Production

Médiation : une émission de télé au Lieu Commun, espace d’art toulousain (Haute-Garonne)

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

À Toulouse (Haute-Garonne), l’artist-run space Lieu Commun s’est investi dans la création d’un média et d’une émission, « Le Doigt dans l'Œil ». L’initiative s’ajoute aux autres pratiques de médiation du lieu, en parallèle d’activités maintenues malgré la fermeture au public, d’après son directeur artistique Manuel Pomar.

L’exposition « L'éternel objet de ma décroissance » en septembre 2020 au Lieu Commun. - © Damien Aspe
L’exposition « L'éternel objet de ma décroissance » en septembre 2020 au Lieu Commun. - © Damien Aspe

Qu’est-ce qui a motivé la création d’un média au Lieu Commun ? 

Dès la sortie du premier confinement, il a semblé pertinent de concevoir une émission de télévision pour mettre en valeur le lieu, ses activités et son lien avec le territoire. Le Ministère de la Culture incitait le secteur à être actif en ligne, et les arts visuels ont depuis longtemps un déficit en visibilité médiatique. Très vite, de nombreux lieux ont réagi en proposant des expositions en ligne, des diaporamas mais ça ne semblait pas suffisant. Le support audiovisuel nous est apparu comme un outil de médiation plus vivant.

Les artistes sont rémunérés comme pour une exposition collective.

Chaque émission que nous produisons présente le travail de six ou sept artistes, et se déroule en plusieurs rubriques récurrentes. Nous avons investi dans du matériel malgré une baisse de fonds, afin de la produire nous-mêmes - nous en sommes au troisième épisode. La chaîne YouTube est un support populaire, gratuit, qui répond à des objectifs d’accessibilité. Nous migrerons peut-être sur un autre canal à l’avenir, quand nous aurons plus de visibilité. 

Enfin, c’est aussi l’opportunité de rémunérer nos artistes. Chaque participation est payée entre 250 et 500 euros, comme sur une exposition collective. 

Lieu Commun propose également des formations. Comment cette activité s’est-elle maintenue ? 

Pas durant le premier confinement bien sûr, ce qui a d’ailleurs engendré un manque à gagner d’environ 20 % de notre budget, que les aides n’ont pas pu totalement combler. Nous avons pu reprendre progressivement, et nous sommes d’ailleurs en train d’accéder à un autre label en tant que centre de formation, la procédure est en cours auprès de France Compétences. 

La formation contribue à l’une des missions de Lieu Commun : la professionnalisation des artistes. Les formations sur les statuts d’artiste existant déjà, nous en proposons autour de métiers ou de techniques, qui sont elles-mêmes dispensées par des artistes. 

Vos activités de médiation se sont-elles poursuivies ?

Les actions en milieu scolaire, dans les centres sociaux ou les clubs de personnes âgées nous importent beaucoup, tout d’abord parce que nous entretenons un lien fort avec notre quartier et que c’est encore une autre façon de faire circuler les arts visuels. Nos résidences d’artistes y sont en partie consacrées, et nous avons pu continuer à intervenir dans certains secteurs, notamment scolaires. À ce titre, nous sommes soutenus par la région Occitanie pour les interventions en lycée, et par la mairie pour les interventions dans le primaire. 

L’exposition « Des Mondes Infinis » en 2019 - © Damien Aspe
L’exposition « Des Mondes Infinis » en 2019 - © Damien Aspe

Quelle ouverture au public le lieu a-t-il connu depuis un an ?

Une exposition va ouvrir le 19 mars dans nos espaces extérieurs.

Nous n’avons pas tenté d’ouverture à la sortie du premier confinement, en partant du principe que les gens préfèreraient faire des choses en extérieur. Nous avons vraiment rouvert en octobre avec une exposition qui a attiré 800 visiteurs en deux semaines, avant d'être fermée pour raisons sanitaires. C'était un bon score, sachant que nous comptons en moyenne 1 000 à 1 500 visiteurs sur un mois d’exposition.

Nous avons été tentés d’ouvrir un « magasin culturel », un espace de vente, mais cela aurait nécessité un changement de nos statuts. Nous nous sommes contentés de tenir un petit marché de Noël le temps d’une après-midi, dans un cadre confidentiel. 

Une exposition va cependant ouvrir le 19 mars dans nos espaces extérieurs. Nous avons une cour d’une centaine de mètres carrés, qui servait de quai de déchargement à la chemiserie qui occupait les lieux par le passé. Les œuvres seront accrochées derrière les baies vitrées donnant sur la cour. 

Quels sont les financements habituels du lieu et combien de personnes y travaillent ? 

La Ville de Toulouse, la région Occitanie et la DRAC nous soutiennent. Nous avons également 40 % de fonds propres provenant d’activités qui ont été pour la plupart suspendues depuis le début de la crise - par exemple, le bar et les recettes liées à une vingtaine de concerts que nous organisons chaque année. Quatre salariés font vivre la structure et onze artistes y ont leur atelier.