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Patrimoine : la Maison Zola a rouvert, couplée au Musée Dreyfus

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Fermée au public depuis près de 10 ans, la Maison Zola à Médan (Yvelines) a rouvert fin 2021, agrémentée d’une annexe consacrée à l’Affaire Dreyfus. Ce lieu patrimonial vise à faire résonner ce cas historique dans le débat contemporain auprès d’un large public, d’après son commissaire scientifique, Philippe Oriol.

Une « V2 » du Musée Dreyfus est déjà en route. - © D.R.
Une « V2 » du Musée Dreyfus est déjà en route. - © D.R.

Comment vivait la Maison de Zola avant ses dix ans de fermeture ? 

Elle a été visitable pendant près de 27 ans, grâce au bénévolat de l’arrière-petite-fille d'Émile Zola. Seule la maison était ouverte au public, pas le Pavillon Charpentier qui abrite désormais le Musée Dreyfus. C’est d’abord François Mitterrand qui a sollicité Pierre Bergé pour rénover la maison, puis Jacques Chirac qui a souhaité la coupler à un Musée Dreyfus. La Fondation Yves Saint Laurent a donc longtemps été le mécène de ce lieu. 

Ce sont des questions de sécurité, d’accessibilité, de mise aux normes, puis la pandémie, qui ont étalé sa fermeture sur dix ans. Une restitution dans le détail de la maison telle qu’elle était quand l'écrivain y vivait , du mobilier aux revêtements, a nécessité la mobilisation de plusieurs antiquaires, sous la supervision de Björn Dahlström du Musée National de Monaco. Une inauguration a eu lieu sous François Hollande en 2016, mais la Maison n’a rouvert que fin 2021.

Que propose-t-elle maintenant qu’elle est jointe au Musée Dreyfus ? 

Les deux espaces sont distincts mais sont désormais tous les deux ouverts au public. La Maison contenait un temps un petit espace sur l’Affaire Dreyfus, mais celui-ci est désormais fermé. Elle est désormais visitable dans les mêmes conditions que celles de la vie de l'écrivain. 

Le public scolaire est très attendu - l’Affaire est au programme du CM2 à la Terminale.

Le Musée Dreyfus se trouve dans le pavillon qu’il avait fait construire pour recevoir des amis - et qui fut, après sa mort, un lazaret puis un centre de formation pour brancardiers. Il s’agit du premier musée entièrement consacré à ce cas historique, mis à part quelques éléments au Musée de Bretagne (Ille-et-Vilaine). Il retrace tous les détails de l’histoire sur un parcours permanent comprenant plusieurs supports, dont certains sont en cours de fabrication. La première version du musée comporte plusieurs présentoirs pédagogiques, une scénographie, un gramophone stylisé, du son et de l’image animée. Je travaille actuellement sur un audio-guide, et des cartels multimédia à reconnaissance faciale sont en cours de fabrication, sous la supervision de mon fils qui est lui-même développeur et travaillera en direct pour le lieu.

Le Musée sera aussi un centre de réflexion autour de l’Affaire Dreyfus, puisqu’elle est au centre de mille thématiques qui agitent toujours la société. Rencontres, débats et projections viendront animer le lieu, notamment une discussion avec cinq des seize historiens ayant contribué au récent Tract Gallimard Zemmour contre l’Histoire, ou une autre avec quatre historiens qui reviendront sur J’accuse de Roman Polanski.

Comment le lieu rencontre-t-il son public depuis son ouverture ? 

Il y avait une attente, manifestement. Près de 5 000 personnes l’ont visité depuis son inauguration par le Président de la République le 28 octobre dernier. Il s’agit de visites familiales ou de passionnés d’histoire, et nous attendons bien sûr les scolaires, qui sont encore contraints par la situation sanitaire. Le Musée Dreyfus s’adresse particulièrement à ce segment-là, puisque l’Affaire est au programme du CM2 à la terminale. 

Comment sont assurées les visites ? 

Comme d’autres lieux, nous sous-traitons les visites à un prestataire, parce que nous ne pouvons soutenir la masse salariale d’un guide attitré. C’est Cultival qui assure les visites avec les éléments que nous leur avons fournis. L’entreprise récupère le gros des recettes de ces visites. 

Sur quels fonds fonctionne le site et quels sont ses labels ?

Divers ministères l’ont soutenu, ainsi que la DILCRAH, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et quelques mécènes privés. Nous faisons partie des Musées de France, des Maisons des Illustres et apparaissons sur la route des Maisons d'Écrivains.