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Surtitrage : Panthea s’adapte au livestream et accompagne la création à l’international

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Opérateur de billetterie et de surtitrage à l’adresse du théâtre, l’entreprise franco-allemande Panthea s’est concentrée sur cette deuxième activité depuis le début de la crise. L’engouement pour le livestream l’a poussée à développer ses outils pour ce support, d’anticiper sur la diffusion de la création post-crise selon son co-fondateur Carl de Poncins.

Le dispositif de surtitrage Panthea avec lunettes, au Festival d’Avignon 2019. - © Ian Wallman
Le dispositif de surtitrage Panthea avec lunettes, au Festival d’Avignon 2019. - © Ian Wallman

Quel a été le cœur de votre activité depuis mars dernier ?

Nous avons développé de nouveaux services en numérique pour des spectacles adaptés ou entièrement créés pour le virtuel.

Nous sommes une équipe de neuf personnes à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), connectée à 11 autres à Berlin, mais en France nous gérons également une plateforme de billetterie à l’adresse du public étranger, Theater In Paris, qui est presque dormante depuis le début de la pandémie. 

Le surtitrage et les solutions pour sourds et malentendants représentent 40 % de notre activité à la normale. Désormais, nous y sommes entièrement consacrés et avons profité de la période pour développer de nouveaux dispositifs et les adapter aux outils les plus sollicités du moment. 

Ces services sont tournés vers le théâtre subventionné le plus souvent, beaucoup de projets dans ce champ ont été maintenus en digital, et nous y participons. Ainsi, nous avons développé de nouveaux services en numérique pour des spectacles adaptés ou entièrement créés pour le virtuel, notamment pour l'Opéra de Lille en octobre, le Théâtre National de Bretagne ou des festivals allemands.

Par exemple, la pièce Splendid’s (Jean Genet adapté par Arthur Nauziciel) au TNB a été recréée pour Zoom, avec des comédiens confinés chez eux aux États-Unis, une mise en scène spécifique à la diffusion en ligne et un sous-titrage en français « topé » par une opératrice du théâtre. Nous avons eu un rôle d’intégrateur sur ce projet : la traduction était pré-existante, et nous l’avons intégrée au flux vidéo Zoom en sous-titre. Le spectacle a attiré de nombreuses connexions. 

Un autre projet s’est tenu dans le cadre du festival Fast Forward à Dresde en Allemagne. Il s’agissait de _jeanne_dark_ de Marion Siéfert, qui se jouait artistiquement des contraintes de l’outil Instagram. La performance a eu lieu depuis le domicile de la comédienne en France, la diffusion en Instagram Live à Dresde par le théâtre, et le « topage » des sous-titres, en allemand et en anglais, à Berlin par un de nos opérateurs. 

Nous contribuons aussi à la plateforme Expériences du Festival d’Avignon, pour des contenus en direct ou en rediffusion, et des conférences ou conversations en échange avec les États Unis. 

Le sous-titrage du spectacle vivant et l’adaptation aux sourds et malentendants représentent-ils un enjeu particulier en cette période et à l’avenir ? 

Nous avons déjà collaboré avec le Théâtre Édouard VII et le Festival d’Avignon sur des lunettes de surtitrage

Cette période pose beaucoup de questions au secteur. Parmi celles-ci, celle du digital, qui pourrait mener à une combinaison des représentations en physique et en ligne à l’avenir, voire déboucher sur de nouvelles formes. Lors du premier confinement, la Schaubühne de Berlin a recueilli 37 500 spectateurs lors de sa diffusion en ligne du Hamlet de Thomas Ostermeier, ce qui donne à réfléchir. 

Une autre question est celle de la personnalisation des services des lieux de diffusion du spectacle vivant. Nous avons déjà collaboré avec le Théâtre Édouard VII et le Festival d’Avignon sur des lunettes de surtitrage à la fois pour le public étranger et, de façon plus poussée, pour les sourds et malentendants. Le dispositif a rencontré un vif intérêt, et nous savons que d’autres théâtres en Europe s’équipent aussi de tablettes ou autres écrans. 

Les lunettes de surtitrage conçues par Panthéa. - © Panthea
Les lunettes de surtitrage conçues par Panthéa. - © Panthea

 

Nos dispositifs rendent les spectacles accessibles aux programmateurs et journalistes internationaux.

Il en va à la fois du développement des publics à l’international, mais aussi de la circulation d’un spectacle hors des frontières. Nos dispositifs rendent les spectacles accessibles aux programmateurs et journalistes internationaux, ce qui peut être décisif, notamment dans les circonstances actuelles. Pour le In et le Off d’Avignon en 2021, nous travaillons déjà sur l’intégration de sous-titres dès la création des pièces. Un théâtre comme celui du Train Bleu entend faire un focus sur l’international pour cette édition, à la fois pour diffuser des spectacles français à l’étranger et présenter des créations internationales en France.

Quels sont les tarifs de base de vos prestations ?

Pour 100 euros, le client peut utiliser le logiciel via une licence délivrée pour chaque production. Ensuite viennent traduction et découpage des sur-titres, effectués par des collaborateurs maison, spécialisés dans le théâtre : elle coûte entre 1 000 et 5 000 euros selon la longueur du texte.

Enfin, le « topage », à savoir l’intégration en direct des surtitres au fil de la pièce, nécessite un opérateur, le plus souvent de chez nous, que l’on facture au tarif d’un cachet de base généralement. Il peut être fait par quelqu’un d’autre, moyennant une préparation. 

« _jeanne_dark_ » de Marion Siéfert au Fast Forward Festival en 2020 © Margaux Vendassi & Panthea - © D.R.
« _jeanne_dark_ » de Marion Siéfert au Fast Forward Festival en 2020 © Margaux Vendassi & Panthea - © D.R.