Ventes, finances

NFT : de l’authentification au métavers, Arteïa amène l’art sur le marché virtuel

Par Thomas Corlin | Le | Billetterie, data

Street-art, peinture, « collectibles » historiques :  Arteïa, concepteur de solutions digitales basé en Belgique, s’attelle à appliquer la technologie de la blockchain au marché de l’art. Malgré un marché encore neuf (mais en plein essor), ses avantages en liquidité sont déjà reconnus, d’après Philippe Gellman, cofondateur de l’entreprise.

La canne de Napoléon Ier à Sainte-Hélène fait partie des lots vendus par Arteïa. - © D.R.
La canne de Napoléon Ier à Sainte-Hélène fait partie des lots vendus par Arteïa. - © D.R.

Comment le NFT se met-il au service des artistes chez Arteïa ? 

C’est d’abord la vente d’œuvres sous ce format qui prend forme aujourd’hui, même si nous en sommes toujours à l’état de « preuve du concept ». Le street-artiste Benjamin Spark a mis en vente trois œuvres à 10 exemplaires chacune, dont une grande partie ont déjà été acquise. Le prix de vente, de 750 €, est le même que celui d’une pièce physique en galerie. 

Une œuvre authentifiée par une puce NFC Arteïa, sécurisée sur la blockchain, a fait son entrée au Musée du Louvre.

Nous proposons également l’authentification du catalogue raisonné d’un artiste. C’est la peintre Hélène Delprat qui s’y prête actuellement. Cela permettra à l’avenir d’authentifier une œuvre sans avoir à passer par un expert. Cette signature numérique pourra permettre par exemple d’authentifier une pièce avec son téléphone portable. Ces « puces » NFC sont à coller à même l’œuvre, via un système anti-arrachement, relié à un « double » digital. 

Également, une œuvre authentifiée par une puce NFC Arteïa, sécurisée sur la blockchain, a fait son entrée au Musée du Louvre. Elle est signée par l’artiste Stephan Breuer qui a fait appel à Arteïa pour la faire certifier digitalement. 

Nous procédons à nos ventes par la plateforme Open Sea, actuellement leader mondial dans le domaine. 

Comment ceci s’est-il appliqué aux ventes d’objets napoléoniens ? 

Les collectionneurs de ce champ-là (arts classiques, traditionnels, pièces « collectibles », etc) se demandent comment aborder cette technologie. Nous avons donc lancé avec Imperial Art, galerie spécialisée dans l’art de la période de l’Empire, une vente d’objets de famille de Napoléon, la première en NFC pour ce type de pièces. Nous avons créé un NFT par lot, pour cinq objets. Ces lots ont donc aussi été authentifiés par une puce NFC, collée sur chaque objet.

Quel est l’attrait du NFT pour ces marchés ? 

Les maisons de vente sont difficiles d’accès, prélèvent 30 % de frais, et ne versent la somme que cinq ou six mois après la vente. Par ailleurs, les lots ne se vendent qu’une fois sur deux. Le marché du NFT permet une liquidité inédite quant à lui, qui a été tout de suite identifiée par les collectionneurs. 

Grâce à ce système d’identification permettant un acte de propriété, il est possible d’imaginer un modèle où l’œuvre physique reste en zone franche ou en « storage » en galerie ou ailleurs, ce qui épargne les coûts de transport. L’œuvre peut être vendue sans nécessairement bouger. 

C’est aussi un marché en forte expansion, même s’il est pratiquement vierge. En 2020, il ne pesait qu’à peine plus d’un milliard de dollars, pour en atteindre 40 en 2021. 

Quels sont les autres domaines d’application de cette technologie ? 

Nous travaillons actuellement à des applications dans le métavers. Une fois que l’œuvre physique a obtenu son certificat d’authenticité, il sera possible d’y relier un avatar 3D qui pourra être exploité dans différents métavers. Cela pourrait par exemple être appliqué à cette canne ayant appartenu à Napoléon, que nous avons vendue lors de notre dernière vente : lui lier un avatar et l’exposer sous différents formats dans le métavers serait alors une possibilité. 

Quels sont les avantages pour un artiste ? 

Un droit de suite peut être intégré au smart contract qu’il a conclu lors de la mise en vente en NFT de son œuvre. Ce droit de suite est un pourcentage sur la plus-value réalisée par un collectionneur lors d’une revente. Il est normalement inclus dans le droit français, mais rarement respecté, et l’artiste n’est que rarement rétribué sur ces reventes. Le NFT automatise ce droit de suite, en permettant une traçabilité infaillible. 

Déjà un musée du NFT aux États-Unis ?

Le Seattle NFT Museum (Washington), dédié aux œuvres acquises et certifiées grâce à la technologie NFT, a ouvert ses portes en janvier 2022. Fondé par les entrepreneurs Jennifer Wong et Peter Hamilton, le musée entend « offrir aux artistes, aux créateurs, aux détenteurs de propriété intellectuelle et aux collectionneurs, un moyen d’exposer leurs NFT dans un cadre physique ». L’établissement proposera des expositions éducatives, des pièces majeures et sera également destiné à accueillir des événements. Le prix de l’entrée est fixé à 15 $.