Festivals : Crossroads Festival à Roubaix (Nord) joue à fond l’après-crise
Par Thomas Corlin | Le | Organisations et réseaux professionnels
Du 7 au 11 septembre à Roubaix (Nord), le Crossroads Festival réunit le réseau français et européen des musiques actuelles pour une rentrée qui devrait marquer la reprise.
Président de l’association organisatrice (la Brigade d’Intervention Culturelle), Patrick De Laguérie décrit une 6e édition aux dimensions réduites, mais néanmoins internationale et focalisée sur l’après-crise.
Alors que la pandémie sévit toujours, les thématiques des rencontres professionnelles du Crossroads Festival éludent pour la plupart le sujet. Est-il l’heure de dédramatiser ?
Notre affiche est assez proche de ce que nous avions imaginé.
Dans mes échanges avec le terrain, l’humeur est à la reprise, ou du moins à l’espoir d’une reprise. Des tournées se réorganisent, l’activité reprend pas à pas, un fort désir de sortie de ce marasme anime le réseau. Il a déjà été amplement question des problématiques directement liées à la crise dans bien des contextes et événements, nous n’avons pas voulu en rajouter. Par ailleurs, la crise est tellement globale qu’elle touche pratiquement toutes les thématiques. Par exemple, la santé mentale des artistes est une préoccupation antérieure à la crise, mais elle constitue désormais une urgence du fait de l’immense précarité et du vide dans lequel elle les a jetés.
Le festival est très porté sur la mobilité des artistes et participe à des programmes avec d’autres pays. La programmation a-t-elle pu être aussi internationale que prévu ?
L’association qui pilote le festival a entre autres été créée pour que les artistes de la région aient accès à une notoriété hors de nos frontières, via des partenariats avec plusieurs pays. Concernant le festival, cette année, sur la trentaine d’artistes sélectionnés, un tiers vient de l’étranger (principalement d’Europe), un autre tiers de France et un dernier tiers de la région. Nous n’avons dû renoncer qu’à un groupe venant du Canada. Ainsi notre affiche est assez proche de ce que nous avions imaginé.
Quel est le format du festival cette année ?
Nous accueillons normalement jusqu’à 2 000 spectateurs dans la salle Watremez, public et pro réunis. Cette année la jauge maximale est à 900, avec un important contingent de places réservées aux pro. Nous avons également dû renoncer à notre configuration spatiale habituelle, dans laquelle deux scènes se font face pour des enchaînements rapides entre groupes. Pour respecter les restrictions en vigueur, il n’y aura qu’une seule scène cette année, et les changements de plateau seront animés par des rediffusions des concerts de notre édition livestreamée de l’an dernier. Il est question de diffuser, comme l’an dernier, les concerts en ligne, mais c’est techniquement assez lourd.
Comment l’association a-t-elle traversé la crise ?
Il est souvent plus complexe et coûteux de faire du livestream que des concerts en public.
Les fonds d’urgence du Centre National de la Musique nous ont permis de nous maintenir économiquement, nous n’avons pas été sérieusement inquiétés de ce côté-là. Nous avons cependant traversé, comme tout le monde, les dilemmes et épreuves logistiques de la crise. Cette édition avait été pensée en ligne en avril, puis elle est redevenue présentielle à partir de juin.
Nous avons aussi appris beaucoup de choses, notamment que le livestream était un métier à part entière et qu’il était souvent plus couteux et lourd techniquement que d’organiser des concerts en public. C’est d’ailleurs un des sujets de nos rencontres.