Ventes, finances

#rentrée2020 : « Le bon moment pour développer un nouveau produit ! » (M. Gonnet, Delight)

Par Thomas Corlin | Le | Billetterie, data

Comment la culture prépare-t-elle sa rentrée 2020 alors que persistent les incertitudes autour de la crise de la Covid-19 ? Culture Matin interroge différents acteurs du secteur au fil de l’été. Aujourd’hui, Marc Gonnet, cofondateur de Delight, outil de marketing digital au service du spectacle vivant, spécialisé dans la collecte de datas.

Delight recueille des données sur le public par la billetterie et le cashless. - © D.R.
Delight recueille des données sur le public par la billetterie et le cashless. - © D.R.

Comment la crise que traversent vos clients, pour la plupart producteurs dans la musique, a-t-elle affecté votre activité ?

Nous ne percevons pas de pourcentage sur la vente de billets, donc cet arrêt d’activité ne nous impactait pas directement.

Clairement, s’ils souffrent, nous souffrons avec eux, bien que mécaniquement nous ayons été relativement épargnés. Nous fonctionnons sur un modèle d’abonnement, et ces abonnements n’ont pas été suspendus à cause de la crise, puisque les clients continuaient pour la plupart à utiliser nos outils. Nous ne percevons pas de pourcentage sur la vente de billets, donc cet arrêt d’activité ne nous impactait pas directement. 

Malgré tout, notre croissance a été affectée. Jusque là, notre activité suivait une courbe ascendante, et nous avions encore gagné une vingtaine de nouveaux clients début 2020, mais cette tendance a inévitablement baissé. Nous étions également en pleine opération de refinancement, c’était donc délicat.

Pour autant, tout ne s’est pas totalement arrêté et nous avons signé quelques nouveaux clients, qui ont profité de cette période pour tester des produits comme le nôtre, ce qu’ils n’ont pas le temps de faire d’habitude. Ainsi, un cirque et des producteurs de spectacle nous ont contactés pour traiter leur historique de données, puisqu’il n’y en a actuellement aucune à collecter.

Logo Delight - © D.R.
Logo Delight - © D.R.

Il a aussi fallu accompagner nos clients, qui sont dans des situations plus délicates que jamais. Nous avons fait des réductions sur nos abonnements, proposé des mois gratuits, des options et fonctionnalités supplémentaires, et surtout adapté notre plateforme pour leur permettre d’envoyer massivement des messages d’annulation. C’est surtout la grande bienveillance de leurs réactions qui m’a étonné. 

Cette période a-t-elle malgré tout généré de nouvelles pratiques ?

Certes, ce n’est pas une fin en soi, mais quelques offres qualitatives de streaming live ont émergé. Je pense à ce live privé de Nick Cave, en piano/voix, avec une diffusion en ligne unique et payante, ou encore à cette tournée virtuelle de l’Impératrice. Certains de nos clients réfléchissent à des propositions de ce type, qui pourraient générer une billetterie. 

En ce qui concerne notre activité, nous en avons profité pour nous consacrer à la formation autour de notre produit, dont certaines fonctionnalités n’étaient pas forcément maîtrisées par nos clients. Ces sessions en ligne ont rencontré un succès retentissant, contre toute attente. C’était également le bon moment pour développer un nouveau produit, Relations, que nous révèlerons à la rentrée. 

Comment s’annonce la reprise d’activité ?

Marc Gonnet de Delight - © D.R.
Marc Gonnet de Delight - © D.R.

Nos clients sont toujours dans le flou, et passent leur temps à se projeter. Personne ne croit au redémarrage en dégradé avec des jauges partielles, c’est tout simplement impossible sur le plan économique. Il faut parier sur un retour en force du public quand tout sera réglé, avec une envie puissante, notamment des plus jeunes. Les gens ont tout de même mis de l’argent de côté pendant cette période. Enfin, il faudra voir ce que les aides pourront rattraper, mais on imagine difficilement qu’il n’y ait pas de dégâts malgré tout.