Production

Le travail reprend au théâtre de l’Odéon, en attendant les spectateurs

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Autorisés depuis le 2 juin à rouvrir, les théâtres composent avec les nouvelles normes sanitaires pour reprendre leur activité, notamment le travail de production en interne. Luc Tramier, directeur technique de l’Odéon, raconte la réouverture des ateliers dans les deux espaces de l’institution publique parisienne.

L’Odéon-Théâtre de l’Europe rouvre en interne avec des effectifs réduits. - © Odéon-Théâtre de l’Europe
L’Odéon-Théâtre de l’Europe rouvre en interne avec des effectifs réduits. - © Odéon-Théâtre de l’Europe

« On était partis un peu comme des voleurs », s’amuse Luc Tramier, directeur technique de l'Odéon-Théatre de l’Europe à Paris. C’est ainsi qu’il décrit le départ forcé des équipes de plateau des deux espaces du lieu (Ateliers Berthier, Odéon), où les décors des dernières pièces programmées sont restés sur place en l’état pendant toute la durée du confinement. Depuis le 25 mai, un démontage progressif a été mis en œuvre et un agenda de reprise, fixé.

Le travail en atelier a donc déjà repris, les répétitions reprendront le 22 juin dans des conditions techniques minimales, et la saison prochaine débutera fin septembre, avec des restrictions sanitaires encore floues.

Cette réouverture partielle s’est préparée en concertation avec les syndicats. « Les métiers de plateau sont déjà concernés de près par les questions de protection et de santé, relève Luc Tramier. L’utilisation de certains outils et de certaines machines nécessitent déjà le port de cagoules ou de masque. Les nouvelles contraintes ont donc été prises au sérieux, mais la difficulté c’est qu’elles s’appliquent sur tout le temps de travail. »

Le théâtre de l’Odéon a mis en place une signalisation dans ses espaces. - © Théâtre de l’Europe Odéon
Le théâtre de l’Odéon a mis en place une signalisation dans ses espaces. - © Théâtre de l’Europe Odéon

Un Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) existait déjà, commun à plusieurs lieux. Un nouveau chapitre, d’une validité certes temporaire, a été ajouté pour adapter l’exercice des métiers de plateau aux nouvelles contraintes sanitaires. Les directeurs techniques de plusieurs lieux ont ainsi échangé entre eux et sont arrivés aux mêmes conclusions. « Nous n’utilisons plus les mêmes outils, nous les nettoyons régulièrement, et surtout nous ne sommes plus que 10 à travailler en même temps, là où nous sommes normalement 35. » 

Le ralentissement du rythme de travail qu’imposent des mesures de sécurité aussi restrictives reste soutenable dans la mesure où le calendrier des représentations et l’accueil du public sont suspendus. Néanmoins, Luc Tramier mise sur un assouplissement pour pouvoir répondre aux impératifs habituels d’un grand établissement comme l’Odéon. « On ne pourra pas rouvrir en travaillant au ralenti comme on le fait actuellement ».

Reste maintenant à voir comment les répétitions des comédiens s’adapteront à ces contraintes. « Certains ont déclaré refuser de travailler comme ça, d’autres y réfléchissent ». Le théâtre en temps de pandémie reste encore à inventer.