Billetterie : SoTicket propose une solution autonome pour les lieux musicaux - et les autres !
Par Thomas Corlin | Le | Billetterie, data
Avoir la main sur sa billetterie ? C’est l’objectif de SoTicket, plateforme de billetterie montée en SCIC par le réseau musical en 2016, et forte de 80 utilisateurs aujourd’hui. Jenni Ioridan, première salariée de la structure, et François Jonquet, administrateur de la SMAC le Chabada à Angers, détaillent le fonctionnement et le développement de cette solution en économie circulaire.
Quand SoTicket a-t-il été initié ?
Les discussions autour d’une billetterie en économie circulaire ont commencé bien avant que la SCIC SoCoop ne soit montée, en 2016. Beaucoup d’acteurs du secteur souhaitaient reprendre la main sur la gestion de la billetterie et sortir de la logique des entreprises avec lesquelles elles travaillaient jusque là, pour certains d’entre eux. Il s’agissait de remettre l’argent dans l’économie du secteur elle-même, et non dans des structures intermédiaires qui n’avaient finalement pas grand chose à voir avec tout cela.
Le développeur Supersoniks, qui avait mis au point un logiciel pour le Temps Machine (Indre-et-Loire), a remporté l’appel à projets que nous avions lancé. À partir de là, la SCIC s’est montée avec la Fédélima, le SMA, le RIF, sept lieux de musiques actuelles dont le Chabada, et notre partenaire Supersoniks. Le Chabada a d’ailleurs été le premier a être équipé de la solution SoTicket pour sa propre billetterie, son ancien logiciel ayant soudainement planté.
Quelles solutions vos lieux adhérents utilisaient-ils auparavant, et en quoi SoTicket en diffère ?
Beaucoup utilisaient des logiciels d’un ancien monde ou faisaient appel à des opérateurs privés extérieurs qui percevaient une commission sur chaque ticket vendu. Nos lieux n’avaient généralement pas d’autre option pour disposer de technologies dématérialisées.
SoTicket est aux standards actuels en matière de dématérialisation, fonctionne par code d’accès via douchettes, mais rend aux salles et structures leur autonomie. Le prix de vente en billetterie est le véritable prix du billet.
Par ailleurs, l’usage des datas n’appartient plus aux entreprises tierces, et c’est justement ce qui se monnaye. Ici, les datas n’appartiennent qu’aux salles de concert, et sont soumises à la RGPD.
Quel est le modèle économique ?
Les statuts d’une SCIC prohibent tout profit, ainsi seul un pourcentage encadré sur les recettes en billetterie de 2,5 % est prélevé, et fléché vers le développement de la plateforme elle-même. Le minimum annuel prélevé est de 575 € et le maximum de 3 500 €. Un ou deux lieux se situent au seuil de base, un peu plus au plafond, la majorité des lieux se situent entre les deux. Le pourcentage varie selon que la structure soit ou non adhérente d’un réseau partenaire, comme la Fédélima.
Comment souscrire à SoTicket ?
Le contrat d’utilisation se fait entre la structure et SoCoop, il est d’une durée de trois ans, avec reconduction tacite. La structure peut également souscrire à des parts sociales, sans obligation. Une fois le contrat établi, la structure a l’usage illimité du logiciel via une URL dédiée.
Nous souhaitons nous ouvrir à d’autres lieux, ainsi qu’à des festivals.
Combien de lieux sont équipés à ce jour ?
Nous en comptons 80, avec une dizaine de nouveaux arrivants par an. Il s’agit en grande partie des réseaux SMA, RIF et Fédélima, donc de SMAC mais aussi des lieux privés, tels que des clubs de jazz comme le Duc des Lombards (Paris 1e), le Bijou à Toulouse (Haute-Garonne) ou Petit Bain (Paris 13e). Un festival d’arts vivants nous a aussi rejoint, Latitudes Contemporaines (Nord), intéressé par l’indépendance de l’outil.
Nous n’avons jusque-là communiqué que par les réseaux professionnels et le bouche-à-oreille. Nous souhaitons nous ouvrir à d’autres lieux, ainsi qu’à des festivals. Sur le principe, certains sont intéressés, mais déclinent la proposition parce que ne disposons par de la solution cashless - à laquelle nous travaillons.
Quelles autres fonctions sont en développement pour SoTicket ?
La SoCoop a déjà embauché une première salariée au développement de l’outil et de ses adhérents. En termes de fonctionnalités, nous souhaitons résoudre le problème du second marché, souvent soumis à des marchandages obscurs. Nous travaillons à une solution où la revente se ferait à la valeur initiale, en écrasant le code du billet original pour en générer un nouveau, afin d’éviter tout abus ou tout enrichissement sur des concerts à guichet fermé, moyennant néanmoins un petit frais de service.