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Santé : au Pôle santé Bergère, les consultations ont repris mais la prévention reste à la traîne

Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence

Après le constat d’une chute du suivi médical pendant la pandémie, le Pôle santé Bergère (Paris 9e), ouvert peu avant la crise par le groupe de protection sociale Audiens, accueille à nouveau les professionnels de la culture dans ses cabinets de consultation. Le médecin coordinateur Marc Lemaire incite à davantage de prévention dans le secteur.

Le Pôle Bergère dispose d’un département radiologie.  - © Audiens
Le Pôle Bergère dispose d’un département radiologie. - © Audiens

Le niveau des consultations au Pôle santé Bergère est-il revenu à la normale ? 

Il nous est difficile d’en juger puisque le PSB n’a pas connu de période « normale », ayant ouvert peu avant la mise sous cloche du pays, et connu une période de mise à disposition de l’Agence Régionale de Santé (ARS). La fréquentation actuelle de 2 500 personnes par semaine nous permet néanmoins de dire que le secteur de la culture a repris des habitudes en matière de santé et que nous avons retrouvé un rythme d’avant-crise. 

La plateforme Doctolib nous a fourni des chiffres indiquant notre patientèle est une des plus jeunes et actives de la capitale - à l’image de notre corps médical. La grande majorité des rendez-vous sont pris en ligne chez nous, ce qui fait aussi de notre centre un des plus connectés. Ce sont d’abord les actifs travaillant dans le quartier qui prennent majoritairement rendez-vous chez nous. Nous sommes encore en train de trouver l'équilibre sur ce Pôle, et n’excluons pas, à l’avenir, d’en ouvrir d’autres, notamment en régions. 

Une campagne de bilan de santé auprès de certains de vos adhérents pendant la crise avait révélé un abandon préoccupant du suivi des soins et une augmentation des pathologies. Qu’en est-il maintenant que la crise s’atténue ?

Notre dernier bilan date de la semaine dernière et un examen sur trois a révélé une pathologie - mais, cette fois-ci, plus légère à traiter dans la plupart des cas. C’est assez élevé, mais moins alarmant que lors du confinement. Il est encore impossible de dire si cela est lié à la situation pandémique, ou propre au secteur de la culture. Les échos qui nous viennent d’autres structures de santé avec un mode de fonctionnement hybride public-privé, comme l’Hôpital Saint Joseph (Paris 14e), font état de pathologies rares, mais aucune statistique n’a encore émergé. 

Le secteur culturel est peut-être moins prévoyant que d’autres en matière de santé.

Malgré cela, indépendamment de la crise, les consultations au PSB m’ont permis d’observer que le secteur culturel est peut-être moins prévoyant que d’autres en matière de santé. Beaucoup de professionnels de la culture ne consultent que lorsqu’ils ont un symptôme préoccupant, et ne sont pas familiers avec les examens de suivi. Toutes les personnes que nous avons invitées à des bilans de santé spontanés se montraient agréablement surprises mais ne comprenaient pas très bien ce pourquoi elles avaient été convoquées. 

Or, même parmi les techniciens, qui sont les plus exposés à des risques physiques dans leur exercice, nous relevons de nombreuses pathologies (articulaires, rhumatologiques, etc) dont ils avaient connaissance, mais qu’ils n’avaient pas jugées nécessaire de traiter. « Cela fait longtemps que j’ai cette douleur », nous répondent-ils souvent, sans pour autant s’en être inquiétés, alors qu’une prise en charge plus immédiate aurait pu faciliter leur rétablissement. 

Une pédagogie en matière de prévention est-elle alors nécessaire ? 

Probablement, et à tous les niveaux. Le secteur culturel est le plus souvent constitué de petites structures, voire de sociétés unipersonnelles, où les ressources humaines ne sont pas toujours très encadrées. Ainsi le contact avec la médecine du travail est rarement entretenu une fois effectuée la visite réglementaire au moment de l’embauche, ce qui n’arrive pas dans de grandes sociétés industrielles où le département RH veille. 

Pourtant, la crise nous a sensibilisé à la saturation hospitalière, et l’un des moyens de l'éviter est la prévention. Faire un bilan de santé devrait être aussi naturel que de faire un bilan technique pour sa voiture. Cela devrait être davantage pris en compte dans le monde du travail en général, ainsi que dans les assurances. 

La sortie de la pandémie est-elle effective, selon vous ?

C’est impossible à dire, même si, en l'état actuel, la crise hospitalière semble derrière nous. Le virus circule toujours, un nouveau sous-variant s’avère d’ailleurs très contagieux. Les chiffres révèlent aussi que les restaurants ne sont pas des espaces plus contagieux que d’autres (notamment les lieux culturels), nous pouvons donc être contaminés à peu près partout. La situation est moins handicapante depuis que nous sommes autorisés à travailler en étant cas contact, notamment pour le personnel hospitalier qui peut continuer à exercer en présentiel avec un masque FFP2. 

Il était peut-être un peu prématuré d’abandonner toutes les mesures sanitaires aussi rapidement, mais libre à chacun d’en conserver certaines. La crise nous aura peut-être enseigné que les mesures prophylactiques (masque, lavage de main), dont nous rappelons qu’elles nous protègent aussi de bien des infections, relèvent du bon sens et de la citoyenneté.