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Handicap : Relax, un dispositif spécifique pour accueil du public dans les salles de spectacle

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Expérimentées au cinéma, les séances Relax s’invitent désormais dans le spectacle vivant et font bénéficier les spectateurs à handicap d’une riche programmation. Après un début prometteur sur la saison 2019-2020, le dispositif se relance en 2021, explique Amar Nafa, délégué général de Ciné-ma Différence, qui porte le projet depuis le début.

Une séance relax à Vincennes pour le festival « Shakespeare d’Avril » - © Thierry Guillaume
Une séance relax à Vincennes pour le festival « Shakespeare d’Avril » - © Thierry Guillaume

Comment se déroule une séance Relax ?

L’objectif est de rendre l’accueil du public handicapé le plus simple et naturel possible. Dans une première phase qui dure plusieurs saisons, les séances sont accompagnées par des bénévoles identifiables par des gilets jaunes siglés de l’association Ciné-Ma Différence qui a rôdé le dispositif dans les cinémas. Ces accompagnants préparent parfois la visite en amont, mais il n’y a pas de médiation de groupe sur place. Par ailleurs, à la différence d’autres dispositifs d’accès déjà existants, la séance se tient sans la supervision d’une institution médico-sociale ou hospitalière. 

Pas d’autocensure dans nos choix de programmation.

Cette accessibilité humaine repose sur deux piliers. D’abord, le personnel des lieux doit être formé pour prendre le relai à terme : les effectifs doivent être plus conséquents pour une représentation Relax que pour une représentation ordinaire. Des outils doivent être mis à disposition, tels que les « documents FALC » (« faciles à lire et à comprendre ») permettant d’identifier les personnages, l’histoire, les points sensibles du spectacle, mais aussi de se repérer dans le lieu. La formation du personnel est effectuée par l’association. 

Le deuxième pilier est l’information : le public ordinaire de la salle doit être au courant afin de se sentir concerné par la démarche, ce qui permet d'éviter les mauvaises surprises - certains handicaps complexes peuvent mener à des réactions atypiques. Ainsi les outils de communication des lieux concernés doivent relayer l’opération. 

Enfin, des jauges sont aménagées par les lieux eux-mêmes, selon leur capacité d’accueil. Dans le cas d’un lieu comme l’Opéra Comique (Paris 2e), une trentaine de places à tarifs réduits sont réservées sur la billetterie globale pour permettre une séance Relax. Quant à la programmation, nous veillons à ce qu’elle soit diverse, et non restreinte à un champ en particulier, afin de garder une certaine régularité. Lors d’une séance Relax d’un opéra baroque de 3h30, sur les 30 spectateurs, seuls 2 ont quitté la salle, tous les autres ont apprécié. Nous ne nous autocensurons jamais dans nos choix.

Un spectateur du dispositif relax à Vincennes. - © Thierry Guillaume
Un spectateur du dispositif relax à Vincennes. - © Thierry Guillaume

Depuis combien de temps le dispositif existe-t-il et quelles structures y participent ? 

L’association l’expérimente depuis 2005 au cinéma. Les premiers essais avec le spectacle vivant ont eu lieu en 2016, et les séances Relax ont intégré la programmation de plusieurs lieux depuis 2019. Le Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine (94), les festivals Fontenay en Scène (94) ou Shakespeare d’Avril (Vincennes, 94) et bien sûr l'Opéra Comique (Paris 2e), font partie de nos partenaires réguliers. 

Nous souhaitons le développer davantage, mais la situation n’est pas propice aux nouveaux partenariats. Nous nous attelons pour l’instant à réactiver ceux qui existent déjà. Depuis la crise, une seule date en théâtre a eu lieu, mais les séances Relax reprennent dès janvier, notamment à la Salle Jacques Brel de Fontenay-Sous-Bois, puis en mars à l’Opéra Comique et en avril à Fontenay-Sous-Bois pour « Shakespeare d’Avril ». 

Quel est le coût du dispositif et quel soutien peut être sollicité pour en bénéficier ?

Le Ministère de la Culture peut être sollicité pour des aides.

Ce coût dépend des moyens et de la taille des structures qui s’engagent dans le programme Relax, mais il doit couvrir la formation des salariés, un renfort des effectifs sur les représentations concernées, le manque à gagner sur les places à tarif réduit, et des outils de communication ou de pédagogie adaptés. Le Ministère de la Culture peut être sollicité pour faire des demandes d’aide, et il existe aussi des fonds propres à l’accessibilité des salles aux personnes à handicap. Il existe aussi des mécènes privés engagés sur ce champ-là.