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Art en espace public : Dole invente un mois de programmation Covid-compatible en centre-ville

Par Thomas Corlin | Le | Plein air

Comme parade à la fermeture des lieux culturels, la ville de Dole (Jura) lance « Y’a Plus de Saison », une série d’interventions artistiques dans le respect des consignes sanitaires, jusqu’au 28 février. Après plusieurs initiatives similaires lancées par des lieux et institutions, cette opération est le fruit d’une volonté municipale, souligne Jean-Philippe Lefèvre, conseiller municipal de Dole en charge des politiques culturelles et président de la FNCC.

Un cadre « Point de Vue » sur le Canal des Tanneurs à Dole.  - © D.R.
Un cadre « Point de Vue » sur le Canal des Tanneurs à Dole. - © D.R.

Sur quelle impulsion est née l’opération « Y’a plus de saison » ? 

En novembre, la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture que je préside a participé à un séminaire à Lieux Publics à Marseille (Bouches-du-Rhône) autour de la réappropriation de l’espace public pour des projets artistiques, qui m’a beaucoup inspiré. Lors d’une réunion municipale en décembre, où étaient discuté le budget culturel de Dole, il a été décidé d’adapter les rendez-vous culturels de la ville aux protocoles sanitaires en vigueur, en dépit de la fermeture des lieux. Le Printemps des Poètes, les Bars de Nowel ou la Nuit des Copistes ne pouvaient plus se tenir dans leurs formes habituelles, nous leur avons alors imaginé d’autres formes et d’autres temporalités. 

C’est une démarche légitime : s’il ne se passe plus rien, certaines communes pourraient être tentées de réduire leurs dotations.

Je conçois la politique culturelle comme un tout cohérent, et non la simple addition d’équipements et structures locales. C’était l’occasion de le prouver, et de témoigner au passage d’une dynamique justifiant la reconduction des budgets. C’est une démarche légitime : s’il ne se passe plus rien, certaines communes pourraient être tentées de réduire leurs dotations. Il nous faut donc trouver des façons de sortir la culture de ses formes habituelles. 

Jusque là, ce type d’opération venait des institutions, des lieux. Par exemple, l’Opéra de Tours a organisé un road movie lyrique dans des communes, avec un tracteur tirant un plateau agricole sur lequel se produisait un chanteur. Cette fois-ci, cela vient d’une volonté municipale, qui pourrait inspirer d’autres villes - de nombreux adhérents de la FNCC me contactent pour m’exprimer leur intérêt.

Comme l’événement se déploie-t-il et selon quel protocole ? 

Nous avons programmé des formes théâtrales éphémères, qui apparaissent et disparaissent dans l’hyper-centre de la ville, mais se font en nombre de façon à ce que le public identifie qu’il se passe quelque chose de plus global. Elles sont courtes, n’excèdent jamais 5 minutes, et ne doivent pas attirer de foule de plus de 6 personnes. Presque tout se fera en extérieur. À l’exception des « Brigades d’Intervention Culturelle » qui se passent sur rendez-vous, rien n’est annoncé, tout se passe à l’improviste. 

Plusieurs axes ont été explorés. Le premier s’intitule « Habiller La Ville » et consiste en des installations sur le mobilier urbain : cadres « point de vue », expositions dans la rue, ou des « contremarches » représentant des dos de livre dans les escaliers du centre historique, imaginées par nos bibliothécaires. 

Viennent ensuite les « capsules culturelles », des performances intempestives conçues par des compagnies de théâtre, qui prendront place dans la ville : une diseuse de textes avec une robe la séparant d’un mètre des spectateurs, des homme-sandwichs avec un poème dans le dos, un crieur qui déclamera des textes du peintre Cueco (exposé dans un musée de la ville actuellement fermé).

Des performances courtes, mais nombreuses.

Comme d’autres villes moyennes, le centre de Dole a vu fermer plusieurs de ses boutiques, et loue ces espaces depuis 2014 pour des expositions éphémères. Cette fois-ci, deux d’entre elles accueilleront une à deux personnes dans des transats pour des séances d’écoute, en respectant un espace de 8m2 par spectateur.

Enfin, les « brigades d’intervention culturelle » sont des rendez-vous individuels à domicile, avec, par exemple, un guide-conférencier ou un chanteur lyrique. Selon le protocole sanitaire, ceux-ci ne toucheront même pas la poignée de porte des spectateurs. 

La préfecture a quant à elle été informée de l’événement. 

Quels moyens ont été mobilisés pour donner vie à cette programmation ? 

L’enveloppe culturelle habituelle a couvert l’opération et une trentaine de personnes ont été mobilisées. Notre scène nationale a embauché des compagnies, donc des intermittents, mais beaucoup de personnes travaillant sur l’événement sont des employés de la mairie, comme les guides-conférenciers, qui ont été privés de visites depuis un bon moment.

Si ce premier essai se déroule bien, nous le reconduirons, puisque désormais nous sommes prêts.