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Livestream : comment organiser une date avec l’opérateur de billetterie DICE ?

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Poids lourd britannique du ticketing, DICE a mis sur pied une offre de concerts en ligne un mois après le début de la crise. Directrice France de la société, Alba Gautier revient sur une année d’expériences et 6 000 livestreams.

Une grosse partie des tickets de concerts en ligne sont vendus le jour de l'événement. - © Dice
Une grosse partie des tickets de concerts en ligne sont vendus le jour de l'événement. - © Dice

Comment un « ticketeur » comme DICE s’est-il mis au livestream et que propose-t-il en la matière ? 

L’impulsion est partie des pays anglo-saxons, qui ont rapidement voulu proposer des offres en ligne. Dans un premier temps, il s’agissait d’opérations caritatives en direction des artistes ou du personnel soignant. Puis, le livestream s’est professionnalisé afin de devenir une source potentielle de revenus pour les artistes, et bien sûr de continuer à travailler et de proposer quelque chose au public. 

Un concert en ligne nécessite autant de travail de préparation qu’un concert en présentiel.

Les premiers concerts en ligne étaient très simples en terme de production : lors du premier confinement, Lewis Capaldi a par exemple joué dans son salon, et ainsi connu un grand succès. Cela fait partie des tentatives qui ont intéressé le secteur au support. Puis des shows bien plus sophistiqués ont été mis sur pied, avec une vraie production, à l’image du piano-voix de Nick Cave, filmé par Robbie Ryan (directeur de photographie travaillant dans le cinéma, notamment sur le dernier film de Yorgos Lanthimos), et qui fera l’objet d’une sortie cinéma. Dans un autre style, à savoir l'électronique, le duo Bicep a joué dans la Saatchi Gallery de Londres. 

DICE a un rôle de consultant dans ces opérations. Les shows sont produits par les structures de production des artistes, et la communication, l’orientation artistique du projet, leur revient aussi. Un concert en ligne nécessite autant de travail de préparation qu’un concert en présentiel. DICE conseille sur les meilleures pratiques, met en lien, si besoin, avec un lieu investi dans le livestream pour que l’artiste s’y produise, ou avec une plateforme de player (qui sera intégrée à une page DICE). Enfin, nous mettons en place la stratégie commerciale, et bien sûr la vente de ticket. Notre rétribution passe par une commission sur la vente de tickets, comme pour un concert physique. En un an, nous avons mis en vente 6 000 livestreams.

Par ailleurs, DICE propose un service de recommandation, qui scanne les habitudes d'écoute d’un auditeur pour lui recommander des concerts. Ce service redirige désormais vers des événements en ligne (et bien sûr, toujours, vers des concerts en salles !).

La mise en vente d’un livestream diffère-t-elle de celle d’un concert physique ? 

Les temps forts ne sont pas les mêmes. N’ayant aucune limitation de jauge, contrairement à une salle, le livestream ne déclenche pas forcément un achat de place très en avance - contrairement au concert physique, qui peut être sold out assez vite selon le profil de l’artiste. Ainsi, le gros de la vente se fait parfois le jour-même du concert, ce qui peut donc justifier de faire un effort de marketing à ce moment-là.

Laura Marlin en concert livestreamé depuis l’Union Chapel à Londres, en juin 2020.  - © Joel Ryan
Laura Marlin en concert livestreamé depuis l’Union Chapel à Londres, en juin 2020. - © Joel Ryan

Quels sont les prix en vigueur et quelles sont les autres sources de revenus que permet le livestream ? 

Nous vendons des places de 5 à 250 euros, mais le prix moyen est autour de 15 euros, proche de celui d’un concert en salle. Le livestream permet aussi de vendre du merchandising ou des expériences interactives de type meet and greet. Dans certains cas, des éditions limitées de vinyles ou de tee-shirts sont mises en vente, ou des rencontres en ligne sont proposées, comme avec Toto. Nous avons d’ailleurs vu que les tickets proposant du merchandising sont ceux qui sont vendus en premier. 

Quels sont les axes de développement de l’outil sur le long terme ? 

C’est un espace de création supplémentaire pour les artistes, à l’image du vidéoclip dans les années 80. C’est aussi un canal complémentaire au concert en salle, notamment pour les spectateurs qui n’ont pas pu avoir de place sur un concert sold out, ou pour les publics éloignés. Nous remarquons une forte proportion de personnes habitant loin des salles de concert dans nos études d’audience.

Comme le vidéoclip, le livestream est un espace de création supplémentaire pour l’artiste.

Le livestream peut aussi être l’occasion d’atteindre des publics étrangers : le show de Bicep a été vu par des internautes de 71 pays, alors que Bicep n’a jamais tourné dans la plupart d’entre eux. Sur du moyen terme, les tournées intercontinentales ne seront toujours pas envisageables, les concerts en ligne peuvent alors s’y substituer d’ici là. 

Nous avons aussi enregistré un beau succès dans le domaine du stand-up avec le spectacle de Tom Villa et Maxime Gasteuil qui a vendu 6 000 tickets (dont 40 % de vente le jour-même), mais ce n’est pas surprenant : la scène de l’humour est déjà familière avec la télévision, ainsi qu’avec le numérique.