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Plateformes : Patreon, un autre mode de financement pour les artistes

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Lors du premier confinement, beaucoup d’artistes, en particuliers musiciens ou humoristes, ont adhéré à la plateforme participative Patreon pour conserver des revenus. La structure américaine prévoit de nouveaux développements, d’après son responsable marketing Thomas Koch.

Musiciens et humoristes en particulier ont adopté la plateforme - © D.R.
Musiciens et humoristes en particulier ont adopté la plateforme - © D.R.

Sur quel modèle fonctionne votre plateforme ?

Nous percevons une commission de 5 à 12 % selon les formules et les services mobilisés.

Les créateurs peuvent ouvrir un compte de manière autonome, en self-service, puis orienter leur public vers leur page, où se trouve un contenu parfois exclusif. La majorité des contenus est cependant accessible sur d’autres espaces en ligne comme Instagram ou Youtube. Les artistes y proposent souvent des vidéos, des tutoriaux ou des contenus créatifs dédiés à leurs fans sur la plateforme. Un artiste interroge par exemple son public pour savoir quelle cover ils souhaiteraient entendre de lui, et la réalise en exclusivité.

Le financement provient uniquement des fans, qui s’abonnent selon des prix fixés par les artistes, sur lesquels nous percevons une commission de 5 à 12 % selon les formules et les services mobilisés. 

Quelles sont les disciplines représentées sur la plateforme et laquelle prédomine ? 

Toutes les disciplines sont présentes sur Patreon, mais certaines le sont davantage. En premier vient la musique, avec beaucoup de hip hop, de metal, de rock, pas mal d’électro, mais aussi des styles plus niches. Ensuite viennent les artistes visuels, en design, illustration 3D, etc, puis les podcasters divers et également les gens travaillant avec l’écriture (journalistes, romanciers, etc), et enfin les vidéastes.

Quelle est l’audience du site, et combien d’artistes y sont inscrits ?

Sur Patreon, 250 000 artistes, toutes disciplines confondues, proposent du contenu à 7 millions de membres, dont 50 % sont en dehors des États-Unis (où le site a été lancé par un musicien et un développeur en 2013). Aujourd’hui, des artistes installés comme MIA, Pussy Riot, ou - en France - Camille et Miss Kittin ont rejoint la plateforme.

Nous travaillons sur une solution satisfaisante en termes de droits d’auteur.

Nous avons aussi enregistré un énorme bond d’inscriptions lors du premier confinement, à raison de 30 000 nouveaux membres. La plateforme s’est révélée être une option avantageuse pour des artistes en quête de revenus en l’absence de lieux de diffusion, particulièrement pour les musiciens et les humoristes. Ceux qui ont considéré avoir une audience suffisante et prête à payer pour leurs contenus ont ouvert une page sur Patreon. 

Comment rétribuez-vous les droits d’auteur ?

Nous sommes justement en train de travailler cela avec des prestataires compétents. Nous devons trouver une solution qui marche pour chaque cas de figure, et trouver des arrangements avec les labels, notamment en cas de contenu exclusif. 

Quels développements prévoyez-vous pour Patreon dans un futur proche ?

Déjà, nous sommes satisfaits que la plateforme soit disponible en français depuis début 2020, et que le paiement y soit possible en euros. Trois personnes, dont moi, sont dédiées au territoire français depuis Berlin, dont une au support client. Ensuite, nous imaginons des outils pour que les artistes se mettent en avant sur le site lui-même, et qu’il soit plus « communautaire », avec plus d’échanges entre ses membres. Nous travaillons aussi à une future application mobile qui donne accès à tous les contenus de la plateforme, et à une fonctionnalité qui permette de mettre en ligne des vidéos natives. Enfin, nous voulons organiser des événements physiques dès que possible. Un événement est en cours d’organisation à Paris courant novembre.