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5e vague : les concerts « occasionnels » sont les premiers touchés

Par Thomas Corlin | Le | Organisations et réseaux professionnels

Les concerts occasionnels, notamment ceux qui sont payés au GUSO, sont les premiers à faire les frais de la cinquième vague. Alors que les annulations s’enchaînent, les compensations ne sont pas encore assurées par les pouvoirs publics, d’après Antoine Galvani du SNAM-CGT.

Les annulations s’enchaînent dans le réseau musical, en anticipation de futures mesures. - © D.R.
Les annulations s’enchaînent dans le réseau musical, en anticipation de futures mesures. - © D.R.

Qui sont les premiers touchés par la crise ? 

Le secteur dit « occasionnel » est déjà frappé par une vague d’annulations depuis une quinzaine de jours. Cela recouvre les concerts payés au GUSO, les festivités, les fêtes de fin d’année programmées par les mairies, les collectivités ou les entreprises. Certaines préfectures réduisent ponctuellement les jauges, ce qui envoie un mauvais signal et provoque des annulations par anticipation sur le circuit des petits organisateurs qui ne font du spectacle que ponctuellement, mais représentent un vrai vivier de cachets. Le piège est que la responsabilité de l’annulation retombe sur l’employeur lui-même, puisqu’aucune interdiction officielle n’est encore tombé (à l’exception de quelques arrêtés préfectoraux). À ce stade, nous ne disposons pas d’analyse en détail de la situation.

En l'état, y a-t-il un recours pour éviter une perte sèche ? 

C’est l’ennui : la situation est encore floue, il n’y en a donc pas vraiment. En l’absence d’interdiction officielle des rassemblements publics, les dispositifs d’aide ne sont pas encore ré-enclenchés, et il s’agit d’heures qui ne se font pas et de salaires qui ne tombent pas, tout simplement. Une promesse d’embauche est certes une forme d’engagement, et les artistes concernés pourraient éventuellement engager une action juridique, mais cela enclencherait un conflit avec leur employeur, ce qu’ils ne feront pas, dans l’espoir d'être réembauchés ultérieurement. À quoi bon se mettre à dos un employeur pour 80 euros sur une date ? C’est l'équation dans laquelle se retrouve ces musiciens en ce moment.

Comment se positionne le SNAM-CGT à ce stade ? 

Nous relevons d’abord que nos revendications concernant la sortie d’année blanche étaient pertinentes : il était une évidence que la sortie de crise ne serait pas aussi limpide que prévue, et le dispositif proposé y répondait mal. Or, il ne pourra plus être modifié pour rattraper une nouvelle période d’activité dégradée (ou peut-être totalement empêchée, à l’avenir). Il faudra, dans ce cas, mettre en œuvre un dispositif totalement différent.

Pas de vrai recours pour l’instant : à quoi bon se mettre à dos un employeur pour 80 euros sur une date ?

Ensuite, nous relevons que rien n’arrive sans mobilisation, hélas. Pour gagner quatre mois de prolongations sur l’année blanche, nous avons dû lutter. Il est difficile, dans ces conditions, pour le moment, de ré-engager une action, mais il faudra bientôt y réfléchir. Notre dernier entretien avec le Ministère de la Culture remonte à plus de trois semaines, avant le retour des annulations et le début de la cinquième vague. Il nous était alors présenté un bilan de leur action pendant la crise, selon lequel l’emploi avait été totalement sauvé. Ce n’est pas totalement vrai, puisqu’une dégradation des salaires et quelques dégâts ont été constatés. 

Nous postulons qu’il faut une action plus globale pour soutenir l’emploi, pas seulement sur les droits sociaux. Il faut dès maintenant investir pour redynamiser le secteur, à l’image de certaines expérimentations déjà engagées en région ou à l'échelle nationale (le Fussat). Pour l’instant, bien sûr, nous ne pouvons qu’attendre, en l’absence de nouvelles mesures. Nous avons néanmoins l’habitude d'être à la fois surpris et déçus par les mesures proposées en réaction aux dommages de la crise sur le secteur.

Comment s’est déroulée la reprise d’après vos observations ? 

L'été n’a pas été à la hauteur, puis la rentrée a marqué un vrai retour de l’activité, mais pas pour tous. C’est justement le secteur de « l’occasionnel », des « petits concerts », qui n’a pas eu le temps de vraiment reprendre. Pour les bars, les cafés-concerts ou les bals, la vraie reprise n’a pas eu le temps de prendre effet, et c’est tout un réseau de musiciens qui est resté en souffrance, et replonge sans savoir pour combien de temps. Ensuite, une autre inégalité a émergé avec la reprise : la majorité des concerts qui ont pu avoir lieu jusque-là sont des reports de la saison 2019-2020. Or, les artistes qui étaient à l’arrêt pour une raison ou une autre à cette époque (maternité, maladie, autre) se voient défavorisés par rapport à ceux qui avaient des tournées, des dates ou des projets engagés.