Ventes, finances

Billetterie : cet été, Weezevent a retrouvé son chiffre d’affaires d’avant la crise

Par Thomas Corlin | Le | Billetterie, data

Si son activité de fournisseur en solutions cashless est toujours en berne, Weezevent a pratiquement retrouvé son activité et ses performances économiques de 2019 côté billetterie, depuis cet été. Ce retour aux affaires enthousiasme son fondateur Pierre-Henri Deballon, alors que le secteur n’est pas encore remis de la crise.

Le Hellfest de Clisson (Loire-Atlantique) est déjà sold-out pour 2022. - © News Tank
Le Hellfest de Clisson (Loire-Atlantique) est déjà sold-out pour 2022. - © News Tank

Selon vos chiffres, quelles sont les tendances qui se dessinent sur cette reprise, dans le secteur du spectacle et de l'événementiel ?

Il faut d’abord recadrer notre champ d’action : nous travaillons peu avec des salles, nous suivons rarement des tournées de grands artistes et nous sommes plutôt portés sur les festivals, les grands événements ou les lieux éphémères lorsque nous travaillons avec le domaine musical - nous avons aussi de nombreux clients dans le sport, ou parmi les salons professionnels. Ainsi, nous n’avons qu’une vision parcellaire de la reprise en spectacle vivant, sur cet été comme sur la saison qui commence. 

Notre chiffre d’affaire est le même, malgré une baisse de 20 % sur le nombre d'événements.

En partant de là, nous pouvons affirmer avoir traité sur notre plateforme 80 % du nombre d'événements enregistrés en 2019 à la même période - où nous étions par ailleurs en pleine croissance. Ce qui est plus surprenant, c’est que nous avons pratiquement retrouvé notre chiffre d’affaires de l'époque, malgré 20 % d'événements en moins. Nous ne sommes pas parvenus à l’expliquer, mais nous avons quelques indices : les paniers sont plus élevés, les organisateurs ayant un peu augmenté leurs tarifs pour rattraper les pertes de la crise et les jauges sont peut-être plus hautes qu’avant, dans l’idée aussi de faire plus de chiffre. Ce n’est pas une tendance propre à la musique, mais à tous nos clients. 

Nous observons aussi que la reprise est plus lente en province. Moins d'événements y sont programmés, ce que nous mettons, par intuition, sur le compte d’une vaccination plus tardive dans certaines régions. Pour autant, un peu partout, la reprise se fait par la force d'événements à taille réduite, ne nécessitant pas une production trop lourde et s’adressant à une clientèle locale. 

De nombreux gros festivals ont tenté des formules adaptées, d’autres ont déjà annoncé leurs dates pour l’an prochain. Comme le public répond-il à ces offres ?

À quelques exceptions près, il semble que les formules « réduites » tentées par des poids lourds habitués à des événements volumineux n’ont pas rencontré le succès escompté, et ne seront pas reconduites. Elles ont néanmoins été satisfaisantes en termes organisationnels, et ont rendu à des équipes découragées une énergie positive, ce qui était vital. Côté public, il en ressort que, même lorsque la marque est forte, c’est surtout le format de l'événement qui importe. 

La plupart des festivals qui ont annoncé leurs événements pour 2022 ont presque tous rallongé leur durée (un dimanche en plus, un week-end supplémentaire, etc), mais n’ont pas encore ouvert leur billetterie. Il y a bien sûr un cas exceptionnel, le Hellfest, qui s'étale cette fois-ci sur deux week-ends, tous les deux sold out peu après leur mise en vente. 

Comment vous projetez-vous sur la saison à venir ? 

Le pass sanitaire ne visant pas à être pérenne, nous gardons nos solutions techniques le concernant dans les cartons.

Nous craignons que tout ceci ne retombe, qu’il y ait un appel d’air. 2022 sera très intense, il y aura une surenchère d'événements pour tenter de rattraper la frustration et les pertes de la pandémie, mais il y aura aussi une rechute. Le public n’est pas extensible, et un seul spectateur ne se rend pas à une multitude de festivals sur la même saison. 

Au niveau de notre structure, nous retrouvons aujourd’hui notre indépendance totale puisque Veepee (l’ancien Vente-Privée) est sorti de notre capital. En marge de cela, nous fêtons déjà six mois de fusion avec notre partenaire belge PlayPass. 

Les événements n’ayant pas repris en masse, qu’en est-il de votre activité de cashless et de prestataire technique ?

Côté cashless, nous en sommes toujours à 20 % de notre activité pré-crise, ce qui était prévisible. Côté technologie, nous avons testés de nouveaux produits, notamment au festival espagnol Cruilla à Barcelone. Il y a été expérimenté un système de cashless sans borne, entièrement opéré par application mobile, qui fonctionne quasiment comme un click & collect appliqué au bar, avec des points de retrait, et fait gagner du temps d’attente au public, mais aussi des recettes aux organisateurs. 

Enfin, nous travaillons sur une solution permettant de contrôler avec le même terminal ticket et pass sanitaire, pour faire économiser du temps et du personnel aux organisateurs de festivals. Cependant, d’après nos informations, le gouvernement réfléchit déjà à une sortie du pass sanitaire à plus ou moins court terme. Nous gardons cette technologie dans nos cartons, mais ce n’est pas notre priorité puisque le dispositif ne vise pas à être pérenne.