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Musée : à Mende (Lozère), la résurrection du musée du Gévaudan, fermé depuis 1995

Par Bertrand Dicale | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Après vingt-sept ans de fermeture dont trois ans de travaux, le musée du Gévaudan accueille de nouveau le public à Mende (Lozère) dans des locaux rénovés. Directrice de l’établissement, Nadia Harabasz nous présente ce projet territorial.

Le nouveau musée du Gévaudan à Mende.  - © Julian SUAU
Le nouveau musée du Gévaudan à Mende. - © Julian SUAU

Qui est à l’initiative des travaux pour la réouverture du musée du Gévaudan ?

L’espace est bien plus grand et assure trois fonctions, celles de musée, de réserve patrimoniale et de tiers-lieu.

Grâce à la volonté des élus municipaux, départementaux et régionaux, nous avons pu engager ce projet dont les travaux ont duré trois ans. Le développement et le rayonnement culturel d’une région dépendent énormément de l’engagement de ses pouvoirs publics et les élus de la ville de Mende ont toujours œuvré pour valoriser son patrimoine culturel.  

L’histoire muséale de la ville est très ancienne avec la Société des Lettres, Science et arts de la Lozère qui construit un premier musée en 1836 avant d’établir le Musée départemental Ignon-Fabre entre 1976 et 1995. Le musée du Gévaudan est la continuité de ces établissements. À l’initiative des élus de la région, c’est un projet territorial qui s’articule autour de la réhabilitation et l’extension d’un îlot au cœur de la ville, zone protégée au titre des monuments historiques avec des vestiges remontant à la Préhistoire et des parcelles datant du XVIIe siècle.

Le musée est soutenu par la ville de Mende, le département de la Lozère, la région Occitanie et l'État. Étant labellisés musée de France, nous bénéficions de financements sur certaines expositions et sur des opérations de restauration. En incluant les travaux d’architecture et de scénographie, les chantiers autour des collections, les créations multimédia et graphiques, la réhabilitation a coûté 9,5 millions d’euros hors taxes. La ville de Mende a assuré le rôle de maître d’ouvrage et l’atelier d’architecture Nebout celui de maître d’œuvre.

Après vingt-sept ans de fermeture, quels sont les changements ?

Le mythe dans le musée : « La Bête » de Lionel Sabatté. - © Lionel Sabatté
Le mythe dans le musée : « La Bête » de Lionel Sabatté. - © Lionel Sabatté

L’espace est bien plus grand et assure trois fonctions, celles de musée, de réserve patrimoniale et de tiers-lieu. Le musée départemental Ignon-Fabre, à la fois lieu d’exposition et de stockage, avait fermé ses portes en 1995. Nous disposons d’un bâtiment de 1200 m² qui se déploie sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée est un lieu de vie et de découverte du territoire. C’est un espace patrimonial partagé avec le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine ainsi qu’avec le Pays de l’Art et d’Histoire Mende & Lot en Gévaudan. Notre premier étage est consacré à l’exposition permanente sur le thème « Nature  et culture » sur une surface de 400 m². Notre deuxième étage est dédié aux expositions temporaires et aux ateliers sur 200 m². Aujourd’hui la réserve abritant 16 000 objets est dans un lieu distinct. 

Avec 16 000 objets en réserve, quels-sont les critères de sélection pour les objets exposés ?

Nous présentons 500 de nos 16 000 objets, la sélection des objets dépendant des thèmes d’exposition.

Sur notre site web, les visiteurs peuvent approvisionner la base de données autour du mythe de la bête du Gévaudan.

Nous avons choisi de développer notre exposition permanente sur deux axes : nature et culture. Dans la première partie, notre objectif est de montrer la diversité du territoire du Gévaudan et de la Lozère. Nous avons donc déployé des œuvres dans quatre salles à thème : terre, eau, végétal et animal. Les œuvres sont mixées. Elles datent de toutes les époques - vestiges archéologiques, objets de beaux-arts ou objets traditionnels. 

Dans notre deuxième partie sur la culture, notre objectif est de mettre en valeur l’histoire de notre région. Nous avons donc opté pour une présentation chronologique de nos objets répartis dans huit salles, de la préhistoire à l’époque moderne. C’est notamment dans ce parcours que nous présentons le mythe du XVIIIe siècle autour de la Bête du Gévaudan.

Les nouvelles salles du musée. - © Julian Suau
Les nouvelles salles du musée. - © Julian Suau

Comment s’organise votre médiation ?

Nous avons une équipe de six personnes : une pour la régie des collections, une est dédiée aux publics et à la communication et trois postes polyvalents pour assurer l’accueil et la médiation auprès des visiteurs. J’interviens également pour effectuer des visites guidées.

Nous sommes tous à temps plein. Notre vision de la médiation est celle d’une offre diversifiée et décloisonnée. Notre patrimoine est riche et nous voulons montrer cette diversité dans la façon dont nous pensons nos parcours.

Réfléchir à l’expérience visiteur en 2022 c’est forcément penser à l’intégration du numérique et de la technologie. Notre vision est qu’aucune salle ne doit reposer entièrement sur des outils digitaux. Le numérique doit être pensé comme un complément de visite, passif avec par exemple une projection ou actif avec des dispositifs multimédias participatifs. Par exemple, sur notre site web, nous donnons aux visiteurs l’occasion d’approvisionner la base de données avec des informations autour du mythe de la bête du Gévaudan.

Notre formule semble plaire au public car nous bénéficions d’une excellente fréquentation. Nous sommes ouverts du mercredi au dimanche, de 14 heures à 18 heures en basse saison et de 10 heures à 18 heures en haute saison. Jusqu’à présent en semaine, nous recevons au minimum 350 visiteurs par jour et 500 le week-end. Lors de la semaine de l’inauguration, 2800 personnes ont visité nos locaux dont un peu plus de 1000 le mardi 18 octobre. Nos projections tablent sur 17 000 à 20 000 visites annuelles.