Production

Plein air : des portraits de lumière en ville ou en montagne par l’artiste Philippe Echaroux

Par Thomas Corlin | Le | Plein air

Dans sept villages du massif des Écrins (Isère et Hautes-Alpes), Philippe Echaroux projette ses portraits lumineux sur des bâtiments ou dans des environnements naturels jusqu’au 30 septembre 2022. L’artiste revendique une technique économe et une production locale.

Philippe Echauoux a exposé jusqu’en Amazonie.  - © Philippe Echaroux
Philippe Echauoux a exposé jusqu’en Amazonie. - © Philippe Echaroux

En quoi consistent vos projections de portraits ? 

Je suis à la base street artist, mais travaille principalement avec la lumière depuis 2013. Je réalise des portraits de locaux sur les territoires qui m’invitent à intervenir, et les projette ensuite sur différents sites choisis en amont, selon la façon dont ils reçoivent la lumière. Les projections se font le soir, naturellement, et sont éteintes chaque nuit en même temps que l'éclairage public - ou parfois un peu avant, pour des raisons d'économie d'énergie. Une exposition peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, comme dans le cas du projet dans les Écrins, qui s'étale jusqu'à fin septembre. 

Quelle production nécessitent-elles ? 

C’est en fin de compte assez léger. J’interviens sur place une première fois, pour prendre les portraits, après casting de la structure d’accueil auquel je demande un large panel d'âge, de sexes et d’horizons. Dans le cas des villages des Écrins, j’ai réalisé les portraits lors d’un premier passage, pendant une semaine. J’ai en même temps été mis en contact avec le prestataire qui réalisera l’installation finale.

Enfin, je choisis les environnements et surfaces sur lesquelles seront projetés les portraits. Souvent, il s’agit d’entrées ou de sorties de villages, parfois de murs ou d’arbres. Cela se fait en bonne intelligence avec les mairies et le prestataire qui exécutera techniquement le projet. Je m’entretiens si possible avec des connaisseurs du territoire - dans le cas des Écrins, un historien local m’a raconté le vécu d’un bâtiment en particulier. J’essaie de faire intervenir du hasard dans le processus artistique, tout en gardant en tête que le lieu choisi est aussi important que l’image que nous y projetons. Au total, dans les Écrins, le projet s’est réalisé en deux semaines. 

Qui sont généralement vos clients ? 

Cela peut être des mairies, des institutions privées, des musées. Dans le cas des Écrins, c’est l’Office de Développement des Hautes Alpes qui m’a invité. 

Comment est sélectionné le prestataire technique qui collaborera avec vous ? 

Le lieu choisi est aussi important que l’image que nous y projetons.

Je demande à être mis en lien avec un prestataire local, l’installation technique est généralement facile à réaliser pour des structures d'événementiel, par exemple. Dans le cas d’un projet au Mans, la Ville a fourni ses propres techniciens. Dans les Écrins, c’est un prestataire des Orres qui est à la réalisation technique. Si aucun collaborateur n’est disponible, je peux proposer des collaborateurs réguliers, mais l’idée est de travailler localement tant que possible. 

Quelle est la technologie mobilisée par cette installation ? 

Le projecteur est le plus rudimentaire possible. Il ne s’agit pas d’un vidéo-projecteur, mais tout simplement d’un projecteur dit de « gobos », à LED. À l’image d’un diaporama modernisé, il s’allume et s'éteint très simplement, sans nécessiter de maintenance particulière. L’image est fixe, et elle peut être changée d’un soir à l’autre. Aucun logiciel n’est à activer, j’ai choisi cette technique pour sa simplicité et son économie d'énergie. 

C’est aussi une logique artistique qui a mené a cette simplicité. Venant du street art, je pense ces portraits comme des graffitis de lumières, il s’agit donc d’images fixes, et non en mouvement. Je ne cherche pas à recouvrir une surface, à l’image de ce que peut faire le mapping.

Quel est le coût moyen de ces installations ? 

La plupart de mes projets s'élèvent environ à 40 000 €, selon le tarif des prestataires, dont je ne suis pas responsable. C’est l’entrée de gamme - d’autres projets peuvent être plus lourds techniquement et dans leur déploiement. 

Vos projets se déployant en extérieur, avez-vous pu travailler correctement pendant la pandémie ? 

Effectivement, la pandémie m’a moins affecté que d’autres artistes. Je rentrais d’un projet en Inde quand la pandémie a commencé et, après une courte interruption, j’ai pu reprendre de nombreux projets, dont des projections sur les parois du Quai Branly (Paris 7e) en octobre 2020.