Publics

Jeune public : Quelques p’Arts intègre l’avis des enfants dans le processus créatif

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

En Ardèche, le Cnarep Quelques p’Arts sonde les réactions des tout petits face à des spectacles en gestation dans les établissements de loisirs du territoire. Ce partenariat entre artistes et équipement d’arts de la rue ou dédiés à la jeunesse, intitulé « Focus Création Jeune Public », entend approfondir la médiation jeune public et accompagner la création artistique, d’après la directrice de la structure Palmira Picon, et leur responsable de la médiation Léa Hance Bury.

Une rencontre entre EHPAD et maternelle organisée par le Collectif VRAC à Saint-Félicien (Ardèche). - © Magali Stora
Une rencontre entre EHPAD et maternelle organisée par le Collectif VRAC à Saint-Félicien (Ardèche). - © Magali Stora

Comment se déroule cette expérience et quels en sont les premières retombées ? 

Des spectacles très jeune public avaient déjà été présentés dans des écoles ou des centres aérés. Il s’agit désormais de créer une vraie interaction entre les enfants et les artistes et de les intégrer à la création de spectacles qui sont conçus pour eux. 

Nous travaillons avec quatre espaces du territoire : deux centres de loisirs, une association familiale rurale et une salle des fêtes. Trois compagnies qui sont proches de nous sont actuellement en création, dont le Collectif VRAC mené par Laure Tejada, artiste associée. Sur ces trois, l’une se rôdait, l’autre était plus avancée et une dernière renouvelait un ancien travail. Il fallait donc montrer une pièce quasi-aboutie mais encore en cours de conception pour se laisser une marge de transformation. Ce focus fonctionne comme une « résidence de diffusion » en extérieur, sachant que Quelque p’Arts n’a pas de salle de spectacle à soi. 

Les retours non-verbaux sont les plus intéressants.

Le public concerné a entre un et dix ans, selon les lieux et les pièces. Les principaux retours observés sont non-verbaux, donc comportementaux : comment ont réagi concrètement ces enfants face aux spectacles ? Il peut y avoir un temps d'échange verbal, mais celui-ci n’est pas forcément le plus intéressant. Nous ne nous contentons pas d’un simple « que fait ton papa ? » dans les questions posées, et la qualité des interactions orales n’est pas toujours facile à obtenir. Il s’agit plutôt de repérer les expressions, la qualité d'écoute et une foule d’autres petites choses qui informent sur la réception et la compréhension de ce qui se passe sur scène - ce qui est valable aussi pour les adultes. Il est aussi intéressant de recueillir des retours verbaux deux jours après la représentation. 

Quels types d’ajustement permettent ces retours ?

Un des spectacles s’adresse à des tout petits, et les artistes doutaient de ce qu’ils proposaient : ces premiers retours ont pu les guider. Dans une autre création, les enfants sont disposés des deux côtés du décor, et celui-ci tourne au milieu de la représentation. D’un côté, les enfants sont plus jeunes que d’autres. Comment comprennent-ils le spectacle, et s’emparent-ils du dispositif ? Quels sont les éléments qui n’ont pas été compris par les plus jeunes ? 

Comment ces sessions sont-elles encadrées et quels moyens mobilisent-elles ? 

L’encadrement se fait en collaboration avec les lieux d’accueil et nous-mêmes. Nous fournissons parfois du matériel pour que le personnel de ces lieux puisse préparer les enfants en amont de notre venue. 6 à 7 000 € ont été investis sur ce projet, prélevés sur notre budget courant dédié à ces actions-là et d’une aide de la Drac à destination des publics péri-scolaires. 

Quels sont les autres axes couverts par cette initiative ? 

Par delà les questions de création artistique, il s’agit d’un travail autour des droits culturels et de l'éducation populaire. C’est aussi un projet transversal de territoire, d’action envers les habitants du territoire, en l’occurrence rurale. 

Quelque p’Arts, en bref

Le SOAR (Secteur Ouvert des Arts de la Rue) est fondé sur les bases du projet initié par Palmira Picon qui, au sein de la MJC d’Annonay et depuis 1988, a maintenu une dynamique de développement artistique et culturel autour des arts de la rue avec le Festival de la Manche, la Journée des Mômes, les Préambules, la Saison, et la création, à la MJC, d’un secteur ouvert des arts de la rue. 

Dans la cadre de la concertation menée avec les partenaires de tutelle (État, Région Rhône-Alpes et Département de l’Ardèche) une structure indépendante est créée en décembre 2002, pour développer le projet Quelques p’Arts. C’est l’APSOAR, en préfiguration du « Pôle ressource de création et de diffusion des Arts de la Rue et du Spectacle Vivant dans les espaces publics et de proximité ».

Au cours de l'été 2013, lors du Festival d’Avignon, la Ministre de la Culture, Mme Aurélie Filipetti annonce la labellisation de Quelques p’Arts. en Centre National des Arts de la Rue. Cette labellisation a également eu pour conséquence de transformer l'« association de préfiguration » (APSOAR) à un « secteur ouvert des arts de la rue » (SOAR).

Missions : diffusion, accompagnement à la création, pôle ressources.