Musée numérique : pourquoi et comment une Micro-Folie à Chasse-sur-Rhône (Isère) ?
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La commune de Chasse-sur-Rhône (Isère) a inauguré en septembre 2022 son nouveau musée numérique dans le cadre du projet Micro-Folie. Directeur du service culturel de la ville, Damien Gomez revient sur cette implantation dans tous ses aspects concrets.
Pourquoi avez-vous implanté une Micro-Folie à Chasse-sur-Rhône ?
Le dispositif Micro-Folie est porté conjointement par La Villette et le ministère de la Culture. Il permet à des communes ayant rempli un appel à projet de bénéficier de matériel numérique afin de faire découvrir les collections de douze grands musées nationaux partenaires du programme. On retrouve notamment le musée du Louvre, le Château de Versailles, le musée d’Orsay, la Philharmonie de Paris ou encore l’Institut du monde arabe.
Les Micro-Folies reçoivent un écran géant et un vidéo projecteur pour diffuser les collections des douze grands musées. Elles disposent également de dix tablettes, chacune connectée à l’écran géant sur lequel défilent les œuvres.
L’an dernier, la ville a créé un service culture dont l’ambition est de proposer une offre culturelle variée à la population. Notre volonté est de démocratiser la culture mais également d’offrir des modes de médiation originaux et différents de ce que les gens vont trouver dans les musées à Lyon ou à Vienne. Notre commune compte 6 500 habitants et elle est située dans la proche banlieue lyonnaise. La création d’une Micro-Folie répond parfaitement aux besoins d’une ville comme la nôtre. Ce musée numérique donne la possibilité aux habitants des zones péri-urbaines d’avoir accès à l’offre culturelle des grands musées nationaux par des canaux innovants et sans avoir à effectuer de longs déplacements.
Quels sont les équipements dont vous disposez ?
Les Micro-Folies reçoivent un écran géant et un vidéo projecteur pour diffuser les collections des douze grands musées. Elles disposent également de dix tablettes, chacune connectée à l’écran géant sur lequel défilent les œuvres. Chaque visiteur sur tablette peut approfondir l’œuvre projetée sur l’écran géant, en zoomant dessus. Le public peut également découvrir d’autres contenus tels que des jeux, des textes ou des documentaires pour en savoir plus sur l’œuvre. Les collections sont numérisées en très haute définition et cela offre de nouveaux angles de vue sur certaines pièces.
C’est par exemple le cas pour la Joconde qui est pourtant un petit tableau en dimensions réelles. Elle est très impressionnante sur écran géant et quand on zoome sur des zones particulières de l’œuvre, on peut voir des détails qu’on ne distingue pas directement face au tableau réel, notamment le fait qu’elle n’ait pas de sourcils. Grâce à un partenariat avec Ubisoft, le dispositif Micro-Folie nous donne également accès à des jeux et à des équipements de réalité virtuelle. En ce qui nous concerne, nous disposons de cinq casques pour découvrir des lieux emblématiques. Nous proposons par exemple une visite de Pompéi juste avant l’explosion du volcan. Nous avons également une option espace scénique. Le programme Micro-Folie nous permet de faire venir des artistes en lien avec les collections présentées.
Comment ce musée est-il financé ?
Nous disposons d’une enveloppe de 40 000 euros pour l’achat des équipements. La Villette fournit une liste avec des exemples de matériel à acheter. Le chargé de projet de chaque ville fait ensuite le nécessaire pour se procurer les équipements. Le musée est financé à 80 % par l’État au travers du ministère de la Culture et à 20 % par la commune de Chasse-sur-Rhône. Une fois les livraisons effectuées, chaque Micro-Folie reçoit une aide en ligne de La Villette qui contrôle le matériel puis assure une assistance technique et informatique par la suite.
Comment les visites vont-elles se dérouler ?
Nous proposons aussi des conférences qui fonctionnent sur le principe des visites guidées en musée.
Le dispositif Micro-Folie propose deux formules. Il y a l’option fixe où le musée est installé définitivement dans un lieu précis. La deuxième alternative est le mode temporaire pour lequel nous avons opté. Le musée se déploie temporairement dans un lieu. Cet endroit peut varier ou rester inchangé. Notre musée numérique se déploie une fois en par mois, un vendredi puis le samedi et le dimanche qui suivent. Le vendredi est réservé au public scolaire, qui a accès aux œuvres des douze musées qui défilent sur l’écran géant et sur les tablettes. Il a également la possibilité de profiter d’ateliers pédagogiques qui lui sont dédiés, par exemple le module pour enfants « comment découvrir une œuvre d’art ».
Le week-end est consacré au grand public. Les collections défilent en permanence sur l’écran géant. Les visiteurs s’installent sur les tablettes puis découvrent et approfondissent les œuvres comme ils le souhaitent. Nous proposons aussi des conférences qui fonctionnent sur le principe des visites guidées en musée. À une heure définie, les médiateurs présentent ce qu’on appelle une playlist culturelle. C’est une collection qui regroupe différents types d’œuvres sur un même thème.
La médiation est assurée par du personnel associatif rémunéré. Nous avons deux professeurs de l’école de musique de Chasse-sur-Rhône qui se sont portés volontaires pour effectuer ce travail auprès des visiteurs. Des contrats temporaires facturant le nombre d’heures effectuées par les bénévoles sont établis entre la municipalité et les associations. La Villette dispense une formation à ses frais aux médiateurs pour leur permettre de se familiariser avec les collections des musées nationaux.
Nous n’avons pas beaucoup de salles dans la ville, donc il était difficile de mobiliser un espace en permanence.
Le programme Micro-Folie permet également la découverte d’artistes émergents. En complément de l’appel d’offre pour l’obtention de matériel numérique, il y a des mini-appels à projet culturel pendant l’année. Des micro festivals sont mis en place. Lors de l’inauguration de notre musée, nous avons organisé l’événement Micro-Folie Freestyle. Après les avoir validés auprès de la Villette, nous avons pu faire venir des artistes en développement, avec notamment un artiste urbain et un saxophoniste.
Pourquoi avez-vous choisi un musée temporaire ?
Nous nous installons chaque mois dans une salle polyvalente de notre commune. Ce mode de fonctionnement est parfaitement adapté à nos besoins. Nous n’avons pas beaucoup de salles dans la ville, donc il était difficile de mobiliser un espace en permanence. Qui plus est, nous sommes une commune en développement. L’option temporaire nous laisse le temps de voir l’évolution du musée sous ce format avant de basculer vers une installation définitive. Le dispositif Micro-Folie offre beaucoup de flexibilité dans son organisation et son déploiement. Les acteurs du projet sont libres d’opter pour les solutions qui conviennent le mieux aux besoins de leurs villes et leur environnement.