Production

Lieux culturels : l'équipe du Cabaret Vert s’investit dans la Macérienne

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Après une édition 2022 triomphale de Cabaret Vert, l’association en charge du festival pilote désormais un équipement multifonctions en plein cœur de Charleville-Mézières (Ardennes). Mêlant culture, loisirs, bureaux et économie circulaire, la Macérienne se pose comme un parc urbain sans précédent sur le territoire, d’après Julien Sauvage, directeur de l’association.

Le pont menant à la scène boisée du Green Floor. - © D.R.
Le pont menant à la scène boisée du Green Floor. - © D.R.

Quel bilan tirez-vous de cette édition de reprise pour le Cabaret Vert ?

L’enjeu était de savoir si notre score record de 2019 était un coup de chance ou le signe que nous maîtrisions bien notre événement. Ce nouveau succès nous indique que c’est plutôt la deuxième option. Avec 125 000 personnes, nous sommes plus que satisfaits. Nous avons presque pu couvrir le déficit de notre édition 2018. 

Pour autant, nous n’envisageons pas nécessairement de reconduire cette cinquième journée, programmée exclusivement cette année. C'était une façon pour nous de marquer le coup de la reprise, mais nous ne voulons pas nous imposer une pression supplémentaire : l’expérience était assez épuisante, et c’est un défi en termes de programmation. Cette année, faire jouer Stromae était une belle opération et nous savions que cette affiche réunirait son public - il y a eu 24 500 entrées sur la soirée. Mais nous n’aurons pas chaque année des occasions de ce type.

Malgré son succès, nous ne reconduirons peut-être pas l’expérience de la cinquième journée.

La scène supplémentaire, le Green Floor, a rencontré un gros succès, mais nous pouvons encore l’améliorer. Située dans une zone boisée, elle a mobilisé de nombreux aménagements, de lourdes démarches administratives et la construction d’un pont de 50 mètres. Le flux de public a été abondant et nous devrons peut-être poser un deuxième pont à l’avenir.

Enfin, l’affluence dans les loges a été cette année à son comble. Lors de la venue de Slipknot, nous avons accueilli 80 personnes rien que pour leur production - nous étions ainsi, au comble du festival, 600 dans les loges. L'équipe aura besoin de renforts si cela se reproduit. 

En parallèle, comment se dessine le projet de la Macérienne ?

5 M€ ont déjà été dépensés sur les 25 votés par Ardennes Métropole. Ils ont couvert la dépollution de la plaine et la réhabilitation de la Halle Eiffel - 3 600 m2 qui nous permettent désormais s’avoir du stockage et de faire travailler nos équipes de décoration et de menuiserie dans des conditions décentes (après le Hellfest, nous sommes un des festivals investissant le plus dans la scénographie). Les lieux ont déjà connu des périodes d’ouverture au public, avec de la programmation de concerts, notamment par des associations extérieures, mais le projet lui-même aura bien d’autres facettes. 

Il s’agit d’un parc urbain qui comprendra un pôle d’activité nautique, des espaces sportifs et ludiques, un barbecue en libre-service, des aires de pique-nique, un accès à la Meuse - tous ces services n’existaient que de l’autre côté de la frontière avec la Belgique, nous en disposerons désormais aussi. Au sein de cette zone, la Macérienne hébergera une cinquantaine de projets, sur le modèle de l'économie circulaire : espaces de co-working, bar, restaurant, commerces, diffusion culturelle, et une auberge de jeunesse d’une centaine de places. Le site est un joyau architectural, une ancienne usine datant de 1894. La zone sera désormais réservée à la mobilité douce, hors livraisons, et la réhabilitation d’une centrale hydroélectrique nous permettra de produire de façon autonome 30 à 50 % de ce que consomme actuellement le festival. 

C’est l’association du Cabaret Vert qui pilotera cet espace, l'événement étant très identifié sur le territoire. Nous avons été labellisés Manufacture de proximité, ce qui nous octroie un apport financier. Nos visons une montée en compétence pour nos équipes, un apport en ingénierie culturelle et des collaborations avec d’autres entités, telles que le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes.