Culture et ruralité : le Théâtre Régional des Pays de la Loire sillonne les villages tout l’été
Par Bertrand Dicale | Le | Médiation
Depuis sa création en 1972, le Théâtre Régional des Pays de la Loire est un acteur majeur de la vie culturelle de sa région. Directeur de la compagnie, Camille de La Guillonnière nous explique comment le TRPL effectue un travail de démocratisation du théâtre en milieu rural grâce à sa tournée des villages des Pays de la Loire.
Pourquoi le Théâtre Régional des Pays de la Loire a-t-il mis en place cette tournée des villages ?
Cette année, nous parcourons les cinq départements des Pays de la Loire en sillonnant trente-huit villages jusqu’au 14 août.
La ville et les milieux urbains sont des centres d’activités, donc il est tout à fait logique d’y trouver de multiples lieux de culture. Cependant en milieu rural, il est difficile d’avoir une scène fixe dans chaque village. Un dispositif mobile est donc la solution idéale pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la vie culturelle. Notre objectif c’est la démocratisation du théâtre en milieu rural, donc nous essayons au maximum de jouer dans des endroits où il y a peu ou pas du tout de théâtre. Si l’habitant ne vient pas au théâtre le théâtre doit venir à lui. Depuis notre création, notre objectif a toujours été de rendre la culture et le théâtre accessible à tous. Nous avons fait de la décentralisation notre cœur de métier et notre activité principale. En milieu rural, notre action est de faire du théâtre un moment de rencontre. Une rencontre entre un art et un public, mais également entre comédiens et spectateurs mais aussi entre les habitants des villages.
Comment se déroule la tournée des villages ?
Elle se tient durant la période estivale. Cela nous permet de jouer dans des lieux en plein air, ce qui favorise la convivialité met le public dans les conditions idéales d’une rencontre. Cette année, nous parcourons les cinq départements des Pays de la Loire en sillonnant trente-huit villages jusqu’au 14 août. La tournée des villages demande une logistique rigoureuse. Chaque jour nous installons notre décor, avec la scène, une librairie ambulante et des chaises pour le public. Nous mettons à disposition des couvertures pour la soirée. Nous avons également une billetterie alternative. Les spectateurs payent le montant de leur choix pour assister au spectacle. C’est un dispositif que nous avons mis en place pour encourager les dons volontaires, toujours dans un esprit de convivialité et d’accessibilité. À la fin du spectacle et après des moments d’échange avec le public, nous retirons l’intégralité du matériel pour le monter à nouveau le lendemain dans un autre village.
Cela est possible grâce au soutien de nos partenaires. Nous travaillons en étroite collaboration avec les élus locaux et les agents municipaux pour mener des actions territoriales efficaces. La réussite de la tournée est possible quand acteurs du monde culturel et responsables politiques partagent la volonté commune de faire de l’art un bien commun pour tous, peu importe le statut social. Pour assurer nos dépenses, nous recevons des subventions de la part des communes dans lesquelles nous nous rendons. Ces aides varient en fonction du nombre d’habitants. Nous sommes également financés par le département du Maine-et-Loire et la DRAC Pays de la Loire.
Comment faites-vous vos choix artistiques ?
Chaque soir, nous avons une affluence de deux à trois cents personnes dans les communes.
Notre volonté est du surprendre le public et de diversifier notre offre. Le spectacle proposé change toujours d’une année à l’autre. Nous voulons mettre fin aux préjugés sur des zones rurales où le public manquerait de culture théâtrale. Les publics ruraux sont très ouverts à la découverte de nouvelles formes et aux pièces qui abordent des sujets de société importants. Cette saison nous allons mettre en scène deux ouvrages incontournables avec L’Avare de Molière et La Vieille Fille d’Honoré de Balzac. C’est une année particulière car ces deux œuvres poussent à une profonde réflexion sur le rapport à l’argent et le fonctionnement de la société autour de cette question.
Comment définiriez-vous le public de la tournée des villages ?
Après ces nombreuses années d’expérience, nous pouvons dire que la tournée des villages bénéficie d’un public fidèle. Chaque soir, nous avons une affluence de deux à trois cents personnes dans les communes. Même en temps de pluie, nous avons toujours eu un public supérieur à cent personnes. Chaque soir de tournée, nous avons l’impression d’assister à la fête du village. Les liens tissés sont renforcés par les moments de convivialité et de débats que nous avons après les représentations. Le pouvoir de la culture c’est d’utiliser l’art pour rassembler une population.