Médiation culturelle : Explor Visit valorise les visites virtuelles
Par Thomas Corlin | Le | Médiation
La structure Explor Visit produit des visites virtuelles mais travaille également à leur mise en commun et leur diffusion. Engouement pour la médiation en ligne, application, plateforme de mise en lien, perspectives après la réouverture des musées : son responsable du développement, Jean-Thibaut Couvreur, décrit les innovations en cours dans le domaine.
Avez-vous connu une intensification de votre activité depuis la fermeture des lieux d’exposition ?
Le projet est né en 2018 mais s’est concrétisé en 2020. Le déclic s’est fait lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris : une numérisation du lieu aurait pu permettre de continuer à visiter la cathédrale en ligne après le drame. Explor Visit a donc été propulsé cette année par ses deux cofondateurs, en direction du secteur culturel et patrimonial, avec une intensification en septembre 2020. Sur l’automne, la demande a été très forte, venant à la fois de nos clients habituels et de nouveaux venus, puisque le virtuel était pratiquement leur seul façon d’exister.
Les expositions virtuelles étant déjà un produit courant, le support qui a suscité la plus forte demande est plutôt celui de la visite en ligne guidée par un conférencier. Le guide pilote soit depuis son domicile, soit depuis un lieu dédié, comme le studio que finalise actuellement la Réunion des Musées Nationaux.
Que sait-on de l’usage que le public fait de ces supports et que restera-t-il de ce regain d’intérêt pour le numérique après la réouverture des musées ?
Une visite virtuelle individuelle dure entre 7 à 10 minutes, ce qui est peu. Le visiteur jette un coup d’œil, et s’il y a peu de contenu, il fait vite le tour. Le Grand Palais a pu étendre ce temps de visite moyen avec des contenus audio, par exemple.
Le numérique est devenu un sujet de premier plan pour les musées.
C’est pourquoi les visites virtuelles avec conférenciers sont les plus demandées. Elles maintiennent l’intérêt et valorisent le contenu de l’exposition, et proposent une autre forme de médiation culturelle. Elle durent généralement 30 minutes, ou ne dépassent pas une heure.
En 2018, les sujets numériques restaient au second plan pour les espaces muséaux et patrimoniaux. À l’occasion de la pandémie, ils sont passés au premier plan, notamment en termes de médiation culturelle. Il est possible que cet intérêt soit passager, mais l’outil restera pour certains publics empêchés, comme les prisons, les EHPAD ou certains scolaires.
Quels nouveaux supports développez-vous autour de cette médiation en ligne ?
À l’origine, Explor Visit concentrait ses efforts sur une application réunissant toutes les visites virtuelles existantes, à la fois celles que nous produisons, et celles que d’autres ont produites (sauf si ceux-ci ne désirent pas figurer dans notre banque de données, mais c’est généralement l’inverse qui se produit). C’est un support d’agrégation gratuit, pour ainsi dire philanthropique, visant à faire connaître l’offre numérique de la culture dans le sens que l’Unesco lui donne (cela va du patrimoine industriel aux musées nationaux en passant par les grottes). Pour l’instant nos seuls ambassadeurs sont nos utilisateurs, mais nous espérons investir sur le marketing pour faire circuler davantage l’application.
L’autre projet sur lequel nous travaillons est une plateforme de mise en ligne entre guides conférenciers, lieux et visiteurs. En attendant la réouverture des musées, il est vital pour les guides de retrouver du travail, et étant donné la demande en médiation culturelle en ligne, il serait pertinent de créer un espace pour connecter ces différents acteurs.
Avec quels types de clients traitez-vous et quelle est votre gamme de tarifs ?
Beaucoup de musées principalement, comme celui de Bayeux ou ceux du réseau de la RMN, mais aussi des lieux plus divers comme le Château de Chantilly ou la Cité du Vin à Bordeaux. Nous travaillons aussi depuis peu avec des petites foires d’art contemporain.
Explor Visit emploie six personnes à temps plein, dont une personne qui maîtrise la technique de la numérisation, que nous exécutons donc nous-mêmes. Les prix varient beaucoup mais pour un espace de 1 000 m2, une visite virtuelle peut couter 3 000 euros, voire moins pour des expositions de petite taille.