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Festivals d’été : à Albi, la Pause Guitare se rallonge, mais pas son budget journée

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

À Albi, le festival Pause Guitare (Tarn) s’étale sur une journée de plus pour sa 26e édition (du 6 au 10 juillet 2022), sans trop affecter son budget de base. La chargée de communication de l’association Gabrielle Gervais décrit comment le festival a tenté de s’adapter davantage aux nouvelles envies du public.

Le festival a reçu 80 000 festivaliers en 2019.  - © Richard STORCHI
Le festival a reçu 80 000 festivaliers en 2019. - © Richard STORCHI

Vous faites partie des festivals qui ont tenté une édition 2021, qu’en retenez-vous ? 

Économiquement, nous aurions gagné plus à ne rien faire cette année-là, et nous le savions à l’avance, mais nous ne voulions pas passer une deuxième année sans événement. Nous avons embauché une personne à la technique qui a donc été un « régisseur Covid », en charge de calculer la faisabilité d’un festival à taille réduite dans le respect des restrictions du moment, ce qui était une tâche ingrate en soi. 

Nous avons donc mis sur pied un événement sur 18 jours, qui nous a terrassé, surtout sur la fin qui était particulièrement laborieuse, mais nous avons tenu. La jauge a été réduite à 2 500 ou 3 000 personnes par soir, et malgré cela le remplissage était faible. Nous en avons reparlé en équipe, et nous sommes satisfaits de l’avoir fait en fin de compte.

Comment avez-vous agencé cette nouvelle édition, qui propose une soirée supplémentaire ?

Pour la première fois, nous avons programmé par esthétique musicale.

Pour la première fois, nous avons procédé par esthétique musicale, et cela a débouché sur l’ajout d’une journée. Par le passé, nous pouvions programmer Deep Purple après Trois Cafés Gourmand, et créé des surprises, mais nous avons tenté autre chose cette année. Hormis le mardi soir gratuit en ville, le mercredi est pop-rock et chanson française, le jeudi rap et urbain, le vendredi pop-rock français encore, le 9 électro et le dimanche rock et métal.

Qu’est-ce qui a motivé cette nouvelle approche ? 

Nous sommes très proches de notre public, notamment via les réseaux sociaux. Notre community manager nous a fait remonter les tendances et suggestions des festivaliers. Il s’est avéré qu’il serait pertinent de séparer stylistiquement les soirées pour répondre au mieux à leurs attentes. 

Cette journée supplémentaire a-t-elle nécessité une rallonge budgétaire ? 

Oui, sur la totalité du budget, mais pas proportionnellement. Sur un budget journée, nous sommes au même niveau que d’habitude, les programmateurs y tenaient. Nous avons des têtes d’affiche, mais beaucoup de festivals les ont, et le public est regardant sur le prix du billet : il ne fallait donc pas l’augmenter. Nous l’avons malgré tout fait pour une soirée, celle du samedi soir, à laquelle nous avons rajouté un concert. En dehors de cela, nous nous en sommes tenus à un tarif de 45 € par soirée en moyenne, pour quatre concerts. À ce titre, nous avions réalisé en 2019 une vidéo exposant le fléchage de nos recettes, en billetterie comme en bar, à destination du public, pour coller à notre politique de transparence. 

Enfin, l’augmentation des budgets nous a également atteints, comme tout le monde, en particulier pour un festival indépendant et associatif comme le nôtre. Les devis des prestataires ont gonflé également, mais nous avons joué le jeu, ce sont des partenaires fidèles. Nous sommes malgré tout parvenus à rester à peu près dans les mêmes proportions que d’habitude. 

Tous les festivals frémissent quant aux dynamiques de billetterie. Qu’avez-vous pu observer dans les derniers jours avant le festival ? 

Nous avons tout adapté côté communication. Il eut été indécent de commencer notre campagne alors que les médias et le gouvernement appelaient à la plus grande prudence et que les restrictions étaient encore en cours. Nous avons alors décalé tous nos éléments de communication. 

Comme tout le monde, nous constatons une tendance à l’achat de dernière minute. L’année a été marquée par des pics de vente à des moments inhabituels, qui ont forcément joué sur nos nerfs. Nous avons enregistré un dernier pic récemment.

Forcément, certaines soirées marchent mieux que d’autres : la soirée rap-urbain marche très bien, celle avec Angèle et Clara Luciani aussi. Nous avons plus de difficultés sur la dernière en revanche, visant un public rock ou métal, en partie plus mature. Qu’importe, nous tenions à rester fidèles à ce public, c’est ce qui importe. 

Dans l’ensemble, nous ne sommes pas en danger. Notre break de remplissage n’a pas changé, et les résultats ne sont pas particulièrement mauvais a priori. Il s’agira probablement, à l’avenir, pour tous les festivals, de s’adapter à de nouveaux modes de consommation de nos publics.