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Décarbonation : un think tank propose des transformations aux professionnels de la culture

Par Thomas Corlin | Le | Éco-responsabilité

Association travaillant à la décarbonation de l'économie, The Shift Project publie un rapport sur l’activité du secteur culturel. Des tournées aux résidences, toutes les habitudes du métier sont à assainir et leur rythme de travail à réinventer.

Le think tank incite à des spectacles davantage « éco-conçus ». - © D.R.
Le think tank incite à des spectacles davantage « éco-conçus ». - © D.R.

Nombreux sont ceux qui militent pour verdir la reprise de la vie culturelle. C’est le cas de The Shift Project, think tank travaillant à une « économie libérée de la contrainte carbone ». Cette association loi 1901 accompagne un Plan de Transformation de l'Économie Française (PTEF), dont les propositions ont vocation à alimenter le débat public en amont de l'élection présidentielle de 2022. Leur seconde étude sectorielle porte sur la culture, en particulier le spectacle vivant, l’audiovisuel, le livre et les enjeux du numérique. 

Intitulé « Décarbonons la Culture », il insiste sur l’interdépendance des secteurs pour prouver que la transition écologique ne pourra se faire qu’une fois tous les différents corps de métiers engagés dans des pratiques vertueuses. Ainsi la culture peut se positionner comme levier en entraînant tous les secteurs qu’elle sollicite dans son quotidien (production, transports, hébergement). « Une bonne partie de la décarbonation de ces secteurs ne se concrétisera que si les  »utilisateurs«  enclenchent le mouvement, deviennent eux-mêmes prescripteurs et organisent la transformation de la demande », affirme le rapport. 

Le logo de The Shift Project. - © D.R.
Le logo de The Shift Project. - © D.R.

Plusieurs modes de « transformation » sont répertoriés dans l'étude. Tout d’abord, les transformations « transparentes » sont celles applicables à court-terme sans affecter la pratique du métier : parmi elles, la baisse du contenu carbone des repas ou une mention « enjeux énergie-climat » sur les fiches-poste lors du recrutement. Ensuite, les transformations « positives » provoquent un effet d’entraînement sans non plus toucher à l’activité elle-même : une alimentation locale et de saison, la rénovation des bâtiments, l’approvisionnement en ressourcerie, le remplacement de l’avion par le train ou de la voiture par les transports en commun

D’autres sont plus contraignantes, et travaillent à articuler l’activité du secteur autour de dépenses plus faibles en énergie. Les mesures « offensives » consistent par exemple à mutualiser significativement les tournées d’artistes internationaux sur un réseau local, et à privilégier la programmation d’artistes locaux. Enfin, les transformations « défensives » reviennent à renoncer tout bonnement à des pratiques trop « carbonées », telles que « les clauses d’exclusivité territoriale, la diffusion en UHD, 4K et 8K, la VR, le développement du cloud-gaming ». 

Plus généralement, le Shift Project préconise une relocalisation des activités, et une sobriété dans les moyens employés. Rallongement de la durée et limitation du nombre des résidences d’artistes internationaux, éco-conception des spectacles, renoncement à la massification des événements et raccourcissement global des déplacements sont parmi les recommandations phares faites à la sphère culturelle. 

Le rapport est à consulter dans sa totalité en suivant ce lien. Il s’agit d’un document de travail ouvert au public, auquel succèdera un rapport final publié à la fin de l’année 2021.