Production

Smac : pas de concerts en conditions dégradées pour la reprise chez Bonjour Minuit (Saint-Brieuc)

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Pour la Smac Bonjour Minuit (Côtes-d’Armor), une salle de concert est aussi un lieu de convivialité, et les concerts ne s’y produiront qu’avec des conditions plus favorables. Le lieu a profité de la période pour s’affirmer en tant que pôle de création, d’après son directeur François Demarche.

Le lieu devrait annoncer la programmation de sa rentrée de septembre prochain. - © D.R.
Le lieu devrait annoncer la programmation de sa rentrée de septembre prochain. - © D.R.

Comment Bonjour Minuit aborde-t-il la réouverture des salles de spectacle au public annoncée à la mi-mai ? 

Nous programmerons uniquement à partir du 9 juin lorsque la jauge assise sera remontée à 65 %. Nous avons en juin une date de Bachar Mar Khalifé et une de la création Acid Arab et Raphaëlle Macaron que nous avons produite durant le confinement. Ces deux dates sont des reports. Au delà, nous jugerons si l’expérience de concert que nous voulons proposer est compatible avec les mesures à venir. 

Les concerts prévus à la mi-mai ne sont encore mis en vente.

Nous avons aussi quelques projets d'été en plein air, mais nous sommes tributaires des décisions préfectorales pour cela. L’an dernier, il avait été complexe d’utiliser notre parking pour un événement, et il avait été exigé que l’on privatise en quelque sorte l’espace avec des cloisons. Nous l’avions fait mais ce n'était pas l’idéal car cela pouvait donner l’impression que l’on privait les habitants de l’accès à cet espace. Nous envisageons cependant de retenter l’expérience sous une autre forme, même si les démarches sont de plus en plus compliquées, et les autorisations délivrées au dernier moment. Nous pourrions mettre sur pied un mini-festival en version très légère, à la dernière minute, avec des artistes en résidence, mais nous ne travaillons pas activement dessus, tant il est devenu usant de défaire constamment des projets. 

Depuis janvier, nous ne communiquons plus sur les annulations, mais uniquement sur ce qui est maintenu. Pour l’instant, nous nous projetons surtout sur la rentrée de septembre, et pensons communiquer sur notre prochaine saison dès juin. 

Quelles formules de concert avez-vous tentées pendant les brefs moments d’ouverture au public depuis le début de la crise ? 

Le public ne reviendra au Bonjour Minuit qu’une fois les jauges levées.  - © D.R.
Le public ne reviendra au Bonjour Minuit qu’une fois les jauges levées. - © D.R.

Représenter toutes les esthétiques musicales fait partie de nos missions de Smac. Nous avons donc, autant que possible, programmé en assis par delà les styles jugés a priori compatibles avec cette configuration (chanson, folk, jazz, etc). La rappeuse Casey a donc joué un projet rap/rock en partie créé chez nous mais, effectivement, être assis et masqué ne permet pas de communiquer l'énergie nécessaire à un tel concert. Les soirées techno ont bien évidemment été annulées. 

Nous avons tenté plusieurs concerts à l’automne dernier, en respectant toutes les conditions, y compris le service assis, à table, pour le bar. Lorsqu’il a été évoqué que nous pourrions peut-être faire des concerts en décembre avec un couvre-feu et sans bar, nous y avons d’emblée renoncé. Nous partons du principe que nous sommes un lieu de rencontre, d'échange, de convivialité, et faire des concerts à 35 % de jauge assise sans bar avec un couvre-feu ne relève plus de notre métier. 

Bien sûr, il ne s’agit pas d’inciter à la consommation d’alcool, mais le bar peut faire partie du rituel des concerts, et représente également des recettes qui participent au fonctionnement du lieu. 

Comment se sont déroulées les activités que vous avez pu maintenir cette année ? 

Les artistes hésitent à répéter sans perspective de diffusion.

Il se trouve que le projet que je défends depuis mon arrivée en 2018 consiste à affirmer que Bonjour Minuit n’est pas en priorité un lieu de diffusion, mais aussi un lieu de création. La fermeture au public nous a permis de nous y consacrer davantage, et nous sommes passés en 2019 de 44 journées de travail de création (résidences, filages) à plus de 70 en 2020. Nous avons même dépassé le simple cadre du projet musical avec la création d’Acid Arab qui utilise beaucoup la vidéo et peut tourner en ciné-concert. 

En 2020, les demandes de résidence abondaient, mais nous enregistrons un creux depuis début 2021. Beaucoup d’artistes s’interrogeaient alors sur la pertinence de répéter un concert sans perspective de diffusion à moyen terme.

Nous avons organisé une tournée des crèches, et mené de nombreuses actions scolaires qui ont pris un sens particulier après les difficultés qu’a connues le secteur. D’autres actions socio-culturelles ont néanmoins dû être abandonnés, notamment en milieu carcéral et hospitalier.