Start-up : Iiconi lance des objets interactifs autour d’albums cultes et de nouveautés
Par Thomas Corlin | Le | Merchandising
L’album connecté pourra-t-il relancer l’engouement pour les supports physiques de musique enregistrée ? C’est le pari d'Iiconi, startup qui édite des albums anciens ou contemporains sous forme d’objet décoratif donnant accès à des contenus autour de l’œuvre. L’un des instigateurs du projet, Aymeric Beguin, explique tout sur ce produit.
Comment se présente l’édition Iiconi d’un album ?
C’est un objet connecté qui a les dimensions d’une pochette d’album vinyle et une épaisseur de 14 millimètres. Il peut être soit accroché au mur, soit posé sur un pied aimanté. Sur sa surface est imprimée, selon une technique dite de sublimation, la pochette de l’album auquel l’Iiconi est dédié. Ces cadres sont connectés grâce à une technologie de digital docker et un protocole de connectivité de puce NFC. Leur déverrouillage s’effectue en approchant sa tablette ou son téléphone, à l’aide d’un mot de passe et d’une adresse mail. C’est d’ailleurs à ce moment-là que les droits sur l’œuvre sont payés, selon un système de « pay-per-unit ».
Il existe une demande pour les supports physiques.
Sur une plateforme dédiée dont nous sommes propriétaires, des contenus exclusifs sont consultables pour poursuivre sa découverte de l’univers et de l’histoire de l’album, lui-même disponible dans des fichiers haute qualité, et accompagnés de toutes les prises alternatives disponibles. Parmi les contenus proposés se trouvent des vidéos achetées à l’INA, des analyses conçues spécifiquement par des spécialiste de l’artiste, des éléments de contexte et des photos achetées à des agences et donc introuvables sur internet. Par exemple, pour Histoire de Melody Nelson, nous proposons 1h30 de podcast autour du disque. Nous prévoyons, pour un futur Iiconi consacré à la carrière entière de Maria Callas, d’acheter des extraits de livres qui lui sont consacrés.
Dans le cadre d’albums historiques, nous négocions les droits et éditorialisons nous-mêmes les contenus - Luc Roger et moi-même avons travaillé dans diverses maisons de disques. Dans le cas d’albums contemporains, nous travaillons avec l’équipe de l’artiste, comme ce fut le cas pour le dernier Benjamin Biolay.
De quel constat êtes-vous partis pour lancer un produit de ce type ?
Aujourd’hui, la consommation de musique se fait majoritairement via les plateformes de type Deezer ou Spotify. Ces plateformes diffusent de la musique et le font très bien, mais, même si elles éditorialisent de plus en plus, elles ne proposent pas de contenus annexes autour de cette musique et, bien sûr, aucun support physique. Par ailleurs, ces applications ne constituent jamais de « cadeaux » à offrir à quelqu’un, ce sont davantage des utilitaires dont nous équipons un téléphone lorsque l’on vient de l’acheter.
Or il existe une demande pour le support physique de la part d’un certain public aujourd’hui. Le fameux « retour du vinyle » indique que certains souhaitent se procurer un objet avec la musique, et que celui-ci soit de qualité, visuellement intéressant. Il est apparu que 53 % des vinyles achetés ne sortent pas de leur cellophane, la pochette est donc un objet désirable pour certains mélomanes. Il ne serait pas pertinent de proposer de nouveau une K7 ou un CD.
Quel a été la réponse du public par rapport à ce produit depuis son lancement ?
La pandémie a provoqué des retards de livraison et empêché une véritable distribution en magasin. C’est le type de produit qu’il faut découvrir sur place, qui peut faire l’objet d’un achat « coup de cœur », pour un cadeau par exemple. Pour autant, l’album a pu rencontrer en partie son public, et nous comptabilisons 40 000 streams sur notre plateforme. Le prix du produit a été fixé à 60 euros.
Des sept éditions que nous avons déjà mises en vente, les quatre qui ont rencontré le plus grand succès sont, dans l’ordre, celles de Chromatic de Lady Gaga, d'Histoire de Melody Nelson de Serge Gainsbourg, de Grand Prix de Benjamin Biolay, et de Fantaisie Militaire d’Alain Bashung.
Quel développement visez-vous pour le projet ?
Nous souhaitons élargir notre collection avec deux à trois parutions par an. Nous visons désormais des marchés étrangers, puisque nous pensons que le produit peut plaire à des Italiens ou des Allemands comme il plait à des Français.