Production

Plein air : une nouvelle saison sans relâche pour la scène extérieure du Théâtre national de Nice

Par Thomas Corlin | Le | Plein air

Pandémie, travaux majeurs dans le bâtiment : la metteuse en scène Muriel Mayette-Holtz a pris la tête du Théâtre National de Nice dans des conditions périlleuses à la  fin 2019. Parmi ses initiatives face à la crise, la scène extérieure qu’elle a fait construire l’an dernier sur la Coulée Verte de la ville a été plébiscitée par le public et reprendra du service cet été.

La troupe du TNN jouant « Bande-Annonce Goldoni » au Kiosque du TNN. - © Léa Saboun
La troupe du TNN jouant « Bande-Annonce Goldoni » au Kiosque du TNN. - © Léa Saboun

Sur quelle impulsion avez-vous fait monter la scène extérieure du Kiosque du TNN et quel bilan tirez-vous de son activité ? 

La crise de la Covid-19 est survenue peu de temps après ma prise de poste à la tête du théâtre et nous avons dû réagir très vite. Le TNN disposait déjà d’un Kiosque non loin de son bâtiment principal, sur la promenade suspendue de la ville. J’ai fait recalculer les budgets dont nous disposions en production, demandé de l’aide au Ministère, à la Ville, et imaginé une programmation adaptée sur une scène éphémère attenante à ce kiosque. 

C’est une scène modeste, de 10 mètres sur 6, avec une capacité de 300-400 spectateurs. L’an dernier nous avions simplement disposé des chaises, mais nous ferons installer des gradins cet été. Les « contes d’apéros » que nous avons proposés l’an dernier ont tout de suite été identifiés par le public, le bouche-à-oreille a été très efficace. Au final, nous avons comptabilisé 11 000 spectateurs. 

Même pour une jauge à 10 personnes en intérieur, nous ouvrirons.

Les pièces sont sans décor, adaptées au cadre, pour être déployées le plus simplement possible. Nous recentrons sur des productions du théâtre lui-même, ou des compagnies locales. Il faut certes composer avec le bruit de la circulation parfois, mais nous nous y habituons. L’expérience a été bénéfique : jouer du théâtre ne nous a jamais semblé aussi naturel, et un public bien plus divers est venu vers nous. 

La reconduction de l’expérience est apparue comme une évidence, et nous jouerons dès juillet tous les soirs à 19h, sans relâche. Certaines représentations en août auront également lieu dans le parc du Château de Nice, qui peut accueillir 500 à 600 personnes. 

J’ai malgré tout prévu une programmation dans les deux salles du théâtre sur juin et juillet, dans l’espoir d’une réouverture partielle d’ici là, dont je ne sais toujours si elle pourra être maintenue. Si on peut jouer, je le fais, même si nous ne pouvons accueillir que 10 personnes. Ces spectacles-là ne sont pas exportables en extérieur, nous devrions les annuler si nous ne pouvions pas ouvrir les salles intérieures. Dans le cas contraire, il y aurait donc trois programmations simultanées du TNN sur le seul mois de juillet.

Hormis l’activité du kiosque, quelles activités le TNN a-t-il pu maintenir au fil de cette année de fermeture ? 

Le Kiosque du TNN.  - © Lea Saboun
Le Kiosque du TNN. - © Lea Saboun

J’ai établi pour le théâtre une troupe fixe de six comédiens, parfois complétée par d’autres selon les distributions. Cela nous permet de monter des spectacles maison dont l’un, une mise en scène de Marivaux, a été acheté par la Métropole pour tourner dans les communes locales. 

Je ne suis pas très portée sur la vidéo, mais nous avons néanmoins tenté beaucoup de choses de ce côté-là. Notre chaine Youtube regroupe les « Zooms sur », portraits des grands personnages du répertoire, et nous avons également tourné des pastilles - « Pastilles pour la voix » - transposant des chansons célèbres en prose, ou encore inventé des personnages que nous avons situés dans la ville de Nice. 

En présentiel, nous avons pu maintenir plusieurs projets jeune public. Au fil de l’automne, une programmation gratuite (« Rendez-vous du jardin ») a été proposée en extérieur, les week-ends. 700 élèves ont participé également aux « Lettres à mon père » avec l’auteur et journaliste Eric Fottorino, dont certaines seront lues sur la scène du kiosque. 

Comment abordez-vous la rentrée de septembre ? 

Le Maire de Nice Christian Estrosi a fixé au 15 septembre la réouverture de la vie culturelle dans la ville. Je me suis basée sur cette date pour lancer ma prochaine saison de spectacles, sachant que celle que j’avais conçue pour cette année n’a pratiquement pas pu être dévoilée. 

Le théâtre entre dans une gigantesque phase de travaux qui verra sa destruction puis sa reconstruction. Durant cette phase, le TNN reste en centre ville et sera déplacé vers l'Église des Franciscains, et nous bénéficierons également d’un deuxième plateau, de plus grande capacité, qui reste à ce jour à confirmer parmi plusieurs possibilités. Nous devrons en tout cas quitter le bâtiment du TNN d’ici janvier 2022.