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Visites virtuelles : le studio Notoryou mise sur des usages à long terme

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Comme d’autres prestataires de ce champ, le studio de création en réalité virtuelle Notoryou a vu son activité transformée par la fermeture des lieux d’exposition. Malgré une chute de l’intérêt du grand public depuis la réouverture, le support devrait trouver son rôle auprès des publics éloignés et du marché de l’art en ligne, d’après Fabien Moreira d’Almeida, co-fondateur de la structure.

Les visites virtuelles du Mémorial de la Shoah (Paris 4e) ont trouvé leur public. - © D.R.
Les visites virtuelles du Mémorial de la Shoah (Paris 4e) ont trouvé leur public. - © D.R.

Quel a été le comportement des institutions muséales et du public par rapport aux visites virtuelles au fil de la crise ? 

L’intérêt des musées et des lieux d’exposition pour nos supports a été progressif. Dans une première phase, il ne s’agissait que de prises de contact, de demandes de renseignements pour envisager de s’aventurer sur ces nouveaux formats, que beaucoup n’avaient que peu expérimentés. Le deuxième confinement a poussé tous ces acteurs à passer à l’acte, et les mentalités ont rapidement évolué autour de ces compléments d’expérience dont les atouts se sont révélés cruciaux dans la période, et potentiellement sur le long terme. 

Une visite virtuelle, ce n’est plus un assemblage de trois photos à 360°

Le public les a plébiscités comme palliatif, en l’absence de visites physiques dans les lieux. Désormais, il y a un désir, prévisible, de sortir des écrans. Cependant, cette séquence a été l’occasion de montrer au grand public que le support a évolué en qualité : une visite virtuelle, ce n’est plus un assemblage de trois photos à 360°, mais une véritable expérience interactive. Par ailleurs, des lieux importants comme le Mucem (Bouches-du-Rhône) ou le Mémorial de la Shoah (Paris 4e) ont su attirer leur public en événementialisant pertinemment ces contenus - les visiteurs répondent présent quand le travail est fait. 

Quel est l’avenir proche de ces supports ? 

En plus de l'événementialisation déjà évoquée, il faut les humaniser. Ces visites peuvent être des événements froids et il doivent être dynamisés. Les lieux ont engagé une réflexion sur la médiation à proposer en ligne. Avec le Club Innovation et Culture (CLIC France), une expérience a été menée au Mucem lors d’une visite sur Twitch, animée avec un guide du lieu tout le long d’une séquence de 45 minutes. 

Les tentatives de monétisation se multiplient pour habituer dès maintenant le public

Concernant les usages à long terme, ces contenus trouvent leur raison d'être auprès des publics scolaires étrangers ou du milieu carcéral. Nous avons par exemple conçu une visite à faire via des casques de VR pour la prison pour femmes de Versailles (Yvelines). Nous avons aussi modélisé le Mont Saint-Michel (Manche) pour que des classes du Liban ou des États-Unis y fassent une chasse au trésor. Enfin, le marché de la vente d’art en ligne se développe beaucoup, et nécessite davantage de scénographie, d’habillage. Nous avons par exemple conçu des environnements virtuels entiers pour la galerie d’art virtuelle Monart. 

La monétisation de ces contenus est-elle viable ? 

Pas encore. L’idée qu’ils peuvent représenter des revenus annexes fait son chemin, notamment chez les guides-conférenciers. Les tentatives de monétisation se multiplient cependant, pour habituer dès maintenant le public au support en tant que proposition à part entière, et non comme simple bonus en marge de l’exposition physique. 

Quelle est votre fourchette de prix ? 

Nos supports et le travail qu’ils nécessitent varient beaucoup en fonction de la taille des lieux et de la nature du projet. Nous travaillons parfois sur des contenus existants, dans d’autres cas nous devons tout créer. Nous appliquons aussi des tarifs spécifiques pour les petites galeries. Pour 300 ou 400 m2 d’exposition, nos tarifs démarrent autour de 2 500 ou 3 000 euros.