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Associations : une future Maison de la poésie à Bordeaux ?

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Avec HelloAsso, Culture Matin se penche sur la vie culturelle portée par des structures associatives. Aujourd’hui, l’auteur Patrice Luchet raconte les premiers pas de la Maison de la Poésie de Bordeaux (Gironde), dont les premiers événements, hors les murs, seront soutenus par un crowdfunding.

La Maison de la Poésie donnera un premier événement à l’Escale du Livre le 8 avril 2021. - © D.R.
La Maison de la Poésie donnera un premier événement à l’Escale du Livre le 8 avril 2021. - © D.R.

Quel projet imaginez-vous pour cette Maison de la Poésie ?

Des lieux de ce type existent dans d’autres villes, comme la Maison de la Poésie de Nantes que je connais bien et qui m’inspire dans ce que je projette à Bordeaux. Il s’agit de sortir la poésie de ses clichés - contemplatifs ou élitistes - et de la faire circuler auprès d’un public plus large, en insistant sur son côté vivant, participatif et scénique. Assister à une performance de poésie devrait être aussi naturel qu’aller au cinéma ou au théâtre, idéalement. 

C’est pourquoi nous travaillons actuellement nos événements selon un modèle précis : des lectures (avec des éléments musicaux, visuels), des ateliers (pour scolaires ou adultes) et des restitutions. Ce seront les axes de l’activité de ce lieu que nous espérons ouvrir un jour en cœur de ville.

Quel est le premier temps de la mise en place de votre projet ?

En novembre 2021, j’ai créé une structure associative dont je quitterai la présidence lorsque le projet sera réellement lancé. J’ai consulté les pouvoirs publics, qui m’ont tous manifesté leur intérêt. Le projet est viable et pertinent sur le territoire, et jugé utile pour le public. Nous sommes encore bien trop jeunes pour solliciter des subventions, mais la DRAC nous a fait une promesse d’aide (un « financement d’expérimentation »), le CNL suit notre projet, le Département et la Région sont également partants. Une première demande a été déposée auprès du Département. J’ai également sollicité la filière - éditeurs, libraires, enseignants, bibliothécaires - et rencontré leur enthousiasme. Le CDCN Manufacture Atlantique est également intéressé. 

La rémunération est une question de dignité dans le secteur de la poésie.

La stratégie pour le moment est de programmer des événements hors les murs (bien que, de fait, n’ayons toujours pas de murs) pour nous faire connaître et montrer ce que nous savons faire. Le 8 avril 2022, au salon du livre de Bordeaux « l’Escale du Livre », nous avons présenté 3 lectures, dont une accompagnée d’un musicien. L’un des auteurs a passé la semaine à Bordeaux pour y tenir un atelier avec des scolaires qui s’essaieront aussi à des lectures en public, un format que l’on veut réitérer à chaque événement de ce type. Le public était varié : familles, passionnés, non-initiés, etc. 

D’autres événements auront lieu sur le même modèle, notamment au Chahuts Festival, axé sur la parole (du 8 au juin à Bordeaux), avec des poètes-performeurs et une dessinatrice, et un autre orienté vers les enfants qui ne partent pas en vacances, en juillet. Nous imaginons aussi des événements au sein d’entreprises à partir de septembre prochain, et envisageons une forte présence au Printemps des Poètes en mars 2023. 

Êtes-vous déjà à la recherche d’un espace fixe ? 

Pas réellement, même si nous avons déjà visité quelques lieux, à titre parfaitement informatif. Il est encore trop tôt pour cela, d’autant qu’un lieu en dur engendrerait des frais de fonctionnement que nous ne pouvons pas du tout envisager à ce niveau. Quant à une bibliothèque, ce n’est pas dans notre projet, mais nous collaborerons avec celles du territoire, déjà très fournies. Nous discutons avec la mairie de Bordeaux, dont la politique culturelle n’est pas spécialement portée sur l’ouverture de nouveaux espaces pour l’instant, mais plutôt sur la mise en valeur de ceux qui existent déjà. Elle nous propose de programmer dans divers établissements, comme le Musée de Arts Décoratifs. Nous espérons aussi pouvoir disposer d’un bureau d’ici la fin de l’année. En fin de compte, la logique de partenariats nous correspond assez bien jusque là, et les institutions s’intéressent à nous ainsi, alors que nous n’avons pas encore la moindre perspective de disposer de notre propre espace d’accueil. 

Où intervient votre crowdfunding dans ces étapes ?

Il est consacré au paiement des cachets des artistes. La rémunération est une question de dignité dans le secteur de la poésie, qui a souvent été très irrégulier dans sa façon de payer les lectures, en raison de son économie presque inexistante. Certains lieux, comme la Maison de la Poésie à Paris, sont très en règle là-dessus, d’autres moins. Nous ne sommes quant à nous pas une institution mais nous voulons que les artistes se sentent respectés. Les événements qui nous accueillent prennent en charge transports, hébergement et repas, nous assurons donc avec cette collecte les cachets de nos invités.

Nous espérions récolter 4 500 euros (c’était la limite fixée), et Hello Asso Nous a permis d’en obtenir 5 200. Nous pouvons donc réaliser notre premier événement, et couvrir une partie des frais du suivant.

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