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Ruralité et culture : comment circule le studio mobile de La Maison (CDCN d’Uzès) dans le Gard

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La Maison, CDCN d’Uzès (Gard), a mis en place un studio mobile pour faire découvrir l’art de la danse aux habitants des zones rurales. Directrice de l’établissement, Liliane Schaus nous explique comment fonctionne ce dispositif.

Le montage du studio mobile.  - © Vanessa Monteil.
Le montage du studio mobile. - © Vanessa Monteil.

Quels sont les objectifs de ce studio mobile ?

Nous rencontrons les élus et les associations culturelles locales afin de coconstruire le travail d’éducation artistique qui va être réalisé. Quand le studio est installé, nous organisons plusieurs activités.

Le cahier des charges des Centres de développement chorégraphique nationaux (CDCN) impose aux établissements d’avoir un espace de résidence d’au moins 140 mètres carrés. Pendant plusieurs années, nous avons effectué un travail d’éducation artistique sur le territoire gardois en partenariat avec les acteurs locaux. Plutôt qu’un studio fixe classique, l’idée nous est venue de créer un espace qui vient directement au contact des habitants. L’objectif est de rendre la culture plus accessible et le studio mobile emmène la danse au plus près de la population. C’est un espace modulable qui s’adapte à l’environnement et aux différents endroits où il est placé, par exemple des salles polyvalentes ou des lieux patrimoniaux.

Comment se déroule le travail d’initiation à la danse auprès du public ?

Nous travaillons en partenariats avec les municipalités, c’est notamment le cas avec la commune de Pont-Saint-Esprit. Avant d’installer le studio mobile dans un village, il est nécessaire de préparer les habitants. Il faut connaitre le territoire, sa population et sa situation politique. Nous rencontrons les élus et les associations culturelles locales afin de coconstruire le travail d’éducation artistique qui va être réalisé. Quand le studio est installé, nous organisons plusieurs activités, notamment des ateliers avec les publics scolaires comme nous l’avons fait à Barjac, Bagnols-sur-Cèze ou Uzès. Nous mettons en place des partenariats avec les librairies et nous déployons divers outils pédagogiques avec par exemple la diffusion de films sur la danse et l’histoire de l’art contemporain.

Comment vos équipes et les artistes vivent-ils ces périodes de résidence ?

Le studio mobile pendant son installation… - © Vanessa Monteil.
Le studio mobile pendant son installation… - © Vanessa Monteil.

Les résidences durent un mois. Notre travail s’inscrit dans le long terme avec une véritable volonté de laisser une trace dans la vie du public. Les artistes qui intègrent le studio mobile portent des projets qui ont un sens pour le territoire. Par exemple à Pont-Saint-Esprit, nous avons collaboré avec Danya Hammoud, danseuse libanaise qui présente son corps comme un territoire fragile. Son travail a fait écho dans un village comme Pont-Saint-Esprit car la commune est en pleine reconstruction. Il y a toute une thématique autour de l’identité.

… et prêt à accueillir le public. - © La Maison CDCN.
… et prêt à accueillir le public. - © La Maison CDCN.

Le rôle de la culture est de faire réfléchir à l’évolution de notre société. La danse apporte un autre regard sur le monde. C’est un art particulier car l’engagement s’exprime par le mouvement du corps. Les artistes s’affirment aussi bien sur la forme que sur le fond. Il est important de savoir sortir des discours dominants et d’emmener le public à se forger ses propres opinions par une programmation qui valorise tous les genres et les différents courants de la danse.  Nous vivons ces temps de résidences en gardant cet objectif à l’esprit. En tant que centre de développement chorégraphique national, c’est notre mission d’emmener la population de notre territoire dans cette réflexion.

Comment les habitants réagissent-ils à l’implantation du studio mobile dans leur village ?

Le studio mobile s’est déployé durant quatre saisons avec trois déploiements par an.

La mise en place du studio mobile suscite la curiosité des habitants. Lors des ateliers, les enfants ont donné au studio le surnom de « boite magique ». Le studio mobile représente un lieu de proximité pour la population. C’est une solution pour rendre la culture plus accessible aux yeux des habitants car c’est un espace moins sacralisé qu’un musée ou moins solennel qu’un théâtre. L’installation du studio mobile crée de l’activité dans le village. Les artistes en résidence vivent sur place et ils établissent un lien avec la population. Après les spectacles, nous avons l’habitude d’organiser une conférence sous forme de débat avec le public. Lors de l’intervention de Fabrice Ramalingom, la conférence a duré plus de deux heures car le public ne voulait plus partir Ces moments permettent instants d’une grande richesse humaine. Cela donne un sens profond à notre métier.

Quel est l’avenir de ce projet ?

Jusqu’à présent, le studio mobile s’est déployé durant quatre saisons avec trois déploiements par an. Notre objectif est de nous étendre dans un plus grand nombre de villages. Nous avons pu construire des partenariats notamment avec la commune de Pont-Saint-Esprit ou avec la Maison de l’eau-Théâtre d’Allègre-les-Fumades à Barjac.  Nous allons poursuivre cette démarche. Au départ nous allions vers les communes du Gard pour promouvoir notre projet mais maintenant les municipalités nous appellent pour mettre en place des actions. Les acteurs politiques comprennent davantage les enjeux de la culture en milieu rural et la nécessité de la rendre plus accessible.