Production

Recyclage : le Théâtre de l’Aquarium s’engage dans l’éco-conception et lance sa propre ressourcerie

Par Thomas Corlin | Le | Éco-responsabilité

Le Théâtre de l’Aquarium (Paris 12e) s’engage dans l’éco-conception en réhabilitant son atelier pour en faire une ressourcerie. Le projet, encore à ses débuts, comprendra un volet formation destiné aux professionnels, et autre de sensibilisation à l’adresse du grand public, selon Elaine Meric, co-directrice de ce théâtre situé à proximité de ceux la Tempête ou de la Cartoucherie.

450m2 sont consacrés à la ressourcerie au Théâtre de l’Aquarium. - © Louise Guillaume
450m2 sont consacrés à la ressourcerie au Théâtre de l’Aquarium. - © Louise Guillaume

Dans quel espace se tiendra votre ressourcerie et quels sont les moyens dont vous disposez pour la faire vivre ?

Une cheffe de projet à mi-temps a organisé l’espace, amorcé l’inventaire et débuté l’accompagnement des équipes en résidence,

Un atelier de 450 m2 existait déjà, en plus d’une superficie de 150 m2 de stockage, l’atelier ne menant plus d’activité de construction de décors depuis le début des années 2000, tout ou partie de cette activité était déléguée à des ateliers extérieurs. Nous avons donc aménagé ces espaces, qui comportent aujourd’hui une zone d’atelier dédiée à la petite et moyenne construction et une autre partie aménagée en ressourcerie de matériaux et de pièces de décors, triés et inventoriés à partir du stock qui nous a été légué par le Théâtre de l’Aquarium et qui correspond à 50 ans d’accumulation artistique.

Le projet est en phase d’amorçage depuis l’automne 2020, avec l’aide de Paris Initiative Entreprise, nous avons intégré à l’équipe une cheffe de projet à mi-temps. Elle a organisé l’espace, amorcé l’inventaire de notre stock de décors et de matériaux et a débuté l’accompagnement des équipes accueillies en résidence, sur le réemploi et la réutilisation de ces éléments dans leurs projets de création scénographiques. 

Nous sollicitons actuellement l'Agence de la Transition Écologique (ADEME), la Région Île-de-France et d’autres partenaires sur le développement du projet au cours des trois prochaine années. Une cheffe de projet en économie circulaire nous accompagne également sur les études, les diagnostics territoriaux nécessaires à ce développement qui requiert avant tout de mobiliser des ressources humaines : un chef de projet / d’atelier à plein temps et un équivalent temps plein à distribuer sur les activités de collecte et de revalorisation, que nous souhaitons débuter en janvier 2022. Nous mènerons en parallèle des chantiers de sensibilisation et d’animation liés à notre démarche et ses modalités de mise en œuvre au Théâtre de l’Aquarium. 

Quelles seront les activités de cette ressourcerie ? 

Nous sommes aussi partenaires d’un projet de recherche sur l’écoscénographie.

Il existe déjà des ressourceries dédiées au secteur culturel en France, qui récupèrent des éléments de décors du spectacle vivant, de l’événementiel, du cinéma… Notre projet est situé dans un théâtre, il n’a pas vocation à se spécialiser comme tel. Nous collaborons déjà avec la Réserve des Arts par exemple, une ressourcerie exemplaire implantée depuis treize ans en Île-de-France. Nous souhaitons mettre en œuvre concrètement et in situ le réemploi et l’écoconception, appliqués à nos productions et à celles que nous accompagnons au Théâtre de l’Aquarium. Nous accueillons une vingtaine d’équipes par an et l’espace dont nous disposons permet idéalement cette mise en pratique, qui articule ressourcerie, plateaux et atelier. L’écoconception implique aussi et bien sûr une réécriture de nos principes de production et de planification, essentiels et passionnants à penser aujourd’hui. C’est un chantier qui implique aussi un renversement dans l’économie de la production des spectacles. 

Le stock de la ressourcerie.  - © Louise Guillaume
Le stock de la ressourcerie. - © Louise Guillaume

Le Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence s’est engagé dans l’écoconception depuis 2015. Cependant, le secteur du spectacle vivant a aujourd’hui besoin de se former aux modalités de sa mise en œuvre. Producteurs, concepteurs, constructeurs doivent être associés dans cette démarche de formation. 

Nous sommes aussi partenaires d’un projet de recherche sur « l’écoscénographie », initié par Annabel Vergne et Quentin Rioual, avec la compagnie La Belle Meunière, et soutenu par le Ministère de la Culture. Le groupe de recherche rassemblé sur ce projet mènera tout au long de l’année prochaine un travail sur les enjeux scientifiques et artistiques relatifs à l’écoscénographie, appuyé par des ressources documentaires historiques ou techniques et des entretiens. Ce groupe suivra notamment la production du prochain spectacle de Jeanne Candel (co-directrice du Théâtre de l’Aquarium). Cette recherche fera aussi l’objet d’ateliers au Cube à Hérisson (Allier), en lien avec le travail de Marguerite Bordat et Pierre Meunier, et d’une restitution sur deux jours en septembre 2022, au Théâtre de l’Aquarium et à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratif (ENSAD) à Paris. 

Ce volet pédagogique s’appliquera-t-il aussi à d’autres publics ? 

Nous travaillons actuellement avec des étudiants : un lycée technique de fabrication de costumes à Nogent-sur-Marne, l’Université de Paris 3 ou encore le département la section scénographie de l’ENSAD, dont nous encadrons la réalisation de projets. C’est important d’associer de futurs professionnels à l’écoconception. Nous souhaitons évidemment aussi largement partager démarche, expérience, outils et tout ce que l’on pourra développer de connaissances et de compétences avec le secteur et le public.