibre à trouver dans la programmation artistique.

Les Elvis Platinés - Il faut penser la programmation comme un parcours. La médiation joue un rôle capital en milieu rural. Certains sujets sont difficiles à aborder dans certains endroits. Notre solution est d’avoir une programmation diversifiée tant au niveau des formes artistiques proposées que du fond. C’est ce que nous avons fait lors de la dernière édition du festival Faites pas genre. Nous avons traité le sujet du sexisme qui est encore délicat dans certains villages. Nous avons organisé une table ronde, mais en parallèle nous avons proposé des arts plastiques et des temps festifs avec un DJ.  Le public vient assister à un spectacle tout en étant sensibilisé à un sujet. Notre méthode est de créer des ponts entre l’art et les sujets sociaux pour mieux réussir cette mission éducative.

« Des habitants sont surpris de voir leur village changer de décor et d’ambiance », témoigne-t-on chez les Elvis Platinés. - © Arnaud Iracane
« Des habitants sont surpris de voir leur village changer de décor et d’ambiance », témoigne-t-on chez les Elvis Platinés. - © Arnaud Iracane

Quels sont les retours des publics lors de vos actions ?

Les effectifs sont plus réduits et cela favorise l’interaction avec nos équipes et les artistes participants.

Les Elvis Platinés - Nous avons des retours très positifs. Le public nous fait souvent part de son étonnement. Des habitants sont surpris de voir leur village changer de décor et d’ambiance, notamment lorsque nous déployons des actions autour de l’art de rue. Les villages sont parfois métamorphosés en termes d’esthétique. Les habitants voient leurs communes sous un autre angle.

La Moba - Les habitants prennent beaucoup de plaisir à participer à nos actions car nous les intégrons dans la mise en place de nos événements. En milieu rural, il est beaucoup facile d’intégrer le public dans l’organisation des spectacles. Les effectifs sont plus réduits et cela favorise l’interaction avec nos équipes et les artistes participants.