Production

Scène nationale : Points communs (Cergy-Pontoise) met l’Ondif dans un immeuble pour « Grand Ensemble »

Le | Diffusion, booking

En partenariat avec l’Orchestre national d’Île-de-France, Points communs, scène nationale de Cergy-Pontoise organisait le concert Grand Ensemble le 9 juillet dernier dans un immeuble du quartier des Louvrais à Pontoise dans le Val d’Oise. Directrice de Points communs, Fériel Bakouri nous explique comment ce projet a permit de créer un relation forte entre la scène nationale et son quartier.

La générale du concert Grand Ensemble à Pontoise. - © MARC CHESNEAU TOUS DROITS RESERVES
La générale du concert Grand Ensemble à Pontoise. - © MARC CHESNEAU TOUS DROITS RESERVES

Comment est né Grand Ensemble ?

Le projet a été créé par Pierre Sauvageot, compositeur et directeur de Lieux Public, pôle européen et centre national de création en espace public à la Cité des arts de la rue à Marseille. Le projet Grand Ensemble est un concert où les musiciens d’un orchestre jouent chez les habitants sur les balcons d’un immeuble. Le concert mêle musique classique, bruit du bâtiment et voix des résidents. C’est un projet très orignal qui répond à notre volonté de faire davantage de projets hors les murs. À l’échelle du pays, on constate que les Scènes nationales investissent rarement l’espace public.  La relation doit fonctionner dans les deux sens. Nous recevons du public dans nos locaux mais en tant que Scène nationale il est important de faire la démarche inverse et d’aller à la rencontre de la population pour créer un lien de proximité avec elle.  Avec le projet Grand Ensemble nous venons directement chez l’habitant. Notre objectif est de créer des projets d’espace public qui installent une relation forte et durable avec la population.

Pourquoi avoir choisi ce quartier et comment s’est déroulée la réalisation du projet ?

Pendant « Grand Ensemble » à Pontoise.  - © MARC CHESNEAU
Pendant « Grand Ensemble » à Pontoise. - © MARC CHESNEAU

Notre Scène nationale rassemble le Théâtre 95 à Cergy et le Théâtre des Louvrais à Pontoise. Pour le projet Grand Ensemble, il nous semblait évident d’avoir un concert qui se tienne dans un bâtiment voisin d’une de nos deux salles. Nous avons choisi un bâtiment dans le quartier des Louvrais à Pontoise car il correspondait parfaitement à nos besoins pour le concert. Nos bureaux sont basés à Cergy et nos actions ont bien sûr un impact sur l’ensemble du territoire du Val d’Oise. Toutefois, il nous semble important d’établir un lien de proximité avec la population des quartiers où nous sommes implantés. Le projet Grand Ensemble a pour vocation de créer une relation forte entre la Scène nationale et ses voisins. Nous avions commencé à tisser ce lien en travaillant  avec la maison de quartier. Au travers de Grand Ensemble, nous voulions approfondir cette relation.

Pour réaliser ce projet, nous nous sommes appuyés sur des relais comme l’école élémentaire du quartier et le bailleur du bâtiment où s’est tenu le concert. Pendant six mois nous avons mené des actions de sensibilisation auprès d’eux pour créer et développer ce lien de confiance. Notre équipe de relations publiques a fait du porte à porte dans l’immeuble. Les musiciens sont venus à la rencontre des habitants. Les liens humains ont été mis au service du travail artistique et vice versa. Nous avons également fait venir des résidents du quartier des Louvrais dans notre salle. Parmi eux, certains assistent à nos spectacles et d’autres pas. Le projet Grand Ensemble rassemble des habitants qui n’ont pas ’habitude de se rencontrer. Il y a une communion entre les voisins. Cela emmène tout le monde à se déplacer et à se découvrir. Ces actions créent aussi des relations humaines fortes avec les équipes de la Scène nationale et les habitants s’y sentent chez eux. Ils y trouvent une activité culturelle et artistique, ainsi que du lien humain.

A un balcon, des musiciens de l’Ondif pendant « Grand Ensemble » à Pontoise. - © MARC CHESNEAU
A un balcon, des musiciens de l’Ondif pendant « Grand Ensemble » à Pontoise. - © MARC CHESNEAU

Comment s’est déroulé le partenariat avec l’Orchestre national d’Île-de-France ?

Les musiciens accompagnent en musique des habitants qui ont appris à se dévoiler, à raconter leur histoire et celle de leur quartier.

Fabienne Voisin, directrice générale de l’Orchestre national d’Île-De-France, souhaitait réaliser des projets en quartier et, de notre côté, nous voulions faire Grand Ensemble. Ce partenariat s’est bien déroulé car, depuis le départ, nous partageons la même vision, celle de développer des liens de proximité entre les institutions culturelles et la population. Les musiciens se sont montrés très impliqués. Ils étaient heureux de participer à ce projet qui sort de l’ordinaire. 

Il y a eu des petits concerts pour sensibiliser et préparer les habitants à l’événement du 9 juillet. Les musiciens étaient ravis de partager leur art en petit comité, notamment auprès des enfants à l’école. Certains habitants du quartier et certains enfants ne sont pas habitués à la musique classique. Grand Ensemble est un projet social de contact humain dans lequel  il y a aussi une dimension de découverte artistique. Les musiciens accompagnent en musique des habitants qui ont appris à se dévoiler, à raconter leur histoire et celle de leur quartier. Leurs voix font partie du concert. Certains habitants disent bonjour dans leurs langues, d’autres parlent du quartier, on entend également des bruits et des conversations ayant lieu dans le bâtiment. Notre partenariat a donné lieu à des moments riches en émotions.

Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées dans la mise en place du projet ?

Organiser des actions hors les murs est un véritable défi en termes de temps et de moyens humains.

Pour une Scène nationale, passer six mois sur un projet en espace public est difficile. Nous sommes une structure pluridisciplinaire accueillant des spectacles en salle, avec une programmation dense. Organiser des actions hors les murs est un véritable défi en termes de temps et de moyens humains. Le projet Grand Ensemble montre toutefois que cela est possible. Il faut prendre le temps d’aller à la rencontre de la population. Il faut également faire confiance aux acteurs de la vie des quartiers. Le rôle d’une Scène nationale est de proposer la plus belle offre culturelle à sa population et dans cette démarche les actions hors les murs ont une grande importance.

Les témoignages recueillis permettent de montrer la richesse d’un territoire. Nous avons par exemple une habitante qui réside dans le quartier des Louvrais depuis 1972 qui nous a fait part de son ressenti sur le projet. Écouter ce genre de témoignage est un moment exceptionnel. Il y a un échange entre tout le monde : entre les habitants, entre les générations, entre les musiciens et la population, et enfin entre la Scène nationale et son quartier.