Production

« Rester fermé à la rentrée n’est pas un choix » (A. Compère, La Puce à l’Oreille, Riom)

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

À Riom (Puy-de-Dôme), la salle de concert La Puce à l’Oreille renonce à rouvrir ses portes à la rentrée dans les conditions imposées par les mesures sanitaires. Un choix à la fois artistique et économique, selon sa directrice Amélie Compère.

Concert de Ian Paice à la Puce à l’Oreille. - © D.R.
Concert de Ian Paice à la Puce à l’Oreille. - © D.R.

Comment l'équipe de la Puce à l’Oreille s’est-elle résolue à ne pas reprogrammer de concerts à la rentrée ? 

Les concerts que nous avons dû annuler à cette rentrée ne s’adaptaient pas à la configuration assise, il nous fallait du temps pour repenser une programmation appropriée.

Nous ne l’avons pas fait par choix, c’est une décision à la fois économique et artistique. Notre salle accueille 350 personnes debout, 200 en assis. Économiquement, un trimestre complet en assis n’est pas viable pour une salle qui vit principalement de sa billetterie, de son bar et de mises en location. Nous ne touchons que 20 % de subventions et cela ne suffirait pas pour amortir les pertes. 

La Puce à l’Oreille est une association, elle n’est pas propriétaire des lieux. Avec trois salariés et deux services civiques par an, nos frais fixes sont déjà élevés. Nous ne pouvons pas en engendrer davantage avec des dates à perte et des annulations en série. 

Le lieu programme habituellement 60 événements par an, plus le festival 1 Air 2 Plus, que nous avons tenté de reprogrammer dans une salle prêtée par la mairie, pour l’annuler en fin de compte. Notre programmation va du métal à la chanson française, mais ne contient que très peu d’assis en temps normal. Les concerts que nous avons dû annuler cette rentrée ne s’adaptaient pas à la configuration assise, il nous fallait du temps pour repenser une programmation appropriée. 

La Puce à l’Oreille - © D.R.
La Puce à l’Oreille - © D.R.

Quand prévoyez-vous de reprendre votre activité ?

Nous mettons actuellement sur pied des concerts qui pourraient se faire en assis, d’ici décembre. Des esthétiques comme le cabaret sont envisagées. Pour le printemps prochain, nous réfléchissons à des événements en extérieur.

D’ici là, des actions scolaires sont maintenues - par chance le lycée avec lequel nous travaillons est accessible à pied, ainsi les élèves sont autorisés à venir. Un concert de jazz aura lieu également début octobre.

Pour notre public et pour la santé mentale de notre équipe, ne pas reprendre d’ici là fin de l’année serait trop grave.

Cette inactivité ne pourra pas se prolonger au delà de décembre. D’abord, le peu de subventions dont nous disposons nous serait retiré, ce qui provoquerait la fermeture pure et simple du lieu. Le chômage partiel auquel nous avons droit devrait s’arrêter d’ici décembre. Ensuite, pour notre public et pour la santé mentale de notre équipe, ne pas reprendre d’ici là fin de l’année serait trop grave.

Rien qu’en termes de visibilité sur le territoire, cette absence de programmation est problématique : dans la région, de nombreuses salles municipales ont été rouvertes pour proposer des événements, parfois en musique, puisqu’elles sont configurées pour ne faire que des places assises. Cela brouille la lisibilité de l’offre culturelle auprès du public, et nous en exclut temporairement.