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Smac : à Quimper, le Novomax retrouve enfin son public

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Quelques mois après les dernières restrictions, le Novomax de Quimper (Finistère) retrouve enfin des taux de fréquentations courants. Entre actions solidaires et longue traine de reports, son directeur Christophe Dagorne retrace une sortie de pandémie très progressive.

Les reports de la pandémie s'étalent jusqu'à la saison prochaine. - © Ludovic Le Ven
Les reports de la pandémie s'étalent jusqu'à la saison prochaine. - © Ludovic Le Ven

Quelle est votre dynamique de fréquentation depuis la reprise de septembre dernier ?

Le redémarrage en septembre a été très timide. Aucun concert n’a fait salle comble sur tout le premier trimestre, même avec un groupe comme Zenzile qui rencontre habituellement une forte adhésion de notre public. Il est à noter que nous avions renoncé pendant la crise aux concerts assis parce que notre lieu est trop lié à une certaine idée de la convivialité. Depuis février, nous notons un frémissement plus positif. Kokomo (groupe de Nantes) et La Phaze (Angers) ont joué à guichet fermé et les réservations sont plus enthousiasmantes. 

Notre volume de concerts est plus important que d’habitude cette saison, en raison de la file de reports qui s'étale jusqu'à octobre prochain, où Frustration viendra jouer suite à une énième reprogrammation. Nous proposons normalement deux concerts par mois, contre quatre cette année. 

Les artistes internationaux ont beaucoup de relais dans l’Ouest, comment cette partie-là de la programmation se porte-t-elle depuis la pandémie ?

À Quimper, nous sommes moins sollicités par les tourneurs internationaux que dans de plus grosses villes du territoire et bien sûr que les festivals. Néanmoins, le Novomax en reçoit, mais la pandémie a suspendu pour un bon moment ces tournées-là. Les internationaux que nous avons dû annuler ne sont pas reprogrammés et nous savons que nous ne les reverrons pas dans le coin de sitôt. Les propositions de booking que nous recevons sont toutes nationales actuellement.

Sur quel équilibre économique ressortez-vous de la crise ?

Notre modèle est mixte, avec des subventions et de la location de studios de répétition, ainsi nous n’avons pas connu les difficultés de bien des lieux privés. Nous nous sommes d’ailleurs retrouvés excédentaires en 2021, ce qui nous a conduit à mettre en place un plan de relance en soutien à un collectif de musiciens qui ont participé à l’occupation du Théâtre de Quimper cette année-là. 

De nombreux internationaux déprogrammés pendant la crise ne reviendront pas chez nous de sitôt, hélas.

Nous avons recensé leurs besoins, leurs difficultés. Les reprises de création et de répétitions étaient complexes, les répertoires n’avaient pas été rodés depuis un an et demi et, surtout, l’année blanche n’avait pas été réellement prolongée jusqu'à fin 2021, en dépit des restrictions encore en cours. 

Nous avons alors tricoté un plan de relance sur mesure, concentré sur les musiciens intermittents locaux, et en particulier ceux qui sont issus du réseau des cafés-concerts et des bars, beaucoup plus fragiles que ceux déjà insérés sur le circuit des Smac ou autres. En tout, 40 000 € ont été réinjectés pour financer 2 500 heures de travail.

Les studios de répétition ont aussi connu une reprise très lente, qu’en-est-il des vôtres ?

L’accompagnement des pratiques musicales est dans l’ADN du lieu, ainsi l’activité de nos studios occupe une grande place au Novomax. En septembre, la reprise a été très molle, nous avions remarqué que de nombreux groupes avaient abandonné leurs projets au fil de la crise. Nous retrouvons tout juste maintenant un volume normal de réservations. Elles proviennent principalement de nouveaux groupes, ce qui signifie que même si la crise a eu raison de nombreux projets existants, des jeunes ont aussi trouvé du temps pendant la crise pour faire naître un désir de projet musical, qui prend forme désormais.

Pensez-vous étendre votre programmation sur l'été ?

Nous ne l’avons pas fait, même pendant la pandémie. Rares sont les salles bretonnes qui ne ferment pas leurs portes pendant l'été et profitent de « L'été culturel » du Ministère de la Culture pour prolonger leur programmation. La pointe bretonne est déjà très chargée en événements pendant l'été, avec des festivals majeurs qui rythment les deux mois et captent toute l’agitation musicale. Quant à Quimper, il s’agit d’une ville principalement touristique à cette période-là, et elle est fréquentée par un public qui n’est pas concerné par notre programmation. Nous n’accueillons qu’un festival de musiques traditionnelles qui propose ses propres plateaux sur quatre soirées en juillet.