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Prestataires : le syndicat Synpase s’interroge sur les recrutements futurs

Par Thomas Corlin | Le | Matériel

La saison a été bonne pour les prestataires, dont l’activité a bien repris cette saison. Se pose cependant la question des effectifs, toujours en carence, à l’heure où la suractivité se fait toujours ressentir, sans savoir sur quelle durée, soulève Philippe Abergel du syndicat Synpase.

15 % des permanents auraient quitté le métier. - © D.R.
15 % des permanents auraient quitté le métier. - © D.R.

Quel sentiment domine cette première saison post-pandémie parmi vos adhérents ? 

L’abondance de reports et la suractivité des festivals ont généré une sorte de double exercice sur cette saison, que les prestataires ont géré comme ils l’ont pu. Malgré quelques défaillances et annulations, la saison s’est déroulée avec succès, et il faut se féliciter d’une telle reprise des affaires après deux ans d’atonie totale. Dans l’ensemble, les festivals ont bien marché, la fréquentation a été à la hauteur et les prestataires ont par conséquent beaucoup travaillé. Cependant, nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour analyser ce que cette période produit sur nos métiers.

Comment ont été gérés les déséquilibres en matière de ressources humaines ?

Le manque de personnel compétent a nécessité de faire travailler des gens qui découvraient la profession, ce qui n’a pas été évident. Tout a été envisagé pour trouver du personnel, des équipes se sont parfois montées trois jours avant un événement, en lançant des appels sur les réseaux sociaux.

Une nouveauté : les prestataires ont appris à refuser du travail.

Il émerge que 15 % des permanents et 15 % des intermittents auraient quitté la profession. Une grande campagne d’embauche est à prévoir parce qu’un technicien ne se forme pas en une semaine. Toutefois, nous ne pouvons déterminer si ce surplus d’activité reflète une tendance sur le long terme, et si embaucher du personnel permanent se justifie réellement. La perspective des Jeux Olympiques en 2024 nous fait dire qu’un tel volume va se maintenir au moins jusqu'à cet horizon : de nombreuses villes vont multiplier les événements publics et mobiliser nos prestataires. Reste toutefois un doute sur un effet « bulle » qui pourrait retomber d’ici là, ou après. À cela s’ajoute aussi la place que prendra le digital sur le marché, au détriment de l'événementiel physique. 

Il s’agit désormais de mobiliser les partenaires sociaux, syndicats et organismes de formation, pour mettre en place des dispositifs spécifiques au spectacle vivant pour ravitailler le secteur en personnel technique. Nous travaillons à sensibiliser le gouvernement sur le sujet. 

La situation a-t-elle fait pencher les négociations dans le sens de vos adhérents ? 

Étant un levier crucial pour faire arriver les choses en peu de temps, nos entreprises ont pu réviser leurs prix à la hausse, à la hauteur des délais qui leur étaient imposés. Dans certains cas, des conditions plus strictes qu'à la normale ont été exigées. Une nouveauté : les prestataires ont appris à refuser du travail, ce qui n’arrivait pas avant. Jusqu’ici ce secteur, assez jeune, avait l’habitude de « rendre des services » mais, dans ces conditions, les rapports se sont inversés - et ce n’est pas le fait des prestataires eux-mêmes. 

Pour autant, de nombreux clients n’ont pas compris cette augmentation soudaine, qui s’explique en grande partie par un contexte rude en matière des coûts d'énergie et de grandes contraintes de livraison du matériel de scène. La technique n’est pourtant pas un champ qui a l’habitude de s’octroyer de grosses marges, mais des approvisionnements de dernière minute à l'étranger génèrent des frais importants. Il est alors impossible dans ce contexte de ne pas reporter ces coûts sur le devis. Pour autant, le secteur reste très soucieux du bon équilibre financier de sa clientèle.

Le Synpase, en bref

• Syndicat professionnel, créé en 1988

• Missions : représentation et défense des intérêts des prestataires de services de l’audiovisuel scénique et événementiel.

Le prestataire technique met à disposition de ses clients du matériel et le personnel chargé de la mettre en œuvre. En pratique il s’agit des entreprises titulaires du code NAF 9002Z : « Activités de soutien au spectacle vivant », et qui mettent en œuvre les techniques liées : au son, à la lumière, aux décors et accessoires, à la régie générale et spécialisée, etc.

• Présidente : Frédérica Legeard-Lemée

• Vice-Président : Stanislas Surun

• Trésorière : Laurence Faucher

• Secrétaire : Christian Desaivres