Production

Musiques actuelles : à FGO-Barbara, le public revient après une rentrée préoccupante

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Comportement erratique du public, reprise progressive de la communication : FGO-Barbara (18e), établissement de la Ville de Paris (en-cogestion avec les Trois Baudets par la structure Madline), témoigne d’une reprise en dents de scie dans le secteur des musiques actuelles. Sa codirectrice Naïma Bourgaut dresse un bilan d'étape d’une période de travail intense pour son équipe.

Bab L’Bluz à Magic Barbès en septembre à FGO-Barbara. - © Clara De Latour
Bab L’Bluz à Magic Barbès en septembre à FGO-Barbara. - © Clara De Latour

Comment s’est déroulée la rentrée pour FGO-Barbara ? 

Il est difficile de se sentir essentiel quand le public n’a pas l’air de revenir.

Nous avons l’impression d’être passés sous un rouleau-compresseur tant la masse de travail a été soudaine et démesurée. Nous avions déjà beaucoup travaillé cet été, en organisant notamment des événements en extérieur, comme dans les arènes de Montmartre ou sur la place de l’Église Saint-Bernard. Puis se sont enchaînés à la rentrée les festivals professionnels Girafes et MaMA, puis le festival associatif Magic Barbès et la reprise de nos programmations jeune public aux Trois Baudets. Tout ceci a entraîné une série de contraintes logistiques que nous avons gérées au fil de l’eau. 

Qu’observez-vous du retour de votre public ? 

Nous avons traversé une grosse phase d’inquiétude jusqu’à la mi-octobre, avec des événements qui se sont finalement remplis sur les dernières 48 heures. Nous n’avons pas été sereins sur cette période. Il est difficile de se sentir essentiel quand le public semble ne pas revenir. En fin de compte, de nombreuses dates se sont correctement remplies, certaines ont affiché complet, et les dates les plus « niches », qui ne réunissent généralement qu’une petite jauge, ont fait les scores qu’elles auraient normalement faits. 

Il y a une déséquilibre entre la soudaine profusion de sorties culturelles après une période d’offre dégradée ou inexistante au fil des confinements, et le fait que le public n’ait pas encore repris ses habitudes normales. En parallèle, les canaux de communication ne se sont pas tous réactivés, et la lisibilité des offres est confuse. Certes, le public le plus investi, celui pour lesquels aller en concert est une habitude forte, est de retour, mais le public occasionnel, celui qui se laisse tenter, et qui est celui que nous visons pour élargir notre rayonnement, peine à revenir. Il a trouvé d’autres occupations, et savoure encore la réouverture des bars - il est difficile de lui en vouloir.

Tout ceci nous rappelle à quel point, sans un travail de proximité, il est difficile de mobiliser un large public autour d’une offre culturelle, ce qui ne fait que renforcer l’importance de nos métiers. 

Qu’en est-il désormais et quels sont vos prochains gros rendez-vous en matière de programmation ? 

La fréquentation se fait plus régulière, la billetterie travaille un peu plus normalement. Nous nous attendons cependant à une nouvelle baisse avec la fin d’année.

Les dispositifs de soutien ont bien repris, alors même que les auditions pour la promotion actuelle de Variation(s) se sont faites en visio.

Notre festival Ici Demain, consacré à l'émergence, aura enfin lieu en présentiel fin novembre, après une première édition livestreamée qui, malgré des difficultés techniques et de droit à l’image, avait quand même rassemblé 20 000 spectateurs en ligne. C’est une occasion importante pour l'émergence, qui est probablement la frange la plus difficile à relancer actuellement. 

Comment se portent vos autres activités ? 

Les dispositifs de soutien ont bien repris, alors même que les auditions pour la promotion actuelle de Variation(s) se sont faites en visio. Un nouveau dispositif a été lancé, réservé aux rappeuses. Les activités éducatives aussi ont repris, ainsi que celles destinées au jeune public. Les associations de quartier sont également revenues dans le bâtiment, même si elles ont perdu beaucoup d’adhérents avec la crise. 

Votre trésorerie sort-elle convenablement de la crise ? 

Il y a eu une baisse de subvention à Paris, elle était prévisible. La fermeture de nombreux établissements a engrangé un manque de rentrée d’argent au niveau des taxes locales, et cela s’est répercuté notamment sur le budget culture de la Ville. Bien des établissements comme le nôtre sont touchés. Nous le comprenons bien, et nos échanges sont très cordiaux avec nos interlocuteurs à la Mairie.

Cette baisse ne met pas en danger le fonctionnement de notre structure, mais plusieurs dépenses ont été suspendues. Dans les studios de répétition, le remplacement de plusieurs pièces a été reporté à une date ultérieure.