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Musées : comment l’Atelier-musée de l’Imprimerie de Malesherbes (Loiret) est devenu Musée de France

Le | Législation, réglementation

Le 26 décembre 2022, l’Atelier-musée de l’Imprimerie de Malesherbes (Loiret) a été labellisé Musée de France par a reçu arrêté préfectoral. Directeur de l’établissement, Jean-Marc Providence, revient sur le parcours suivi et les éléments importants pour obtenir ce label. Premier article d’un diptyque consacré à cette procédure.

L’Atelier-musée de l’Imprimerie de Malesherbes. - © AMI.
L’Atelier-musée de l’Imprimerie de Malesherbes. - © AMI.

La procédure

« Pour obtenir l’appellation musée de France, les établissements culturels posent une candidature auprès du ministère de la Culture. Les dossiers sont étudiés par le Haut Conseil des musées de France, présidé par la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak. Cette assemblée est composée de vingt-deux membres dont des élus nationaux, des élus des collectivités territoriales, des représentants de l’État, des experts conservateurs et directeurs de musée et des personnalités qualifiées. Si le Conseil émet un avis favorable, le ministère de la Culture accorde le label « musée de France » à l’établissement qui se le voit signifier officiellement par un arrêté préfectoral. Il n’y a pas de parcours type à suivre pour obtenir l’appellation, il faut toutefois présenter des garanties de qualité en tant que musée.« 

L’Atelier-musée de l’Imprimerie en bref

• L’Atelier-musée de l’Imprimerie de Malesherbes a été créé à l’initiative de Jean-Paul Maury, ancien dirigeant de l’entreprise Maury Imprimeur.

• Ouvert depuis septembre 2018, le musée présente une collection de machines couvrant l’ensemble des techniques d’imprimerie.

• Plus grand musée d’Europe dédié à l’imprimerie, l’Atelier-musée de l’Imprimerie dispose d’un patrimoine de plus de 150 machines.

• L’établissement culturel s’étend sur 6 000 mètres carrés et dispose de 3 000 mètres carrés de réserves.

Construire une offre culturelle attrayante

 »Il faut bâtir une offre culturelle attirante et d’intérêt public. Pour réussir la mise en valeur de leurs collections, les musées doivent effectuer un bon travail de médiation. En ce qui nous concerne, les objets culturels que nous présentons sont particuliers car il s’agit de machines à imprimer. Ce type d’œuvres aurait pu nous limiter à une présentation purement technique de notre collection. Ce choix aurait cependant rendu notre offre culturelle peu intéressante. Nous avons opté pour un langage qui parle au grand public. Histoire industrielle, histoire graphique de Gutenberg au numérique, nous racontons de façon complète l’histoire du livre et de la presse en nous penchant sur l’évolution de nos machines.« 

Réussir le travail de scénographie

Notre discours polyphonique s’appuie sur un travail scientifique de plusieurs historiens, de sociologues, d’universitaires et d’industriels.

 »L’évolution des machines a donné lieu à plusieurs techniques d’imprimerie : lithographie, sérigraphie, dorure, gaufrage, reliure, typographie. Nous avons choisi d’organiser des espaces à thème pour mettre en valeur la diversité du secteur de l’imprimerie. Nous disposons de 6 000 mètres carrés : 4 000 mètres carrés sont consacrés à l’exposition permanente, 500 mètres carrés aux expositions temporaires. Nous avons dédié 1 000 mètres carrés à l’atelier où se tiennent des démonstrations. Nous disposons également d’un auditorium de 200 places sur 500 mètres carrés.

La scénographie contribue à agencer l’espace de façon cohérente. Faire des salles à thèmes permet de bien travailler la médiation. C’est un point important dans la candidature pour le statut de musée de France. La disposition de nos espaces d’exposition est propice à l’enseignement et à la découverte de l’histoire. D’autres espaces permettent une pédagogie plus ludique et une participation active des visiteurs, par exemple dans l’atelier lors des démonstrations.« 

Avoir un projet scientifique solide

 »Les textes précisent que « toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public » peuvent prétendre au label musée de France. Dès notre ouverture en 2018, nous avions la volonté d’obtenir ce statut. Notre discours polyphonique s’appuie sur un travail scientifique de plusieurs historiens, de sociologues, d’universitaires et d’industriels. Cette approche scientifique nous apporte un contenu pédagogique capable d’apporter une véritable connaissance aux visiteurs.« 

Une démonstration à l’AMI de Malesherbes. - © Lionel Auguste, InLumina
Une démonstration à l’AMI de Malesherbes. - © Lionel Auguste, InLumina

Gagner la confiance des acteurs territoriaux

 »Notre musée a été créé par Jean-Paul Maury, ancien dirigeant de l’entreprise Maury Imprimeur. Depuis la création du musée, nous souhaitions dynamiser le territoire avec un projet culturel qui entre en résonance avec l’identité de la région. Historiquement, la zone de Malesherbes et de ses alentours est liée aux secteurs de l’imprimerie, de l’édition et la diffusion. De grands noms tels que les éditeurs Bordas et Editis ou le relieur Brun sont implantés dans les villes voisines. Notre défi était de faire accepter aux collectivités territoriales un musée d’un type nouveau, avec une programmation riche et dense.

Dès notre ouverture en 2018, nous avons connu un succès important avec 40 000 visiteurs la première année. Nous avons participé à des actions de coopération avec les établissements culturels de proximité et les départements voisins. La commune de Malesherbes, la communauté de communes du Pithiverais Gâtinais, le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire, tous se sont intéressés à notre projet jusqu’à en devenir des soutiens financiers. Cette implication sur le territoire nous a permis d’obtenir la confiance des collectivités, ce qui a bien sûr joué en notre faveur pour l’obtention du statut de musée de France."