Production

Labels : InFiné fête 15 ans de « musique durable » et redouble d’activité depuis la crise

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Accélération du calendrier des sorties, démarches écoresponsables, anniversaire : le label InFiné n’a jamais travaillé autant que pendant la crise et continue sur cette lancée. Pour autant, son directeur Alexandre Cazac se montre prudent quant à la reprise des activités, à quelques semaines de leurs 15 ans au CentQuatre (Paris 19e), les 13 et 14 novembre prochain.

Rone, artiste phare du label, reprend ses dates à l’international.  - © Jacques-Henri Heim
Rone, artiste phare du label, reprend ses dates à l’international. - © Jacques-Henri Heim

Comment le label InFiné sort-il de la pandémie ?

Nous remarquons un décalage dans les rythmes de reprise.

Il est encore trop tôt pour l'établir strictement, puisque d’autres effets de la crise peuvent advenir dans le sillon de la reprise. Ce qui est sûr, c’est qu’en tant que label âgé d’une quinzaine d’années, nous avons au contraire connu une multiplication de nos tâches et une accélération de notre cadence. Comme pour tout le monde, il y a eu en premier lieu une vague de panique, durant laquelle le gros de notre activité a consisté en de l’accompagnement moral de nos artistes. Tout de suite a succédé une amplification de notre volume de sorties et un développement de notre présence à l’international - notre bureau berlinois compte désormais trois personnes. Notre équipe française s’est aussi agrandie, non pas en salariés, mais en collaborateurs freelance qui sont devenus des soutiens réguliers. 

Nous remarquons un décalage dans les rythmes de reprise. D’abord, tout le monde ne sort pas dans le même état de la crise, certains de nos partenaires sont exsangues malgré les aides, économiquement ou du fait d’une perte de partenaires - nous pensons à certains tourneurs, aux médias, etc. Ensuite, la crise a été différente pour chacun : là où d’autres structures ont connu une chute de leur activité au quotidien, une structure comme la nôtre a augmenté son volume de travail et nous en sortons lessivés. Nous n’avons jamais eu recours au chômage partiel. Ainsi, d’autres arrivent pour ainsi dire tout frais et sont empressés de rattraper le temps perdu, de réactiver ce qui avait été mis en veille, alors que nous sommes à bout de force.

Quels projets vous ont porté pendant cette période ?

Notre collaboration avec le collectif La Horde au Ballet National de Marseille avait juste pris forme après un long temps de gestation. Le spectacle A Room With A View réunissant notre artiste Rone et leurs danseurs a dû être interrompu lors de sa première série de dates à Paris - au cours de ces premières représentations, le réel a même rattrapé la fiction puisque le public a dû se tenir masqué, alors même qu’une scène présente des individus également masqués après un effondrement. Nous avons maintenu le calendrier discographique lié à la production sur scène, en sortant sa bande-son qui a connu un franc succès. C'était une façon de faire vivre ce projet hors scène, avant de lui retrouver des dates - le spectacle tourne à nouveau, bien que pour l’instant Rone joue des dates en solo. Naturellement, son César de la Meilleure Musique Originale en mars dernier pour La Nuit Venue de Frédéric Farucci nous a également propulsé. 

nous nous engageons davantage dans des démarches vertueuses écologiquement, comme dans la production de vinyles recyclés.

Ces projets-là ont été médiatisés, mais d’autres qui l’ont moins été nous importent beaucoup aussi. Nous avons maintenu de nombreuses autres sorties tout au long des confinements. Par ailleurs, nous nous engageons davantage dans des démarches vertueuses écologiquement, comme dans la production de vinyles recyclés. Le light-show de la tournée à venir de Rone, signé Emmanuel Biard, est conçu de façon durable pour un transport léger et une consommation limitée d'énergie grâce à un mur rétro-éclairé. 

Comment se présente votre reprise ?

Nous fêtons nos quinze ans, dans un premier temps sur un week-end au 104 (Paris 19e). Cela nous donne l’occasion de nous retourner sur notre trajectoire et de constater que nous sommes restés fidèles à la plupart de nos artistes, et ne procédons pas à un gros turnover. Le terme de « musique durable » s’est imposé pour marquer cet anniversaire, qui illustre nos engagements et notre fidélité. Notre activité d'édition regagne en volume également.

Pour autant, les choses ne repartent pas toutes du même pied : évidemment, les artistes confirmés sont les premiers à reprendre la route et ce sans difficulté, mais pour les artistes en développement, le travail est parfois entièrement à refaire. Ensuite, au niveau international, le travail n’a pas retrouvé sa fluidité : nous visons des dates en Espagne ou en Allemagne pour notre anniversaire, mais cela demeure encore complexe à mettre sur pied.