Production

#rentrée2020 : « Structure modeste et agile, nous avons été peu touchés » (L. Dasenka, Le Générateur)

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Comment la culture prépare-t-elle sa rentrée 2020 alors que persistent les incertitudes autour de la crise de la Covid-19 ? Culture Matin interroge différents acteurs du secteur au fil de l’été. Aujourd’hui, Lea Dasenka, chargée de la communication et du développement des publics au Générateur, lieu de création à Gentilly (Val-de-Marne).

Performance durant le festival Show Your Frasq en 2018 au Générateur. - © Bruno Levy/divergences-images
Performance durant le festival Show Your Frasq en 2018 au Générateur. - © Bruno Levy/divergences-images

Comment l’activité du Générateur a-t-elle été affectée par la crise sanitaire ?

nous avons sollicité la Fondation Antoine de Galbert pour une aide qui nous a permis de soutenir quatre artistes avec lesquels nous avions prévu de travailler.

Nous avons été contraints d’annuler huit dates, que nous essayons toutes de reporter (à l’heure actuelle, ce devrait être possible à 80 %). Les performances que nous présentons sont des créations pures, pour la plupart uniques, qui n’ont pas pour vocation première de se reproduire, ce qui fait tout l’intérêt et l’intensité de notre programmation. Côté résidence de création, nous avons là aussi revu notre copie avec cinq d’entre elles qui sont remises à plus tard. Dans ce contexte particulier, nous avons sollicité la Fondation Antoine de Galbert pour une aide qui nous a permis de soutenir quatre artistes avec lesquels nous avions prévu de travailler.

Ce temps de confinement nous a également permis de continuer plus intensément le travail autour de Performance Sources, programme de recherche qui porte sur la conservation et la valorisation des archives du Générateur. Ce fonds est essentiellement constitué de captations vidéographiques et photographiques réalisées depuis l’ouverture en 2006 jusqu’à aujourd’hui. L’objectif à long terme est la création d’un site internet où l’ensemble des documents sélectionnés sera accessible au public et aux chercheurs. Nous avons engagé quelqu’un en CDD pour ce projet. 

Notre fonctionnement ne repose pas entièrement sur la billetterie puisque nous ne sommes pas un lieu centré sur la diffusion.

De façon générale, Le Générateur a été - comme tous - fragilisé par cette crise. On est une structure associative, constituée de deux salariées, dont moi-même. Nous sommes déjà habitués à faire preuve de créativité face aux incertitudes en tout genre. Notre fonctionnement ne repose pas entièrement sur la billetterie puisque nous ne sommes pas un lieu centré sur la diffusion - nous sommes axés sur les processus de recherche et de création, les prises de risque assumées. Notre programmation repose sur plusieurs temps forts, notamment [ frasq ] rencontre de la performance (12e édition du 3 au 20 octobre 2020), des cartes blanches, des scènes ouvertes ou encore des collaborations de plus en plus nombreuses avec des festivals parisiens et franciliens. Nous sommes identifiés sur le territoire et subventionnés par la ville de Gentilly, la Région Île-de-France, la DRAC, le département du Val-de-Marne ou encore la Métropole du Grand Paris.

Nos revenus proviennent essentiellement de la location de l’espace (tournages, séminaires, colloques, événementiels) : 600 m2 modulables à souhait où il est même possible de faire entrer des véhicules. Et c’est ici que le manque à gagner se fait particulièrement ressentir. Toutefois, on garde espoir vu que nous sommes à nouveau sollicités pour des locations dès le mois de septembre, la plupart du temps pour des tournages cinématographiques. Plusieurs repérages ont déjà eu lieu et nous sommes en attente de confirmation. 

Quelle activité avez vous maintenue pendant la crise ?

Réouverture du Générateur avec « À ciel ouvert » de François Durif - © Lea Dasenka
Réouverture du Générateur avec « À ciel ouvert » de François Durif - © Lea Dasenka

Nous avons transformé un de nos formats baptisé Show your [ frasq ], show de la performance, en show virtuel via l’application Zoom. Show your [ frasq ] réunit une vingtaine de danseurs, comédiens, circassiens, plasticiens ou encore musiciens. Avec le confinement, on a décidé de reprendre ce format et de le transposer en Zoom your [ frasq ], via des performances en ligne. L’expérience a renforcé les liens entre l’équipe et les artistes ayant répondu présent ; le résultat et le niveau des propositions artistiques ont été au-delà de nos espérances. Le tout pour une audience en ligne de 45 à 100 personnes. 

Comment organisez-vous la reprise de vos activités normales ?

On a fait la réouverture au public le 26 juin dernier pour la clôture des 10 mois de résidence de l’écrivain-artiste François Durif, un chantier-performance avec concert et projections. Le protocole sanitaire a forcément été pris très au sérieux, ça a été l’objet de longues discussions en interne. Notre espace est libre et minimal, très amovible avec un accès de plain-pied, nous n’avons pas de gradins, donc techniquement nous avons pu très facilement l’adapter aux consignes en vigueur.

Une nouvelle résidence a déjà commencé pour l’été, celle de l’artiste plasticien Bernard Bousquet assisté de Gabrielle Taron-Rieussec. La 12e édition de [ frasq ], l’extravagant show de la performance, est pour le moment maintenue. On envisage plusieurs scénarios possibles dans le cas d’une nouvelle hausse de la circulation du virus. La majorité de nos propositions seront donc adaptées à l’espace extérieur.

Léa Dasenka, du Générateur. - © Elsa Gavinet
Léa Dasenka, du Générateur. - © Elsa Gavinet

Le lieu a gagné en visibilité ces deux dernières années et on espère que la crise ne lui nuira pas trop. Mais je ne m’inquiète pas franchement, l’important étant que la structure ne soit pas déficitaire, ce qui n’est pas le cas à l’heure où je vous parle.

On poursuit en parallèle de l’artistique toute cette mission de développement de la location. Notamment, les Jeux Olympiques 2024, sont un sujet à long terme : le Stade Charléty se trouve à un arrêt de tram de chez nous. On ignore encore si cet équipement sera utilisé mais, en ce cas, Le Générateur pourrait tout à fait être intégré dans la boucle comme lieu d’accueil pour des événements VIP et autres. On y travaille.