Publics

Droits culturels : à Villeurbanne, le Rize fait émerger le patrimoine de la ville

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Depuis 2008, le Rize conduit des projets culturels ou d'études autour du patrimoine humain et urbain de Villeurbanne (Rhône). Le lieu vit par delà les labels et au plus près de ses habitants, d’après son directeur Vincent Veschambre.

La « Ballade du Chaaba » organisée par le Rize.  - © Le Rize
La « Ballade du Chaaba » organisée par le Rize. - © Le Rize

Sur quelle initiative est né le Rize ? 

Dès 2001, l’ancien maire Jean-Paul Bret avait identifié qu’il y avait une place pour un musée où se croiseraient les voix, les mémoires, les cultures, à la fois populaires, immigrées et ouvrières, qui font Villeurbanne. Il s’agit d’une ancienne banlieue lyonnaise de 150 000 habitants, qui fait désormais partie de la centralité métropolitaine, tout en gardant son autonomie - sociale, culturelle, politique. Elle est également capitale française de la culture en 2022. Son histoire ne doit pas se perdre, le Rize a donc été pensé comme un outil pour l'écrire, en y associant toujours ses habitants. 

Aujourd’hui, le projet du Rize fait sens alors que la tendance est à l’hybridation des lieux culturels, qui se veulent davantage multiples et pensés avant tout pour leur action territoriale, comme on en voit naître un peu partout. Un lieu vivant, culturel dans le sens large, en lien avec les habitants, axé sur leurs droits culturels, qui ne soit ni tout à fait un musée ou une salle de spectacle, avec un pôle de recherche en son sein, c’est comme ça que les équipements viennent à se construire aujourd’hui. 

Quels sont ses moyens, son label ? 

C’est un équipement 100 % municipal, tenu par un personnel également municipal, et quelques compléments de moyens selon les projets. Nous n’avons pas de label, n'étant pas vraiment dans les grilles du Ministère de la Culture. Nous ne nous positionnons pas comme un musée de ville, ou un service d’archives classique. Le label « ville d’art et d’histoire » a été envisagé un temps cependant, et nous sommes affiliés à une fédération professionnelle, celle des Écomusées et Musées de Sociétés. 

Au total, une trentaine de permanents titulaires y travaillent, plus une quinzaine de jeunes stagiaires en été. 

Quel type de bâtiment occupe le Rize et de quels outils dispose-t-il ? 

Notre collection est sur notre territoire, pas dans une exposition permanente. 

Le Rize loge dans un bâtiment patrimonial qui hébergeait jadis les archives du Crédit Lyonnais. Il comprend une salle d’exposition, une des trois médiathèques de la ville, une salle de spectacle de 150 personnes et 2,5 km de linéaires d’archives. Le parvis est végétalisé pour s’adapter au changement climatique, et les huisseries ont été changées pour être plus fraîches en été. 

Quel est son axe de programmation ? 

Nous travaillons chaque année autour d’un fil rouge, qui donne lieu à des études universitaires et à un ensemble de propositions à l’adresse du public. Tout au long de l’année sont proposés des ateliers, balades urbaines, rencontres, ainsi que quelques spectacles gratuits. Ces propositions engagent les artistes sur un temps long, à l’inverse d’un simple passage sur le territoire. Nous axons donc nos appels à projet sur la qualité relationnelle des projets artistiques et des compagnies qui les portent. 

Nous avons pu travailler sur l’enfance et la ville, ou les instruments voyageurs. Ce dernier thème a été déployé dans le contexte complexe de la pandémie, mais nous avons néanmoins pu collaborer et nous faire prêter des instruments. Nous proposons aussi nos services à des associations, centres sociaux et groupes d’habitants. 

Toutes ces propositions, tous ces axes, visent à révéler le patrimoine au contact des habitants eux-mêmes. Notre collection est sur notre territoire, pas dans une exposition permanente. 

Le Rize dispose d’un pôle recherche, comment s’articule-t-il au sein de ses activités ? 

Il ne s’agissait pas de doter la ville d’un simple service d’archives sous-équipé et poussiéreux où se répèteraient des lieux communs, mais bel et bien d’un endroit pour penser et écrire son histoire socio-culturelle. Nous accueillons donc des chercheurs en résidence, ainsi que des doctorants et des étudiants en stage long. Ils tiennent un blog autour de leurs recherches, qui suivent les axes que nous nous sommes fixés chaque année (accès au logement, géographie sociale, immigration, diasporas, etc), et animent des rencontres rythmées par des jeux, des ateliers, des images actuelles ou d’archives, des créations audiovisuelles, etc.