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Lyon : l’Auditorium-Orchestre National propose des concerts le midi et en afterwork

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

En réaction au retour timide de son public, l'Auditorium-Orchestre National de Lyon (Rhône) se lance dans de nouveaux formats de concerts à l’adresse des travailleurs du quartier d’affaires à proximité. Après des essais concluants avant la crise, ces formules se pérennisent, d’après la chargée de relations presse de l’Orchestre, Sarah Brun. Prochaines dates : un Afterwork le 5 novembre et un Midi de l’AO le 16.

L’Orchestra National de Lyon en concert, en 2017. - © Julien Mignot
L’Orchestra National de Lyon en concert, en 2017. - © Julien Mignot

Comment se déploient vos nouvelles formules de concerts et rencontrent-elles leur public ? 

Elles ne sont pas tout à fait nouvelles, mais réactivées et remodelées, et s'étalent sur cinq rendez-vous chacune au fil de l’année. Dans les deux cas, elles sont pensées pour attirer le public de salariés dans les bureaux environnants, la Part-Dieu étant un important quartier d’affaires de la ville. Nous y voyons un vivier de spectateurs potentiels, qui n’ont peut-être jamais mis les pieds chez nous voire dans un concert classique. Il peut s’agir d’une configuration symphonique, de musique de chambre, d’orgue seul ou de brass band. La communication se fait sur du court terme, à moins d’un mois avant la date, pour s’adapter à une décision plus spontanée, de dernière minute. 

Nos productions et nos tournées dépendent de notre billetterie.

Les Afterworks existent depuis quatre ans, mais prennent une nouvelle forme aujourd’hui. Comme leur nom l’indique, ils s’agit d’un programme à la sortie du bureau : à 18h, nous accueillons le public autour d’un verre dans notre atrium avec une ambiance musicale, à 19h se tient un concert d’une heure, puis la soirée se poursuit jusqu'à 22h avec nos traiteurs - désormais La Fabuleuse Cantine de Saint-Étienne. La billetterie applique un tarif unique pour ces formats, à 15 €.

Les Midis de l’AO avaient déjà été brièvement testés avant la crise, et sont désormais bien développés. Il s’agit de concerts d’une heure à la pause-déjeuner, avec possibilité de se restaurer sur place. Comme médiation, un comédien qui se glisse dans la peau de personnages pour donner des clés de compréhension et d'écoute sur les œuvres jouées. Le prix varie de 10 à 15 euros pour les Comités d’entreprise.

Quelles autres formes vous inspirent cette reprise mitigée pour les lieux culturels ?

Nous avons consulté notre public pendant les confinements, à l’hiver 2021. Il en est remonté que 75 % d’entre eux étaient favorables à des concerts plus courts, sans entracte. Nous alternons donc désormais dans notre programmation des concerts aux formats classiques pour satisfaire la frange puriste de notre public, et concerts plus courts, au nombre de huit dans l’année, d’une heure à une heure et demi. 

Enfin, les protocoles sanitaires ont eu raison de nos mini-conférences pré-concert, et ont été remplacées par des podcasts, « C’est dans la poche », notamment disponibles en flashant un QR-code sur la feuille de salle. 

Qu’observez-vous en termes de retour du public ? 

Dans la consultation que nous avons menée, près de 70 % de notre public se disait prêt à revenir dès notre réouverture, ce qui était rassurant. Dans les faits, ça ne s’est pas tout à fait transformé. Nous avons des difficultés à remplir, c’est manifeste. Les abonnements ont sérieusement baissé, les ventes à l’unité moins - un comportement plus « ponctuel » apparaît chez de nombreux spectateurs. Par ailleurs, nous comptons entre 10 et 15 productions en plus cette année, ce qui charge davantage notre saison et ne facilite pas la répartition du public. Notre concert d’Halloween a cependant fait salle comble. 

Concert de la soirée d’Halloween 2021.  - © Nicolas Auproux
Concert de la soirée d’Halloween 2021. - © Nicolas Auproux

Comment votre public réagit-il aux protocoles sanitaires ? 

Nous avons maintenu une politique d’annulation très souple, sans justification de motif jusqu'à 24 heures avant le spectacle.

À Lyon, les lieux de culture n’ont jamais quitté le masque. Concernant le pass sanitaire, nous en avons repoussé l’application dans un premier temps en nous limitant à des événements à mille personnes, puis nous l’avons testé sur des concerts avec des fréquentations assez basses, pour nous former. Dans l’ensemble, c’est fluide, le public coopère, mais nous relevons encore beaucoup de réticences, des spectateurs nous ont clairement exprimé qu’ils ne reviendraient pas à cause du pass. Nous avons donc maintenu une politique d’annulation très souple, sans justification de motif jusqu'à 24 heures avant le spectacle.

Sur quel équilibre financier vous êtes-vous relancés ?

Nous avions de la trésorerie, mais ces réserves sont désormais épuisées. Notre fonctionnement n’a pas été endommagé, grâce aux aides du CNM et du fonds d’urgence Covid de la Ville de Lyon. Nous avons aussi touché une petite aide pour des concerts dans les Ehpad. 

Cependant, l’Orchestre ne tournera pas cette année, à l’exception d’une date en Suisse, puisque nos productions et tournées dépendent de notre billetterie.