Ventes, finances

NFT : NéoArt, une plateforme pour des artistes déjà côtés sur le marché physique

Par Thomas Corlin | Le | Marketing, réseaux sociaux

Alors que les collectionneurs d’art apprivoisent encore le marché des NFT, la Galerie 208 (Paris 16e) lance NéoArt, une plateforme curatée par ses soins. S’y trouvent des artistes déjà identifiés sur le marché physique, et bientôt des galeries invitées à proposer les leurs, d’après Patricia Chicheportiche et Arthur Lemoine, fondatrice et directeur de la galerie.

Des pièces de l’artiste Catherine Ikam ont été vendues lors d’une première campagne. - © Catherine Ikam
Des pièces de l’artiste Catherine Ikam ont été vendues lors d’une première campagne. - © Catherine Ikam

Sur quelle initiative s’est lancée la plateforme NéoArt et quel est votre partenaire sur cette opération ?

Des développeurs ont fait appel à nous pour lancer une plateforme curatée par une galerie. Ils sont de Singapour et s’appellent TapZap, et la marketplace utilisée pour l’opération est OpenSea. Cela faisait deux ans que nous nous intéressions aux NFT, en remarquant qu’ils concernaient jusque-là des artistes avec une réelle créativité artistique mais qui n’avaient pas de marché physique, ce qui laissait donc tout un champ à travailler. 

Quelle a été votre approche pour cette plateforme ? 

Il nous a semblé pertinent de sourcer des artistes qui sont déjà présents sur le marché, dont des pièces ont déjà circulé dans la vente physique, dans des enchères. Certains artistes sont déjà estampillés NFT, nous avons voulu en proposer d’autres qui sont déjà reconnus en dehors de ce marché, et la plupart du temps des artistes vivants. L’objectif est de proposer, sur ce type d’espace, une véritable curation artistique. 

La baisse des cryptomonnaies est une forme de correction de ce marché, qui mûrit encore. 

Il y a un manque dans le domaine des NFT : celui d’y voir des artistes de notoriété, ce qui rassurerait les collectionneurs encore frileux, qui ne trouvent pas les œuvres qui les pousseraient à sauter le pas. Une des premières artistes que nous avons mises en vente, Catherine Ikam, a déjà été vue au Grand Palais (Paris 8e), acquise dans la Collection Pinault et nous vendons ses œuvres physiques - c’est un gage de fiabilité encore rare parmi les artistes proposés dans les ventes d’art en NFT.

À l’avenir, nous envisageons d’inviter d’autres galeries à proposer leurs propres artistes et des institutions à lancer leurs opérations via notre plateforme. Nous projetons aussi de mettre en vente des artistes sud-américains et asiatiques dans nos prochaines campagnes. Nous entendons aussi accompagner les artistes eux-mêmes à produire spécifiquement ou à authentifier leurs œuvres existantes pour ce marché. Les modes de monstration sont aussi à développer davantage, avec une curation très avancée dès la homepage. Pour l’instant, nous en sommes à la phase du soft launch et travaillons à créer de l’intérêt autour du support.

Quels sont les prix des œuvres mises en vente ? 

Les tarifs sont moins élevés en NFT qu’en galerie. Une œuvre interactive de Catherine Ikam est vendue à 24 000 € et tirée en trois exemplaires, en physique. Pour la vente en ligne, la même œuvre sera mise en vente en trois exemplaires à 5 000 €, puis son tarif évoluera selon les transactions générées en ligne, comme une œuvre physique. 

Où en sont les collectionneurs par rapport au NFT ? 

Bien sûr, il y a encore beaucoup de scepticisme, notamment sur la technologie elle-même. Notre réseau, artistes comme collectionneurs, nous pose beaucoup de questions sur la fiabilité des NFT. C’est légitime : pendant un temps, la certification était douteuse, désormais elle ne l’est plus. Les « scams » aussi ont beaucoup circulé, mais nous disposons aujourd’hui de toute la sécurité nécessaire pour travailler en confiance. 

Grâce à la blockchain, il est devenu plus facile de certifier une œuvre par NFT que manuellement. Les faux abondent dans le marché réel et le traçage des vrais est de plus en plus difficile. Authentifier un mobile de Calder est presque impossible - sa Fondation ne donne qu’un avis oral. Il en va de même pour authentifier un Keith Haring, par exemple. 

Désormais, tout le process est très encadré pour les NFT, et permet à l’artiste de garder une main sur son travail et sa circulation. Grâce à l’identification permise par la blockchain, les intermédiaires sont réduits et tout transite par un seul « wallet » pour chaque acteur de la vente : l’artiste peut toucher des droits sur une revente et les galeries touchent directement l’argent sans délai. 

Aujourd’hui, il s’agit de faire comprendre que les pièces vendues en NFT ne sont pas juste un fichier, ni un simple visuel et que le marché est sûr. La baisse des cryptomonnaies est une forme de correction de ce marché, qui mûrit encore.